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Le miroir des âmes simples et anéanties (et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour)

TitreLe miroir des âmes simples et anéanties (et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour)
Publication TypeBook
Année2011
AuthorsPorete, M
PublisherAlbin Michel
ISBN Number2226221573
Résumé — Citations

XIIIe Siècle - Marguerite Porete - Béguine

Full Text
  • XIIIe Siècle - Marguerite Porete - Béguine
    Ce passage n’est pas sans m’évoquer, six siècles après la béguine Marguerite Porete, la réflexion de Friedrich Nietzsche sur la chute des idoles ou encore “au-delà du bien et du mal”.

Vertus, je prends congé de vous pour toujours : j’en aurai le cœur plus libre et plus gai, votre service est trop constant, je le sais. J’ai mis un temps mon cœur en vous, sans rien me réserver ; vous savez que j’étais à vous, toute entière abandonnée : j’étais alors votre esclave, j’en suis maintenant délivrée. J’avais mis en vous tout mon cœur, je le sais : j’en ai vécu un certain temps, en grand émoi. J’en ai souffert maintes graves tourments, maintes peines endurées ; merveille et que, absolument, j’en sois vive échappée. Mais s’il en est ainsi, peu m’en chaut : de vous, je suis sevré, ce dont je remercie le dieu d’en haut ; voilà une belle journée ! J’ai quitté votre prison, où j’étais en maint ennui. Jamais je ne fus libre, que séparer de vous ; votre prison ai-je quitté : en paix suis-je demeurée.

Ce passage n’est pas sans m’évoquer, six siècles après la béguine Marguerite Porete, la réflexion de Friedrich Nietzsche sur la chute des idoles ou encore “au-delà du bien et du mal”.

  • Chapitre six. Comment l’âme amoureuse de Dieu, vivant en paix de charité, prend congé des vertus.
    • Amour :
      • “L’âme dont l’amour et de cette qualité, peut dire aux vertus qu’elle a été longtemps et par maintes journées en leur servitude.”
    • L’âme :
      • “Je vous le confesse, sire amour : il fut un temps où j’y étais, mais il en est maintenant un autre ; votre convoitise ma mise hors de leur servitude, et c’est pourquoi je puis bien maintenant leur dire et leur chanter ceci :
        • Vertus, je prends congé de vous pour toujours : j’en aurai le cœur plus libre et plus gai, votre service est trop constant, je le sais. J’ai mis un temps mon cœur en vous, sans rien me réserver ; vous savez que j’étais à vous, toute entière abandonnée : j’étais alors votre esclave, j’en suis maintenant délivrée. J’avais mis en vous tout mon cœur, je le sais : j’en ai vécu un certain temps, en grand émoi. J’en ai souffert maintes graves tourments, maintes peines endurées ; merveille et que, absolument, j’en sois vive échappée. Mais s’il en est ainsi, peu m’en chaut : de vous, je suis sevré, ce dont je remercie le dieu d’en haut ; voilà une belle journée ! J’ai quitté votre prison, où j’étais en maint ennui. Jamais je ne fus libre, que séparer de vous ; votre prison ai-je quitté : en paix suis-je demeurée.” (Porete, M. 2011, pp. 56-57)

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