Pulsions et destins des pulsions (ed 2013)

A - Notes

• A remarquer :
  • les deux premiers destins sont disponibles vers 8-30 mois du mythe de Narcisse de la défusion
  • les deux dernières ne sont disponibles qu'après et vers 3-7 ans du mythe d'Œdipe avec la présence du tiers

1. Quatre destins des pulsions de Freud
   • Renversement de but ou de contenu
   • Retournement contre soi
   • Refoulement
   • Sublimation
2. Le renversement  DE BUT ou de CONTENU dans son contraire
   • 1 - Renversement de BUT ou d’activité d’une pulsion : Actif > Passif ou Agir / Pâtir
     • Tourmenté / Être tourmenté
     • Sadisme / Masochisme
     • Voyeurisme / Exhibitionnisme
   • 2 - Renversement de CONTENU
     • Amour / Haine
3.  Le retournement D’OBJET contre sa personne  
   • Changement OBJET sans changer de BUT
     • Masochisme est un sadisme tourné contre le Moi
     • Exhibitionnisme intègre l’observation de son corps
4. Double retournement du narcissisme
   • Double retournement d’André Green (Narcissisme de vie & narcissisme de mort)
     • Retournement sur sa personne propre (Altérité/Moïque)
     • Renversement en son contraire (Sexualisé/Desexualisé)
   • 1 - Changement d’objet
     • libido d’objet en libido narcissique
     • ou investissements (Objet/Moïque) ou (Objectivité/Subjectivité)
     • ou narcissisme primaire et narcissisme secondaire
   • 2 - Changement de contenu
     • Amour de l’autre / Amour de Soi
     • Sexualisé l’autre objet de jouissance / Desexualisé symbolisation du manque
5.   Double retournement de la tragédie en Grèce ancienne (Vernant & Vidal-Naquet)
   • Le double retournement d'une situation est le principe même d'une tragédie. Lorsque qu'Œdipe trouve la réponse à l'énigme de l'oracle alors…
     • Œdipe l'enquéteur devient Œdipe le coupable
     • Œdipe-Roi devient Œdipe destitué et mendiant suivant les versions

B - Orientations de la pulsion

• La pulsion n’a pas de sexe, elle est neutre puis s’oriente… La pulsion est dans un premier temps neutre, ni positive dans le sens croissance (vie), ni négative dans le sens régressive ou destruction (mort), sans valeurs ni choix, elle est sans complément qualificatif de direction. Elle a son origine dans la rencontre et la relation d’une motion interne stimulée par la rencontre et la relation entre un corps et son environnement. Elle peut aussi trouver son orientation vers un but et un objet sans passé par les phases de l’émotion, du sentiment et du conflit psychique (Conditionnements répondant de Pavloff, 1900 et opérant de Skynner, 1940). Nous questionnons l’idée de pulsions purement à caractère sexuel et ainsi d’une théorie sexuelle infantile univoque dû aux seuls zones érogènes. Nous propoons de parler de la pulsion cheminant et s’exprimant via le media investi conditionné par les stades de développement de la psychogénèse. Afin de développer ce raisonnement, je propose de poser un cadre de réflexion afin d’éviter certaines ambiguïtés récurrentes entre ressentis, sensation, émotions et sentiments que je rencontre parsemées dans les écrits. Il me semble intéressant de se demander à quel moment de son développement l’enfant dissocie-t-il ces perceptions et leurs interprétations.
   
• Cheminement de la pulsion
  • Perception corporelle
    • Motion (interne) > provoqué par une rencontre stimulatrice (Organisme/Environnement)
      • Ressentis > résultante corporelle (Repos/Excité)
    • Pulsion primitive > source et poussé issue de cette motion et de cette sensation
      • Sensation > résultante corporelle (Agréable/Désagréable) comme le chaud et le froid
  • Conscientisation (Représentation/Affect)
    • Pulsion orientée > but et objet > Sein, la mère, sexuel, autoconservation, etc…
      • Émotion > qualificatif élaboré par la mémoire corporelle (Plaisir/Déplaisir), (Bon/Mauvais)
      • Sentiment > interprétation de cette expérience de la contradiction entre (Amour/Haine)
    • Conflit dynamique psychique > entre (Appétence/Aversion)
  • Attitudes des tiers médiateurs > entre indifférence, agressivité et bienveillance
  • Attitude du sujet autorégulé > choix d’un tiers-médiateur-régulateur entre (Ouverture/Repli)
     

1. Pulsion et trois orientations [ Inertie / Vie / Mort ].
   Nous sommes régit par nos pulsions du Ça qui prennent une orientation :
   • Atonique (Inertie) > Retour état neutre au repos du zéro
   • Tonique (Vie/Mort) > Stimulation
     • Tonique progressive (vie) > Épistémophilie - Sexuelle - Auto-conservation…
     • Tonique régressive (mort) > Agressivité, Destruction, Emprise…
2. Narcissismes Primaire (+ / —) & Secondaire
   Ces orientations ont comme chef d’orchestre le Moi du sujet et elles témoignent des investissements de sa libido (Objet/Moi) :
   • Narcissisme primaire d’objet
     est une quête de l’approche synthétique (féminin d’Andréas-Salomé) de la fusion, unification, rassemblement…
     de la relation de couplage (Alter + Ego) de l’unité du Deux = (Autre + Un).
     • Narcissisme primaire positif ou de vie,
       il occupe l’espace du Moi par ses désirs réalisant un “Moi-plein”.
     • Narcissisme primaire négatif ou de mort,
       il laisse l’appartement vide de désir, le non-désir où la satisfaction est d’être hors de toutes satisfactions par abnégation : “Moi-vide”.
   • Narcissique secondaire du Moi est une quête de l’approche (Masculin d’Andréas-Salomé) analytique de la séparation, différenciation, classification… d’un rapport de découplage (Alter/Ego) de la dissociation (Autre ≠ Un)
3. Principes ( Physiologique : sensations - Corporelle : émotions - Psychique : sentiments )
   Ils permettent la régulation des pulsions et du narcissisme via des valeurs :
   • Principes d’inertie ou du nirvana du retour à zéro, au neutre
   • Principes de plaisir,
   • Principe de réalité
   • Principe de constance
4. Orientations de la pulsion et principes
   • Pulsion d’orientation atonique & principe primaire
     • La pulsions atonique nommée à tord pulsion de mort à pour visée le repos ou retour au calme. L’atonique a pour but une baisse à zéro, au neutre de la pulsion partielle, d’un état de repos tributaire du principe primaire d’inertie ou du nirvana. C’est une quête de l’état anorganique du Tout et de la fusion. L’atonique exprime aussi les stratégies d’évitement des conflits inhérent aux ambivalences élaboratrices du narcissisme secondaire. Par déni des ambivalences, il en résulte la dominance du narcissisme primaire d’objet dans un idéal de la fusion, par fuite dans l’imaginaire et par suridéalisation d’archétypes et d’imagos : “Héros, Sur-homme, Figures icônes, conjoint extraordinaire…”
   • Pulsion d’orientation tonique & principes secondaires
     • Le tonique a pour but la stimulation des investissements de la libido (Objectaux/Narcissiques) des principes secondaires de plaisir, d’auto conservation du Moi, et de réalité. Il existe une ambivalence interne à ces pulsions toniques organiques
       • Pulsions toniques progressives nommées pulsions de vie : visée création
         • Pulsion désexualisée épistémophilique (besoin de savoir)
         • Pulsion sexuelle (plaisir et jouissance)
         • Pulsion du Moi (auto conservation)
       • Pulsions toniques régressives nommées pulsions de mort : visée destruction
         • Pulsion d’agressivité (autre)
         • Pulsion de destruction (Soi et/ou autre)
         • Pulsion d’emprise (angoisse du morcellement)

C - Controverses sur la pulsion épistémophilique

• Les trois intrigues de la pulsion à orientation épistémophilique
  • ORIGINE > Objet épistémique du lieu d’origine (mère comme contenant)
  • FIGURES > Objet épistémique de l’attachement (Familier/Caché)
  • SEXUALITÉ > Objet épistémique de la scène primitive (Mère-femme/Père-homme)
• Les trois enjeux clés de la pulsion à orientation épistémophilique
  • INTERDIT DE L’INCESTE > comme loi symbolique (de tous). Ce qui restera à jamais pour l’enfant une énigmes ou caché (Familier/Caché)
  • ŒIDIPE > comme jugement des tiers ou paires. L’interdit est représenté par des figures investies de cette autorité. La mère reconnait le père comme objet de son désir de “femme”, et donne ainsi place à l’autre, souvent son “homme”, d’être le représentant du tiers via sa place de père.
  • CASTRATION > comme punition. C’est la résultante (Puissance/Impuissance) du sujet qui est enjeu, sa place au sein de la filiation
     
• Freud(1) est ambiguë. D’un côté, il exprime que celle-ci est “le rejeton sublimé de la pulsion d’emprise”(2) comme pulsion d’emprise sublimée où “la pulsion de savoir ne peut être comptée au nombre des composantes pulsionnelles élémentaires ni subordonnée exclusivement à la sexualité. Son action correspond d’une part à un aspect sublimé de l’emprise, et, d’autre part, elle travaille avec l’énergie du plaisir scopique.”. Dans un autre ouvrage que “la pulsion de savoir donne souvent l’impression de pouvoir se substituer au sadisme dans le mécanisme de la névrose obsessionnelle. Elle n’est au fond qu’un rejeton sublimé, intellectualisé de la pulsion d’emprise.”(3). Et de l’autre, il écrit que l’épistémophilie est la pulsion du chercheur “… ainsi, conformément à l’histoire de l’éveil de cette pulsion, le premier problème qui le préoccupe n’est-il pas la question de la différence des sexes mais l’énigme : d’où viennent les enfants ?”. D’un côté, c’est une pulsion sous le primat du génital comme pulsion de mort de l’emprise sublimée. Et de l’autre nous avons l’interprétation d’une pulsion épistémophilique où la tension est dû à une énigme (Familier/Caché). Afin de nous départager :
  • Le désir d’emprise ou désir DU savoir se constitue à partir de l’activité musculaire dans une visée de maîtrise et de contrôle de l’objet élu.
  • Le désir épistémophilique ou désir DE savoir se constitue à partir de l’activité psychique dans une visée d’élucidation du mystère.
     
•  Deux personnes lèvent cette ambiguïté. Dans le travail d’étude du rapport aux savoirs de Charlot à tendance lacanienne et Beillerot inspiré par Freud, “toute étude qui prendra le rapport au savoir comme question centrale ne pourra pas s’affranchir du soubassement psychanalytique, […] car il n’y a de sens que du désir.”(4). Beillerot dissocie deux formes du désir, le désir DE savoir de la pulsion orientée épistémophilique comme agir ou processus (praxis) et le désir DU savoir de la pulsion orientée emprise de l’objet (poïesis) comme produit à maîtriser :
  • Le désir DE savoir comme pulsion à orientation épistémophilique
    Pour Beillerot, le désir est la porte de l’émancipation des besoins de la jouissance : “Le désir DE savoir se développe pour faire face à la frustration provoquée par l’absence de l’objet, partiel puis total. Le désir DE savoir est à la fois une sorte de compensation, sur fond de manque et de deuil, et une source inépuisable, renouvelable en permanence, qui en fait un désir puissamment constructeur et civilisateur ; c’est là que gît l’ambivalence de ce désir. On pourrait dire que la séparation devient source du désir de savoir. À la rupture du lien qu’impose la séparation, se substitue un lien symbolique : religion ou savoir en sont les témoins historiques. Enfin, le savoir sur l’objet est le leurre de l’objet ; c’est pourquoi tout se jouera à s’affranchir de la dépendance primaire.” (4)
     
  • Le désir DU savoir comme pulsion à orientation d’emprise (Mort)
    Quand l’action comme processus (praxis) du désir DE savoir devient objet comme produit (poïesis) du désir DU savoir, c’est la position du savoir qu’il faut analyser. Les questions ne manquent pas : “A-t-on enfin remarqué qu’il s’agit bien du désir DE savoir et non DU désir du savoir ? C’est le verbe, l’action, qui est là indiqué, et non son objet.” (4) Ainsi, je me permet de hiérarchiser les pulsions suivant trois axes. L’axe pansexualiste de Freud et l’axe apposé du (C+) de Bion, Klein et Lacan. Pulsion de vie et de mort sont à relier à cette première sexualisée, quand à la pulsion orientée épistémophilique non sexualisée du désir DE savoir au second axe. 
     
• Paul Marciano
  • “Nous savons en effet, […] que l’activité épistémophilique est de manière très significative le résultat sublimé de l’excitation sexuelle du fait même de la capacité métonymique désormais acquise par un enfant. La pulsion à Connaître est, […] l’expression métaphoro – métonymique réussie d’autres types de pulsions.”

 
1 - Freud, S. (1905). Trois essais sur la théorie de la sexualité. Gallimard
2 - Mijolla-Mellor, S. (2012). La sublimation. PUF
3 - Freud, S. (1913) La disposition à la névrose obsessionnelle : Névrose, psychose et perversion. P.U.F p. 194
4 - Beillerot J, and all (1996) Pour une clinique du rapport au savoir. L'Harmattan. 1996 p 73
5 - Marciano, P. (2010). L’accession de l’enfant à la connaissance. l’Harmattan. pp. 152-153