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Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?

TitreOù cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
Publication TypeBook
Année2001
AuthorsSinger, C
PublisherAlbin Michel
Full Text

Or notre société contemporaine n’a qu’un but : éradiquer à tout prix de nos existences ces zones incontrôlables - zones de brouillard, de gestation, zones d’ombre - et d’instaurer partout où die le peut le contrôle et la surveillance. En refusant la nuit, comme le déplorait le poète Novalis, notre imaginaire collectif livre une guerre à mort contre le réel et provoque la montée de tout ce qu’il voulait éviter : la peur, le désespoir, la violence déchaînée, la recrudescence de l’irrationnel. Dans une description du monde où seule la, réalité objectivable, mesurable, chiffrable, analysable est prise en considération, le Réel - c’est-à-dire l’espace entre les choses et les êtres, la relation, le tissu de corrélations, l’insaisissable, le mouvant, le vide, l’obscur, l’invisible respiration qui tient ensemble l’universn’a pas sa chance. Décrété insignifiant et “subjectif”, il est tout simplement radié. La face cachée du monde, celle même qui donne un support à la face visible, cessant d’être porteuse et inspirante, se peuple de démons. La rage de manipuler la vie, d’en extorquer le sacré, est celle de toutes les dictatures politiques ou scientifiques, et manifeste le dépit, l’arrogance des petits-maîtres devant la folle, la généreuse, la sublime, l’inextricable complexité du Réel. Cette obsession impose au monde où nous vivons un ordre réductif et mortifère. (Singer C., 2001 pp.32-33)

L’erreur fondamentale de nos pensées binaires est d’opposer la mort à la vie. La vraie paire d’antonymes est naissance et mort, le passage du commencement et le passage de la fin. Et ce qui passe par ces deux portes et qui s’y engouffre, c’est, dans les deux cas, la vie. (Singer C., 2001 p.142)

Faut-il vraiment la mort pour que le prix de la vie apparaisse ? Faut-il que je te perde pour savoir combien je t’aimais ? N’est-il pas temps d’introduire dans nos quotidiens une autre conscience, une autre manière d’être, une discipline tendre ? Rendre hommage à la vie. Chaque jour de neuf, et jusqu’à la fin de nos jours ! (Singer C., 2001 p.145)

Singer, C. (2001) Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? Albin Michel

  • "L’erreur fondamentale de nos pensées binaires est d’opposer la mort à la vie. La vraie paire d’antonymes est naissance et mort, le passage du commencement et le passage de la fin. Et ce qui passe par ces deux portes et qui s’y engouffre, c’est, dans les deux cas, la vie." (Singer C., 2001 p.142)
     
  • "Faut-il vraiment la mort pour que le prix de la vie apparaisse ? Faut-il que je te perde pour savoir combien je t’aimais ? N’est-il pas temps d’introduire dans nos quotidiens une autre conscience, une autre manière d’être, une discipline tendre ? Rendre hommage à la vie. Chaque jour de neuf, et jusqu’à la fin de nos jours !" (Singer C., 2001 p.145)
     
  • "Or notre société contemporaine n’a qu’un but : éradiquer à tout prix de nos existences ces zones incontrôlables - zones de brouillard, de gestation, zones d’ombre - et d’instaurer partout où die le peut le contrôle et la surveillance. En refusant la nuit, comme le déplorait le poète Novalis, notre imaginaire collectif livre une guerre à mort contre le réd et provoque la montée de tout ce qu’il voulait éviter : la peur, le désespoir, la violence déchaînée, la recrudescence de l’irrationnel. Dans une description du monde où seule la, réalité objectivable, mesurable, chiffrable, analysable est prise en considération, le Réel - c’est-à-dire l’espace entre les choses et les êtres, la relation, le tissu de corrélations, l’insaisissable, le mouvant, le vide, l’obscur, l’invisible respiration qui tient ensemble l’universn’a pas sa chance. Décrété insignifiant et “subjectif”, il est tout simplement radié. La face cachée du monde, celle même qui donne un support à la face visible, cessant d’être porteuse et inspirante, se peuple de démons. La rage de manipuler la vie, d’en extorquer le sacré, est celle de toutes les dictatures politiques ou scientifiques, et manifeste le dépit, l’arrogance des petits-maîtres devant la folle, la généreuse, la sublime, l’inextricable complexité du Réel. Cette obsession impose au monde où nous vivons un ordre réductif et mortifère." (Singer C., 2001 pp.32-33)

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