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De l’âme. Sept lettres à une amie

TitreDe l’âme. Sept lettres à une amie
Publication TypeBook
Année2016
AuthorsCheng, F
PublisherAlbin Michel
Mots-clésâme, corps, esprit, psyché, Souffle primordial
Full Text

Devant cette avalanche de notions ou concepts (sur l’âme), le quidam moderne se sent perdu. L’unité de son être est rompue. Il le perçoit comme un ramassis d’éléments disparates arbitrairement collés les uns aux autres, une figure fragmentée, bardée de références qui ne renvoient pas à une unité personnelle. S’il ose se mettre devant un miroir, face à son image divisée, il ne sait plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer. Véritable portrait à la Picasso ou à la Bacon ! Bref, il est réduit à un misérable petit tas de secrets, comme disait André Malraux, et il ne sait plus comment faire de ce tas un tout, selon l’expression de Régis Debray. Il a tendance à faire appel à des marchands de bonheur et des chirurgiens visagistes pour lui venir en aide, pour lui refaire une figure apparemment cohérente selon un canon fixé par on ne sait quel arbitre social. Figure d’emprunt à laquelle il manque peut-être justement un élément, essentiel celui-là : l’âme.

Citations

pp. 12-13 - Unité de l’être

  • “Pour désigner la réalité que le mot âme avait charge de recouvrir, on a recours à une série de termes toujours plus nombreux et mal définis qui saturent notre univers mental. On nous parle du monde intérieur, de l’espace intérieur ou, plus banalement, du for intérieur. On nous entretient du champ, de la profondeur et, dans des cas particulièrement dramatiques, du gouffre, de l’abîme. Plus poétique, on userait d’expressions telles que paysage intime, jardin secret… Plus théorique, on partirait de l’idée de psyché pour avancer la notion d’appareil psychique, de centre d’identité. Du côté plus spécifique de la psychanalyse nous vient un riche vocabulaire qui tente de cerner les aspects à la fois imbriqués et éclatés de notre être intime… […]”
  • “Devant cette avalanche de notions ou concepts (sur l’âme), le quidam moderne se sent perdu. L’unité de son être est rompue. Il le perçoit comme un ramassis d’éléments disparates arbitrairement collés les uns aux autres, une figure fragmentée, bardée de références qui ne renvoient pas à une unité personnelle. S’il ose se mettre devant un miroir, face à son image divisée, il ne sait plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer. Véritable portrait à la Picasso ou à la Bacon ! Bref, il est réduit à un misérable petit tas de secrets, comme disait André Malraux, et il ne sait plus comment faire de ce tas un tout, selon l’expression de Régis Debray. Il a tendance à faire appel à des marchands de bonheur et des chirurgiens visagistes pour lui venir en aide, pour lui refaire une figure apparemment cohérente selon un canon fixé par on ne sait quel arbitre social. Figure d’emprunt à laquelle il manque peut-être justement un élément, essentiel celui-là : l’âme.”

p. 19 - L’éternel désirant ou désir-souhait

  • L’élan vers une possibilité d’être plus élevé

p. 29 - Le désir d’être & Désir initial

  • “…au-dessus du niveau instinctif du vouloir-vivre se vit chez les humains un vouloir plus élevé, le désir d’être (vouloir-être) qui les incite à rejoindre le Désir initial grâce auquel l’univers est advenu. Ce désir d’être se nourrit de tout ce qui fait le fondement de notre aspiration : l’irrépressible besoin de sensations, d’émotions, de réceptions, de donations et de communion - qu’en réalité un seul mot est capable d’englober : amour - qui a le don de nous entraîner dans un processus de transformation et de transfiguration.”

pp. 34-35 - Cohabitation avec la mort et ses deux attitudes

  • “… de la constante cohabitation avec la mort ne peuvent résulter que deux attitudes, soit un pessimisme absolu, soit un désir tout aussi absolu de tendre vers l’au-delà, vers un Ouvert ou ce désir rejoint le Désir initial qui du Rien à fait advenir le Tout.”
    • (cf. pp. 116-117 - la mort et son paradoxe)

p 41 & 54 - Les dualités

  • Dualité contemporaine du corps (body) et de l’esprit (mind confondu avec l’âme)
  • Dualité mystique de l’esprit (mind) et de l’âme (soul + spirit)
    • L’esprit raisonne quand l’âme résonne
  • Dualités mystiques identiques :
    • Yang/Ying - le masculin est esprit quand le féminin est âme
    • communication/communion - approches analytique & synthétique
  • L’âme humaine est animée par le Souffle primordial qui comporte deux instances ou les deux faces de l’âme (Soul/Spirit)
    • Terrestre ou soul : “Po” en chinois
    • Céleste ou spirit : “hun” en chinois

p. 48 - Âme & Art

  • “La poésie est une fonction de l’âme et non pas de l’esprit”

p. 50 - Hildegarde de Bingen

  • “Le corps est le chantier de l’âme où l’esprit vient faire ses gammes”.

p. 94 - Origine de la pensée

  • “Si nous pouvons penser l’univers, c’est que l’univers pense en nous.”

pp. 94-95 - Bonté = beauté de l’âme

  • “À côté de la beauté du corps, il y a bien une beauté de l’âme. Celle-ci a pour nom bonté, laquelle, de fait, possède l’essence de la vraie beauté. La beauté du corps ne dur pas […] La bonté, si elle est authentique, n’est pas limitée par le temps, elle est d’une beauté sans mélange.”

p. 105 - La finalité n’a pas de fin, c’est le processus lui-même

  • “Le vrai accomplissement de notre désir est contenu dans notre désir lui-même.”

p. 114 - Processus créateur

  • “… la création artistique en général obéit au même processus : les œuvres d’art sont les figures parlantes de l’univers sensible intériorisées par une âme humaine et recréées par elle au moyen de l’esprit. […] L’âme n’aura de cesse de résonner avec un champ plus vaste que soi.”

pp. 116-117 - la mort et son paradoxe

  • “Si la mort creuse un immense champ de désolation, elle ouvre en même temps une immense aire de communion […] communion sans limite et sans fin, la mort s’est dissoute, abolie.”

p. 131 - Ame, le terreau de l’esprit

  • “À côté de l’âme, l’esprit, en tant qu’instrument de connaissance, est d’une importance capitale ; il est cependant au service de l’âme qui est le terreau natif et irréductible de chaque être.”

p. 144 - Se savoir être de l’esprit et se sentir être de l’âme

  • En premier nous nous sentons être (Souffle primordial + âme), puis nous nous savons être (savoir + esprit) :
  • “Plus que dans le savoir, la vérité réside dans l’être.”

p. 151 - La vie est désir : ce qui est né va immanquablement mourir

  • “La vraie vie n’est pas seulement ce qui a été donné comme existence ; elle est dans le désir même de vie, dans l’élan même de la vie (désir-souhait). Ce désir et cet élan étaient présents au premier jour de l’univers. Au niveau de chaque être cependant, ils sont fondés sur ce que son âme […] aura préservé de sensations éprouvées, d’émotions vécues, d’inlassable aspirations à un au-delà de soi, de soifs et de faim aussi infinies que le besoin sans borne d’amour et de tendresse.”

p. 153 - Tao : Laozi le père du Taoïsme

  • “L’Homme procédé de la Terre, la Terre procède du Ciel, le Ciel du Tao, et le Tao de lui-même.” (livre de la Voie et de sa Vertu).
  • Des analogies
    • TAO
      • Tao > Ciel > Terre > Homme
    • Mystique
      • Absolue > Ame Spirit > Ame Soul > Esprit ou Mind > Corps et matière
    • Quantique
      • Ordre super implié > Ordre implié du TOUT > Liaison du sens > Ordre déplié

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