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Rapport
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Conception mécaniciste des relations humaines, obéissant à des lois, des mécanismes (comme la résistance au changement), décomposables en éléments rationnellement organisables, gérables.
Avoir des rapports n’est pas la même chose qu’avoir une relation.
Rapports au savoir : Normatif - Identitaire (image du soi) - Altérité (Savoirs) - Valeurs (sens)
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Rapport d’évaluation
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Produit à rendre en fin d’étape ou à la fin de l’intervention, chez les intervenants de métier.
Parlé, le plus possible, dans le langage de l’organisation. Permet aussi de former les acteurs en employant discrètement les mots les plus précis possible.
Peut être une restitution orale ou écrite. Savoir à qui précisément il s’adresse : cibler un destinataire. La présentation du rapport ne peut être envisagé comme une simple séance d’information mais se concevoir comme une restitution en profondeur, dans le droit fil de la méthodologie mise en œuvre tout au long de la mission. Une telle restitution favorisera l’appropriation elle sera intégrative (les acteurs s’y reconnaissent) interactive (ouverte au débat, à la réactualisation) formalisante (sous la forme la plus adaptée aux acteurs, à leur culture, à leurs pratiques).
Peut être validé par les gens de terrain, ou co-écrit avec l’accompagné.
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RE
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Terme générique, préfixe emprunté à Edgar Morin pour désigner la ré-orientation c’est-à-dire :
Soit la régularisation : retour à la règle de départ, correction, remédiation.
Soit la régulation : bifurcation, divergence, création de nouveauté.
La cybernétique en reste à la régularisation.
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Recherche
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N’est pas une opération technique, c’est une aventure, dans la durée, et un métier. Est “transgression des connaissances admises, scandale : contestation des dogmes et transgression des savoirs par la mise en doute, la critique, la contestation du sens commun, du bon sens, des théories et des manières de pensée prônées par la majorité ou par les autorités”, parce que remise en question d’un objet de sens commun, un allant de soi, une évidence que la recherche va transformer en objet de recherche.
Il y aurait deux grandes catégories de recherches sur les pratiques sociales : celles qui se donnent pour but d’expliquer et de transformer les pratiques (voir Praxéologie) et d’autres qui veulent les comprendre, comprendre le changement que ces pratiques opèrent, sachant que comprendre pourra influer sur ce changement et nécessiter des explications intermédiaires, provisoires. La différence est que la première catégorie de chercheurs veulent que leur intervention par la recherche transforme et améliore les pratiques, alors que les autres savent qu’il y a des chances pour que l’activité de recherche change le trajet de ces pratiques mais ils ne veulent pas savoir, prévoir, en quel sens, ni surtout comment et tout de suite, ni définitivement. Il ne s’agit pas d’opposer radicalement ceux qui opteraient pour “l’optimalisation des pratiques” et l’application de leurs résultats pour sauver le monde et qui se prennent pour des conseilleurs (souvent d’ailleurs du prince : des décideurs) et puis ceux qui se laveraient les mains de ce qu’ils présenteraient comme l’effet de leur travail sur l’évolution des pratiques, purs esprits occupés à “comprendre”, ce qui reviendrait forcément à spéculer dans du “fondamental”. La question est moins de validité que de crédibilité. C’est un continuum. Savoir que la recherche influe sur le déroulement d’une micro-pratique, celle étudiée (la recherche de terrain est aussi une intervention), est une chose qu’il ne faudrait plus confondre avec l’idée que les résultats de la recherche ne s’appliquent pas comme une grille sur le destin des pratiques. Opter pour l’idée que la recherche nourrit les pratiques plus qu’elle les transforme est une façon de se situer dans ce continuum.
Il existe plusieurs méthodes de recherche, l’expérimentalisme n’est pas la seule.
Il n’empêche que ce continuum se repère à deux attitudes extrêmes en lien avec les paradigmes profanes : l’expertise et son désir de maîtrise de la pratique sociale étudiée sous la forme de préconisations pour davantage d’efficacité, de rendement, d’économie, de rationalisation des pratiques donc de contrôle (voir Praxéologie) et la familiarité de celui qui cherche à comprendre comment dans cette pratique on joue et ce qui s’y joue.
Le caractère scientifique s’attribue à un travail réalisé, à un compte-rendu, que ce soit une étude, une évaluation ou une recherche, par la communauté scientifique et non pas par le réalisateur, ni par le commanditaire du texte-produit, du rapport de l’activité engagée.
Travail qui ne peut se faire que dans une communauté scientifique agréée (un laboratoire). Le chercheur indépendant est une imposture. Les entreprises ne font pas de recherche : voir étude.
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Réduction
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Les risques de réduction qu’encourent ceux qui font de l’humain un simple “facteur” parmi d’autres et n’ont pas compris la relation humaine, ni l’éducation :
la mutilation : nier l’existence de ce qu’on ne peut traiter,
la simplification : découper et tuer disséquer ou disjoindre,
l’unification : s’enfermer dans le maître mot qui rend compte de tout.
On peut ajouter aussi :
le mélange : la fusion des contraires,
la dérive de logique : se laisser emporter et créer toujours et encore du même,
L’arrêt : ignorer – couper - aplatir arrêter les dynamiques multiplier les bilans, les tests et les contrôles ne rend pas compte du processus,
le militantisme épistémologique : la certitude qu’un seul modèle est possible,
la tautologie, le modèle est bon parce qu’il est bon.
Voir complexe.
Et puisque on parle de l’humain :
La suture : refermer des blessures mal soignées, qui suppurent, cacher, nier son expérience, sa souffrance ordinaire.
La sidération : “sorte de paralysie qui ne permet plus à l’imaginaire ainsi réifié d’exercer ses fonctions récapitulatives, projectives et créatrices”.
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Référenciation
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Renvoie à références, ces construits culturels pour un repérage dynamique, évolutif, régulable dans l’agir c’est pourquoi on parlera de “système de références” et non pas de “structure conceptuelle”, comme dans la didactique professionnelle, qui donnerait l’idée de stabilité des invariants réglés pour obtenir une transformation. La référence n’est pas considérée ici comme le renvoi à un réel dont on ne sait pas grand chose, sinon rien mais comme un système d’éléments culturels acquis par le professionnel au hasard de sa formation.
Les références s’inter-influencent en situation dans des configurations qui sont autant de variations possibles d’une matrice disponible appelée “culture de l’acteur”. Si on pense dans la modélisation systémique, on parle alors “d’écologie”…
Processus fondamental dans l’agir d’utilisation de références. La référence est avant tout le renvoi aux textes des autres dans un travail herméneutique inachevable.
Avoir des références, référencer (et non pas se référer), c’est savoir à qui est emprunté le concept et jusqu’où sont pris avec lui les concepts auxquels il est lié. C’est s’étayer à l’autre. C’est s’inscrire dans une culture, une lignée. Ce processus est donc la qualité de l’élan qui pousse à nous étayer à un savoir antérieur, à nous inscrire dans un système de références, dans une communauté, une lignée (voir reliance).
Recouvre :
s’appuyer sur la pensée d’autres auteurs : citer,
utiliser une théorie : emprunter,
privilégier une lecture, un angle de prise de vue sur un objet, pour pouvoir en parler,
(s’im) poser un cadre de pensée : choisir ou s’insérer dans un modèle, un mode de pensée, un registre, un paradigme.
Processus essentiel dans l’accompagnement professionnel.
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Référentialisation
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Démarche qui consiste à mettre au jour des références pertinentes (c’est-à-dire à la fois universelles et particulières) pouvant expliquer et justifier la conception et l’évaluation d’un dispositif éducatif. Procédure pour construire le référent qui servira de grille pour le recueil de données. Consiste à repérer un contexte et à construire, en le fondant sur des données, un corps de références relatif à un objet (ou une situation), un gabarit par rapport auquel pourront être établis des diagnostics, des projets de formations et des évaluations.
Comme mode opératoire, c’est une volonté de référer l’organisation d’un projet éducatif et l’évaluation de ses effets à l’explication des enjeux et des données justifiant les choix envisagés. Elle désigne la mise en place des conditions et des structures ainsi que le choix des procédures. En tant que méthode, elle est spécifique par le fait qu’elle réunit elle-même plusieurs instruments à une seule fin : choisir puis traiter des données utilisables dans l’explication, la conception et l’évaluation de ces dispositifs sur un mode dynamique, c’est-à-dire non arrêté sur des résultats, mais producteur de questionnements permanents.
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Référentiel
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Ensemble normatif par rapport auquel on accepte de conduire son action.
Quand le désir d’exhiber un référentiel est inscrit dans la logique de contrôle, il vise la normalisation des sujets dans un applicationnisme étroit. Ce référentiel conçu dans le contrôle risque d’empêcher les acteurs de problématiser leurs situations de travail en leur faisant croire qu’ils ne rencontreront que des problèmes à résoudre rationnellement. Quand, le référentiel est une base de dialogue, de discussion que l’expérience de chacun doit pouvoir remettre en question, pour former à la problématisation des situations de travail, il permet alors la conceptualisation individuelle et collective des activités professionnelles. Le référentiel est alors, dans une démarche de consultant, un construit par les acteurs concernés. Il vise à permettre à l’acteur de se repérer et de créer en situation de la normativité relative, provisoire, régulable : du repérage dans l’agir. Dans les deux cas, ne peut rendre compte à lui seul de la richesse de l’exercice professionnel : le cœur du métier échappe toujours au référentiel.
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Référentiel d’activités
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Ensemble de compétences et de signes de réussite de ces compétences qui veut décrire l’activité exercée et attendue d’un professionnel qualifié.
Détaillé, parce qu’il met au jour des combinatoires entre les savoirs fondamentaux à acquérir, les gestes clefs et les attitudes correspondantes pour exercer le métier. Est un outil de formation et d’auto-évaluation permanente. Doit être approprié par le professionnel.
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Référentiel de certification
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Ensemble de compétences, de signes de réussite de ces compétences, des tâches d’examen et de seuils d’acceptabilité attendus en fin de formation et qui devraient permettre d’obtenir le diplôme.
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Référentiel de formation
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Ensemble de compétences et de signes de réussite de ces compétences exercées pendant la formation.
Ne peut pas être confondu avec le référentiel d’activité. Toute formation met en scène d’autres compétences que celles exigées dans l’exercice professionnel auquel elle prépare.
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Référentiel métier
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Ensemble succinct de compétences qui veut distinguer le type de missions exercée et attendue d’un professionnel qualifié dans un secteur social défini.
Permet à des recruteurs, d’avoir des informations précises sur les métiers qui existent dans un secteur donné.
Est un outil pour piloter la gestion des emplois, mais aussi pour contrôler et valider des compétences, ou encore d’élaborer et de prescrire des produits et des prestations de formation.
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Réflexivité
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Avoir une “pratique réflexive”. : être un sujet qui autoévalue en permanence sa pratique, sans l’arrêter, au cours de l’acte même, en continu.
Faire un retour réflexif : par exemple, sur la validité, l’efficacité du choix opérationnalisé : se demander si le choix rencontre les intentions de départ, s’il constituera une solution adéquate au problème que l’on cherche à solutionner et les bénéfices escomptés en justifient les coûts analyser son implication : travail du double processus d’implication/distanciation.
Permettre à l’autre d’être réflexif : susciter son cheminement, inciter au retour réflexif, conscientisation de ses méthodologies et de ses investissements.
Installer un écart réflexif à l’autre : “il ne s’agit pas de distance vraie ou exacte mais de distance “a-justée”, c’est-à-dire pensée, questionnée, évaluée et ré-ajustée en permanence au regard du contexte relationnel et institutionnel, du chemin qui se construit et du projet qui se dessine”.
Soutenue par des lectures qui permettent de dire ce qu’on a à dire.
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Registre de pensée
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Catégories héritées. Un formatage culturel.
Modulations de la pensée (métaphore musicale).
Donnent des moyens pour aborder l’agir ainsi que des valeurs professionnelles.
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Registre de pensée humaniste
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Registre de pensée où l’humain est ce qui importe, essentiellement où l’humanitude est une construction fragile, une lutte incessante contre la barbarie, toujours à recommencer, par l’éducation. Où le sujet assume ses liens de dépendance, la reliance aux autres humains, par le développement de plus d’autonomie, de plus de responsabilité, de plus d’esprit critique qui permettent l’émancipation, quête inachevée.
Le respect de l’autre n’y suffit pas : le respect de soi est indispensable dans cette pensée née au XVI° siècle en Europe, avec la redécouverte de l’Antiquité, la Renaissance, qui osa petit à petit secouer le joug de la pensée religieuse pour prôner l’humain comme ce qui importe, essentiellement.
Les poètes de la Pléiade (Du Bellay, Ronsard…) et Erasme, en sont les personnages symboliques l’habeas corpus, les droits de l’Homme, le droit des femmes à disposer de leur corps, la suppression de la peine de mort en sont des manifestations.
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Registre de pensée magique
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Registre de pensée qui nous vient du tréfonds des âges et résiste malgré le mythe du progrès scientifique qui ne l’a pas éradiquée. Est une manifestation appelée hiérophanie (l’irruption du sacré) : “En manifestant le sacré, un objet quelconque devient autre chose, sans cesser d’être lui-même […] une pierre sacrée reste une pierre […] d’un point de vue profane (mais) sa réalité immédiate se transmue en réalité surnaturelle […]. Le sacré est saturé d’être”.
Existent des formes dégradées de la pensée magique telles que les superstitions quotidiennes, l’esthétique new-âge, le syncrétisme l’engouement pour la science-fiction, pour l’étrange, le fantastique et le merveilleux. Sont des symptômes de sa vitalité envers et contre toute l’entreprise scientifique qui a voulu la dénier, la refouler. De même que l’usage systématique, notamment dans la systémique, des métaphores et du “comme si”.
Suppose un monde habité de forces qui peuvent devenir néfastes et qu’il faut apprivoiser par des rituels. On ne peut chasser cette pensée que l’anthropologie avait appelée “sauvage” ou “mentalité archaïque” elle est là. Elle porte au désir de la tradition, du clan, de la tribu, du groupe d’initiés et de la sécurité, comme dans la horde primitive, autour du feu pendant que rôdent, dehors, les bêtes sauvages et les forces maléfiques qu’il faut conjurer. Vivre en sécurité, se préserver, veiller à son bien être, aspirer à un au-delà, à un autre monde caché : la pensée magique, ce n’est pas du n’importe quoi. Elle se donne à voir dans le désir de transcendance, de métaphysique. Il y a une logique dans la pensée magique mais qui n’est pas la logique formelle Ce n’est pas illogique, c’est une autre forme de rationalité.
N’est pas un simple reliquat primitif ou reptilien dont il faudrait avoir honte. On en a besoin, avouons-le et cessons de déguiser ces exercices pour développer la confiance en soi sous des technicités, des “ingénieries”, des théorisations hâtives, d’une scientificité douteuse. Le professionnel y trouve, par la force de la conviction, des étayages que les autres registres de la pensée ne lui donnent pas : une certaine confiance en soi, un certain allant, un certain confort que promet le “développement personnel”. L’utilisation de la PNL, de l’AT, le succès des parapsychologues, la multiplication des protocoles de sécurité et des guides de bonnes pratiques ou, plus individuellement, le choix d’un totem (la reconnaissance intime d›une similitude entre soi et un certain animal dont on s›attribue les caractéristiques), peuvent permettre une forme de réassurance, et peuvent étayer le moi, le conforter, au risque de l’instrumenter. De même, les blasons et les emblèmes, les devises, les allégories, les rites initiatiques, la littérature ésotérique, les marquages identitaires, l’ethnos et l’ethos… Le ridicule en l›affaire est quand on exhibe rationnellement ces jeux de langage : le secret est au moins aussi important que l›investissement symbolique consenti.
L’intérêt de la pensée magique est en fait de se relier “de l’intérieur”, si on peut dire, aux fondements de notre culture en développant le sens du sacré, qu’on ne confondra pas avec le religieux. Ce bénéfice ne demande pas d’aller chercher des civilisations exotiques, des “philosophies” orientalisantes, dans lesquelles l’européen ne peut qu’accumuler les contresens, ni des regroupements communautaristes sectaires, délirants. Les mythes, les contes, les légendes ont laissé chez nous un réservoir d’images et de scénarios aux affects non négligeables. Le symbolique et l’imaginaire sont des dimensions encore trop peu explorées de l’exercice professionnel.
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Registre de pensée par objectifs
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Registre de pensée né de l’art de la guerre, aux Etats Unis, et en garde tout le vocabulaire. Produit une figure guerrière du sujet à la conquête du monde. Une pensée de la mise en espace pour mieux tenir, de la mise en trajectoire pour trouver le plus court chemin et arriver à ses fins.
On s’y cantonne volontiers au comportemental, au visible (en référence au béhaviorisme) et on finit par croire qu’avoir des cibles à atteindre est indispensable pour agir, car elles permettent la mobilisation des énergies (notion de finalisation des conduites). Voir action. Le sujet est dans une logique rationnelle et rationalisante qui privilégie la planification, la conservation du cap, la conformisation aux règles, le contrôle (Voir Dispositif d’évaluation par objectifs).
Est aujourd’hui subi comme une évidence sans histoire, a été naturalisé. Tout et n’importe quoi est appelé “objectif” (voir But). Les procédures systématiques d’aide, d’aplanissement des difficultés, de prévision des problèmes à résoudre tiennent lieu de tactique. Etre efficace, ici, c’est pratiquer par exemple, les “contrats d’objectifs”, avancer sans cesse dans l’amélioration des pratiques, pour la maîtrise des situations.
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Registre de pensée par projets
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Ou pragmatique. Registre de pensée qui fait de l’homme une “totalisation en cours” jamais achevée, un projet en acte, qui donne priorité à l’agir, à “l’empirie”, à la réalisation, à la temporalité. Le sujet est ici conçu comme étant en perpétuelle reconstruction, l’agir le fait plus qu’évoluer, se réorganiser. La dynamique y est toujours privilégiée sur l’état. La pragmatique est la conscience de l’évolution de ses références, dans l’agir professionnel. La pragmatique ne rejette pas la théorie, elle lui donne le statut du “nécessaire”, elle l’utilise comme élément constitutif du système de savoirs de références pour l’Agir et non pas comme dévoilement de la vérité de la pratique.
Une pensée qui consiste à privilégier l’agir sur le jugement, la problématisation sur la résolution de problèmes.
Une pratique praxéologique qui s’est débarrassée de son illusion (ou de son obsession) d’optimalisation des pratiques, de rationalisation des actions. La théorie savante ne peut à elle seule permettre aux acteurs de “tenir” dans la pratique. La pratique déborde toujours la théorie : les théories générales se veulent explicatives et ne permettent pas, à elles seules, de comprendre la praxis, car on y peut toujours rencontrer des éléments qui se contredisent et qui contredisent les postulats d’une théorie explicative. Alors, dans cette praxis, le sujet produit social et producteur agissant sur le social, est une dynamique en perpétuel changement, il peut se rendre plastique dans le pari, le défi et la mise en travail des limites.
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Registre de pensée stratégique
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Registre de pensée du commandement, au mieux de la gestion et du gouvernement façon de présenter l’autorité plus ou moins confondue avec la domination, dans l’illusion de la maîtrise de l’Autre. Où le manager, ce guide, ce pilote inventeur de tableaux de bords, sait mettre à sa main les gens pour leur faire faire ce qu’il a décidé qu’ils feraient. Pour ce chef, meneur d’hommes, il s’agit d’obtenir que les gens ne se trompent pas, qu’ils se contrôlent en permanence et d’occuper une place de choix, par des calculs pris pour des stratégies.
Mais vu du côté de l’agent, la pensée stratégique apporte l’imagerie du théâtre. Elle permet de passer d’une conception du sujet comme agent (exécutant) à l’acteur, c’est-à-dire celui qui interprète avec plus ou moins de talent le texte écrit par un autre. Il ne s’agit pas simplement de faire mieux mais de faire autrement, l’acteur professionnel doit trouver sa façon à lui de jouer son rôle, de gérer sa “zone d’incertitude”, il se réattribue une marge de manœuvre.
Est une pensée au jour le jour qui se présente comme le contraire de la pensée par objectifs, planificatrice à long terme. C’est à la fois sa force, de pouvoir réagir dans l’instant sous forme de scénarios, mais c’est aussi sa limite : la pensée stratégique n’a pas de vision anticipatrice, ce qui a fait dire qu’elle n’a pas de projet mais seulement des programmes dont elle essaie sans fin de rationaliser la cohérence.
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Réification
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Transformation en chose (res).
Fantasme de la maîtrise, du désir d’emprise.
Entreprise du pervers.
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Relation
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Interactions et interinfluences entre personnes, entre acteurs, entre humains (Voir altération).
Provoque du changement.
Ne se maîtrise pas.
Opacités irréductibles, double-sens et contre-sens toujours possibles.
Dans le paradigme biologiste.
Contraire de rapport.
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Relation d’amour
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Déviation de la relation éducative où domine l’affectif.
Rapt, captation de l’autre en l’installant dans la dette. Prélèvement d’un impôt affectif sur l’autre.
Se donne à voir sous les aspects de la générosité mais crée du lier, de la dépendance.
Va de pair souvent avec la relation d’aide.
“Lorsqu’on fait de la relation professionnelle une affaire de dévouement et d’amour réciproque, on ne tolère pas l’émergence d’une différence l’autre est mis en demeure de ne témoigner que son amour”.
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Relation d’aide
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Générique pour désigner les relations connexes à la relation éducative et qui sont trop souvent confondues ou mélangées avec elle. Comme, entre autres, la relation thérapeutique qui veut obtenir un mieux-être soit en guérissant (le curatif), soit en obtenant par un traitement un aller-mieux (soulager) en éradiquant les symptômes. Ou comme la relation de développement personnel qui commence par convaincre l’autre qu’il doit corriger ses comportements pour devenir sain, authentique et le lance dans une quête illusoire de l’harmonie de la personne, de la cohérence à tout prix. Suppléer à l’incapacité de l’autre.
Pratique thérapeutique.
Référence majeure, figure emblématique : Carl Rogers.
Le terme tend à recouvrir toute relation à l’autre, dans le langage ordinaire.
Se fait passer pour entièrement bonne, généreuse, tournée vers le bien de l’autre et dissimule l’intéressement inéluctable. “C’est bien à dévoiler les dessous de l’aide que l’on peut libérer la relation à l’autre de ses scories destructrices”.
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Relation éducative
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Situation d’interactions entre sujets où se transmettent des savoirs (l’instruction) et où se travaille l’appropriation de ces savoirs (l’évolution ou le développement), créant ainsi du changement.
Deux rôles s’y jouent : l’éducateur et l’éduqué. L’un est garant de tout faire pour que l’autre change, sans jamais être certain que cela fonctionnera l’autre est là, en principe, pour changer. Les deux apprennent, mais pas la même chose. Relation toujours dissymétrique.
L’intervenant en organisation est une figure de l’éducateur. L’expert est davantage dans l’instruction que le consultant. Voir intervention.
A côté des situations éducatives institutionnalisées comme dans le scolaire ou la formation continue, existent des situations plus impromptues dans le cadre du travail. Voir intervention éducative.
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Relation orthopédique
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Faire aller droit.
Déviation de la relation éducative où domine le normatif.
Pratique de correction de l’autre pour lui donner la bonne pratique, pour le faire aller dans le bon sens (voir tutorat).
Peut aller jusqu’à la restauration, la réparation de l’autre qui est mal formé, dans une pratique carrément curative et thérapeutique.
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Relationnel
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Comme nom, sert communément à désigner la “bonne communication”, la facilité à entrer en contact avec les autres. L’impératif étant “d’être communiquant”.
Le développement personnel fait croire qu’il s’agit d’acquérir des techniques pour y arriver.
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Reliance
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J’existe parce que je suis relié aux autres.
Le sujet travaille à assumer ses liens de dépendance, la liaison aux autres humains.
On ne pense qu’à partir de la pensée des autres.
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Relier
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Mettre en liaison : plaisir de comprendre, de faire sens.
N’est pas lier à nouveau, n’est pas refaire un lien mais créer un lien nouveau, autre. Est un travail : l’alliance entre humains pour l’humanitude dont dépend l’avenir de l’Homme.
Dans le monde du symbolique.
Liaison conjoncturelle, éphémère, pour le temps qu’il faudra. On est dans et pour le changement, l’imprévu, la surprise.
Se relier aux autres : on est connectés, en lien dans un réseau, sur le modèle du réseau neuronal : des connections se font et se défont au fur et à mesure que le pourquoi nous sommes ensembles le nécessite. On est partenaires.
Dans une logique non pas de partage ni d’égalitarisme mais d’équité, ce qui suppose l’acceptation de la différence.
Relier permet d’accompagner : d’être avec, d’aller de concert, de faire route ensemble, d’être en compagnie de.
Trop souvent confondu avec “faire du lien”.
Contraire de Lier.
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Remaniements
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En psychanalyse, on appelle travail l’ensemble des opérations menées par le psychisme dans ces différents remaniements : mise en travail des forces de répétition qui nous engluent, métabolisation de la souffrance et de l’angoisse, travail de régulation et de mise à distance. Entendre sa subjectivité aux prises avec elle de l’autre. Bricolage, déplacements, réajustements, arrangements.
“C’est à l’endroit même de ses replis que se trouve chez le sujet ou le groupe la promesse d’un certain remaniement”.
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Repérage
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Le repérage, c’est avoir un ensemble de points de repères, ou se les donner par un travail spécifique, ou les reconnaître comme siens donc tout dépend comment on les vit :
1. C’est soit avoir une cartographie : les repères sont objectifs, externes et vrais, précis, codés, ils servent à s’orienter dans l’action et résoudre des problèmes. C’est superposer la carte au territoire peut alors devenir un balisage dans le contrôle (la pratique est un espace contrôlé avec des frontières) et n’être qu’une entreprise de conformisation, d’adaptation aux bonnes pratiques. C’est ainsi qu’on établit une ville : en quadrillant l’espace au cordeau pour affecter des fonctions par quartier. C’est entrer dans le réel, là où les choses sont, par elles-mêmes.
2. C’est soit lire dans les étoiles : les repères ne donnent pas la bonne route, ils servent à s’orienter par l’action en situation et à problématiser des enjeux. C’est devoir à chaque situation recalculer sa route en se situant par rapport aux étoiles (elles-mêmes en mouvement), autrement dit, par rapport à l’autre qui est là et qui change. C’est entrer dans l’imaginaire, là où les choses font sens, comme par elles-mêmes.
3. C’est aussi se donner un ancrage, c’est-à-dire s’inventer des fondements dans sa propre histoire : se raconter une histoire, se donner une fiction pour habiter son projet, trouver ses aises, fonder une praxis. Trouver le lieu propice, et pour cela accomplir des rituels, entrer dans le symbolique, là où les choses signifient : comme on fonde une ville.
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Représentation
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Imagerie sociale ou personnelle qu’on se donne, y compris sans le savoir, pour avoir accès au monde.
Représentation sociale : savoir de sens commun, forme de pensée sociale, construction d’une réalité collective propre à un groupe social qui devient un moyen d’orienter la perception et d’élaborer des réponses par décontextualisation des éléments d’une théorie et formation d’un noyau figuratif stable pour rendre familier ce qui est étrange (ancrage par les mécanismes de catégorisation, d’étiquetage et d’explication causale).
Représentation psychique : mise en résonance des images produites dans la dynamique de la vie collective. Résultat fluctuant et contradictoire d’une activité de prise sur le réel surdéterminée par des mythes et des fantasmes inconscients et par les conditions concrètes socio-économiques dans lesquelles elle se développe. L’analyse des représentations informe autant sur les sujets que sur les objets qu’il construit. Ne constituent pas un reflet du réel mais un discours porteur de significations qui traduit une vision du groupe ou de l’organisation permettant à ses membres de s’y reconnaître. Un étayage à la fois individuel et social. Images mentales ayant une fonction de liaison pour les affects, participent des mécanismes de défense et permettent la réalisation des désirs.
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Résolution de problèmes
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Technique rationnelle pour construire des problèmes solubles.
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Rôle
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Jeu social plus ou moins prédéterminé, normé.
Ex : être intervenant c’est un rôle, à l’intérieur de ce rôle existent différentes postures.