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Lire les mythes pour guérir la peur d'apprendre. La motivation.

TitreLire les mythes pour guérir la peur d'apprendre. La motivation.
Publication TypeBook
Année1992
AuthorsBoimare, S
PublisherCahier Pédagogiques N°300 - http://www.cahiers-pedagogiques.com/Lire-les-mythes-pour-guerir-la-peur-d-apprendre
Cityhttp://webjonction.fr/article/node/63
URLhttp://www.cahiers-pedagogiques.com/Lire-les-mythes-pour-guerir-la-peur-d-apprendre
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Pourquoi apprendre et penser sont-ils mis en touche chez certains enfants (Adultes aussi) au bénéfice du prêt à savoir à consommer sur le net ? Pourquoi paralysent-ils leur fonctionnement mental critique ? Pour Serge Boimare, ces conduites d’évitement de la pensée témoignent chez l’enfant d’une déstabilisation, d’une peur, d’angoisse… Le flottement, le doute, l’incertitude provoqués par ces temps de réflexion de l’apprendre sont vécus "comme un vide, comme une brèche, parce que le doute et le manque qu’ils y rencontrent sont trop forts pour stimuler l’activité de penser.

  • En quoi consiste la peur d'apprendre ?
    •  Ces enfants ont peur d'apprendre. Ils ont peur d'apprendre car ils n'ont pas les compétences psychiques requises pour supporter les contraintes de l'apprentissage. N'oublions jamais que pour apprendre, il faut être capable de reconnaître et d'admettre ces manques, il faut savoir attendre, il faut respecter des règles, il faut pouvoir supporter un moment de solitude. Cela fait beaucoup pour ceux qui sont arrivés à l'école sans avoir été initiés à la frustration ou à l'autonomie au cours de leur première expérience éducative.
      • Les idées de toute-puissance, d'immédiateté ou de refus des limites, sur lesquels s'est installé leur équilibre psychique, vacille brutalement. La demande de fonctionnement intellectuel provoque alors une remise en cause excessive et est vécu comme un danger.
  • Quelles conséquences sur l'apprentissage ?
    •  Cette déstabilisation identitaire déclenche l'arrivée de sentiments parasite au premier rang desquels nous allons retrouver des idées d'auto dévalorisation et de persécutions souvent alimentées par le retour de peurs infantiles. C'est donc pour se protéger de ces dérèglements que ses enfants choisissent la défense la plus logique et la plus banale : la mise en place de stratégies anti apprentissage. Elles sont nombreuses et variées certains d'entre elles vont toucher le comportement, la concentration, la motivation… D'autres vont dérégler l'instrument lui-même, nous poussant parfois à la recherche de raison médicale pour expliquer ces dysfonctionnements que nous ne comprenons plus. Mais la fréquentation régulière de ceux qui résistent ainsi devant les savoirs de base nous montrent à l'évidence que toutes ces stratégies ont toujours un point commun : empêcher le déroulement normal des activités de penser car ce sont elles qui sont à la source des perturbations, éviter la confrontation avec tous ces apprentissages qui réclament le retour à soi, en imposant de réfléchir pour construire et chercher.
      •  Pour moi c'est bien cette phobie du temps de suspension qui caractérise les difficultés durables devant l'accès aux savoirs fondamentaux. C'est ce handicap lourd qui transforme les parcours scolaires en chemin de croix que j'appelle peur d'apprendre.
  • Les professeurs sont-ils en mesure de répondre à la peur d'apprendre ?
    •  Sommes-nous devant un problème trop psychologique qui déplace la pédagogie et qui risque de détourner les professeurs de leur mission ? Bien sûr que non ! Il n'y a que les partisans de l'immobilisme pour prétendre de telles choses. Tout au long de cet ouvrage je pense apporter la preuve qu'avec la culture et le langage, le professeur est celui qui dispose des meilleurs atouts, pour intégrer les réfractaires à l'apprentissage dans la classe et pour relancer leur capacité à penser. Finissons-en avec ces aides dérisoires qui sont centrées sur le rattrapage et la méthodologie pour remettre à niveau les moins bons, elles ne font que les marginaliser et les encourager à améliorer leur stratégie anti apprentissage. Faisons plutôt confiance nourrissage culturelle que nous allons utiliser pour favoriser l'entraînement à débattre et argumenter au quotidien. 
    • À partir d'exemples pris dans la pratique, je souhaite montrer que la confrontation avec les textes fondamentaux, porteurs des grandes questions humaines, et la meilleure façon de mobiliser l'intérêt de tous et de renforcer les compétences psychiques qui sont réclamées dans le fonctionnement intellectuel. Utilisons-les comme des outils pour redonner de la force du sens aux savoirs disciplinaires et pour trouver le plaisir d'apprendre et de transmettre qui manque parfois un autre enseignement.
    • C'est comme cela que nous ferons travailler ensemble, dans la même classe, des élèves de niveau différent et que nous trouverons cette cohésion opale indispensable à la bonne pédagogie. Mais c'est aussi comme cela que nous allons enfin donner à ceux qui ont peur d'apprendre, une chance de se reconstruit avec l'école et de ne plus faire parti du groupe des décrocheurs.
      •  (Boimare 2014 pp.VII-IX - Avant propos)

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Concepts mis en jeu

  • Constats : Peur d’apprendre et de pensée (Serge Boimare)
    • Danger : du au différé ou phobie du temps de suspension (désir)
    • Cause : immaturité psychique du Moi (Etat limites : Moi-Vide / Moi-plein)
    • Ressenties : Sentiments de dévalorisation et persécution
    • Actions : Se protéger, stratégie de défense anti-apprentissage
    • Mécanisme de défense : Pensée bloquée
    • Résultat : pulsion épistémophilique entravée, Ni construire, Ni chercher
    • Comportements :
      • Retour de l’immédiateté  (jouissance)
      • Evite la confrontation qui réclame le retour à soi
      • Cultive la Toute-Puissance > Héros bardés de muscles et d’armes
      • Refus des limites > Surmoi mis en touche > Refus Œdipe
  • Quoi - Psychanalytique (Misès, Green, Marciano, etc…)
    • Souci d’étayage : liés à la prime enfance, Narcisse 8-30 mois, stade du miroir (Lacan) ou individuation (Jung) et ainsi pointe la carence des fonctions :
      • Fonction de contenance des garants posant les limites
      • Fonction d’espace transitionnel de jeu de symbolisation (Winnicott)
      • Fonction de la position dépressive > Angoisse de séparation (Klein)
    • Causes multifactorielles :
      • Société de la vitesse. La société agitée, ou accéléré et ainsi l’éloge de la lenteur ou du rythme de l’enfant est dénié.
      • Société de l’immédiateté, tout, tout de suite et de l’autodidacte spontané. Le déni des savoirs de l’école au profit des savoirs de l’expérience parentale : “L’école, cela ne sert pas à grand chose, moi je me suis construit tout seul” pointe le mythe de l’autodidacte et ainsi aliène l’enfant dans la bulle familiale. La “séduction” remplace ainsi l’éducation qui elle, vise l’émancipation de l’enfant.
      • Enfant du désir et des projections idéalisées des parents : « C’est l’enfant de la famille privée, qui n’est plus la cellule de base du fonctionnement de la société mais dont la seule finalité est l’épanouissement affectif de ses membres  (…) L’enfant est donc désiré, avant d’être accepté, parfait dans sa réalisation au risque d’une désillusion et d’une blessure narcissique intense. » (Marcel Gauchet dans (2015). Maternité et Psychiatrie. Répercussions et prise en charge. Edition Lavoisier Médecine. p.8) L’enfant programmé, désiré et attendu porte tous les espoirs des parents. L’enfant devient précieux et ainsi ils lui demandent d’être parfait. Processus de réparation des parents, ils projettent leurs failles narcissiques sur l’enfant. Ils font les devoirs à leur place.
    • Indicateurs familiaux :
      • L’arrivée inattendue de l’enfant dans un contexte éminemment conflictuel qui n’a pas permis de l’inscrire dans sa place et de le catalyser dans ces processus maturatif,
      • La séparation des parents pendant la grossesse ou immédiatement après
      • Les dépressions parentales par transfert des angoisses sur l’enfant
      • Le caractère humble de certains milieux désorganisés et acculturés
      • Les conflits intrafamiliaux, rivalités, opposition, en raison des forces de disjonction qu’il sécrète
  • Comment
    • Relancer la capacité de pensée (Serge Boimare)
    • Favoriser l’entraînement à débattre et à argumenter
    • Utilisation des Mythes fondateurs de l’humanité pour penser et se penser.
    • Autorégulation 

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Autres références de l'auteur, Serge Boimare

  • Boimare, S. (2014). L'enfant et la peur d'apprendre: Dunod.
  • Boimare, S. (2016). Ces enfants empêchés de penser. Dunod.
  • Boimare, S. (1992). Lire les mythes pour guérir la peur d’apprendre. La motivation.: Cahier Pédagogiques N°300 - (lien)
  • Les cahiers pédagogiques : “Lire les mythes pour guérir la peur d’apprendre” (lien)
  • Elèves intelligents mais en difficulté scolaire : Pourquoi ? Que faire ? (lien)

 

Notre mission est de les aider à penser, à faire de l’image avec les mots entendus. Cela se retrouve au niveau de l’image. C’est l’entraînement au langage qui permettra la structuration de la pensée. On est au cœur du dispositif qui peut permettre à l’enfant de progresser. » (lien)

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