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On peut résumer d'une expression ce statut inédit du nouveau venu en parlant de l'enfant du désir. Son avènement est fonction de ce changement de statut de la famille. L'enfant du désir, c'est l'enfant de la famille privée, intimisée, désinstitutionnalisée, informelle, qui n'a d'autre raison d'être que l'épanouissement affectif de ses membres. On fait un enfant non pour la société, pour la perpétuation de l'existence collective, mais pour soi et pour lui-même. Je souligne la présence des deux faces qui recouvre en réalité une contradiction, une tension vitale. La venue de l'enfant, idéalement parlant en tout cas - c'est le nouvel idéal social en la matière - n'a de sens que s'il est désiré. L'horreur en ce domaine, c'est la contrainte ou le hasard. (…)
- De l'enfant de la conséquence, nous sommes passé à l'enfant du désir souvent enfant-Roi sur-investi et sur-protégé (projets et projections de réalisation parentales) et maintenant nous passons à l'enfant-Précieux. La crise actuelle de l'indiduation des sujets (Moi-perdu) serait la conséquence du faite que l'enfant est proclamé sujet comme individualité avant même de le bâtir, de le devenir dans la relation à ce qui est autre que lui-même. La crise de l'individuation serait la conséquence de la crise de l'altérité, où le sujet est toujours relatif à ce qui est autre que lui-même. Une forme de déni de l'autre.
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Marcel Gauchet (2008). De “l’enfant du désir” à “la crise de l’individuation”. L’impossible entrée dans la vie. Temps d’arrêt – Bruxelles, 2008
1. L’enfant du désir
2. La transformation entraînée par l’enfant du désir
3. L'être et le sujet