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Dialogues avec les mères

TitreDialogues avec les mères
Publication TypeJournal Article
Année1995
AuthorsBettelheim, B
Mots-clésaide à la parentalité, dialogue, éduquer, Enfance, fonction parentale, parentalité, parents, psychoéducateur
URLhttp://webjonction.fr/article/node/4
Full Text
  • La première tâche est d'éduquer les parents

Eduquer un enfant n'a de sens que si cette éducation est saine, si elle ne transmet pas les préjugés, les blocages et les angoisses dont nous ne sommes pas nous-mêmes libérés. C'est ce que Bruno Bettelheim tente de nous faire comprendre à travers une oeuvre qu'on peut qualifier de socratique : tout au long de ces entretiens, aux questions d'une mère, il répond par une autre question, jusqu'au moment où la mère trouve enfin sa propre réponse, où elle devient consciente de ce qui a motivé son inquiétude ou sa peur. " J'ai essayé de mettre dans ce livre les exemples les plus quotidiens que je pouvais trouver. Il s'agit de petits incidents qui surviennent communément dans la vie de l'enfant et qui doivent être réglés à mesure qu'ils se présentent. Selon la façon dont nous nous y prenons, le développement de la personnalité de l'enfant et ses rapports avec la vie peuvent prendre tel ou tel cours, parmi bien d'autres. Chaque incident isolé peut très bien ne pas avoir de répercussion particulièrement importante, mais il est étonnant de constater à quel point l'ensemble de ces petites expériences finit par rendre toute une vie heureuse ou malheureuse. "

Idées de base

  • Nous projetons sur nos enfants nos propres désirs et angoisses
  • Ainsi, nous ne les écoutons pas en tant que sujet de leurs angoisses et désir, ils deviennent les objets de nous-même.
  • Nous imposons et élevons en place de les accompagner et de les éduquer
     

Concepts clés

  1. L'enfant sujet et non notre objet
    • L'enfant est un sujet à par entière, sa parole et ses attitudes communiquent ses états intérieures : besoins, peurs, anxiétés, angoisses, désirs.
    • Il est nécessaire d'apprendre à entendre et rendre intelligible ceux-ci et ne pas projeter sa vision sur l'enfant.
    • L'enfant à un but à ce moment précis. Quel est donc le déclencheur ? (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1099)
    • L'enfant prend un comportement qui parle. Ça parle.
    • Il sait ce qui est bon pour lui
    • Il sait quand arrêter le biberon ou le doudou (pas imposer)
    • Il sait quand c'est le moment par imitation.
  2. Se replacer à la place de l'enfant dans notre propre enfance
    • A ce même âge, qu'auriez-vous fait vous-même ?
    • Ce connaître soi-même, c'est reconnaître chez son enfant soi-même (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1097-1098)
    • Nous projetons nos propres failles narcissiques, œdipiennes et dépressive sur nos enfants par nos attendus
    • Quelle sorte d'enfant désirez-vous avoir ? (Projection)
  3. Posture des garants (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1096-1097)
    • Contenance > Cadre et limites
    • Espace primordial intermédiaire de symbolisation
    • Ouverture par le partage d'affect de la position dépressive sinon repli sur position autosensuelle ou adhésive et schizoparanoïde
  4. Apprendre autrement
    • Offrir à l'enfant une expérience éducative et non la contrainte d'un réflexe conditionné. (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1135)
    • Une autre façon d'apprendre : l'enseignement social doit-être réglé sur l'enseignement intellectuel et que les deux doivent-être spontané. (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1136)

La lettre

  • "On ne peut pas apprécier les mérites d'une action en se fiant aux seuls apparences, mais en tenant compte du contexte de sentiments et de valeurs où elle se situe." (la lettre : Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1138). Tout dépend de la façon de la lire, sur quels mots nos sentiments et valeurs appuient :
    • Le fils : "Cher père. Je suis fauché. Je te prie de m'envoyer immédiatement un peu d'argent. Ton fils."
      • Le père : "Cher père. Je suis fauché. Je te prie de m'envoyer immédiatement un peu d'argent. Ton fils."
      • La mère : "Cher père. Je suis fauché. Je te prie de m'envoyer immédiatement un peu d'argent. Ton fils."

La nature de la relation : Enfant / Parents

  • L’enfant tout comme l’adulte est un sujet à par entière, lorsque sa parole est écoutée, ils changent du statut d'objet à celui de sujet, ses mots et ses comportements revendiquent sa place : « L’enfant a sa propre logique et, par conséquent, une certaine autonomie personnelle. Ses faits et gestes témoignent de cette logique : une observation attentive permet de la deviner partiellement. À condition, toutefois, de ne pas attribuer à l'enfant une logique infantile, mais de reconnaître en lui un être humain à l'état d'enfant. Comme tout humain, il a besoin d'affirmer sa personnalité : il agit en fonction de son désir et de ses sensations, non pas en réponse aux sollicitations parentales. Mais il a aussi besoin que cette personnalité soit reconnue et valoriser. Comme il est un enfant, il dépend de ses parents, même pour son auto affirmation. Son souci d'être reconnu et aimé peut même l'entraîner à y renoncer. Les demandes des parents comptent énormément pour lui : il ne s'y refusera pas sans de sérieuses raisons. Les deux termes de la contradiction sont à respecter : prendre garde à ce que les sollicitations parentales n'empiètent sur la place du Moi de l'enfant sans pour autant renoncer à affirmer ce qu'on attend de lui. » (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1085)
     

Le parent détient la solution en réinterrogeant sa propre enfance

  • Le problèmes de nos enfants nous renvoient à notre propre enfance :
    • « Les parents eux aussi sont tiraillés entre deux logiques. Ils doivent assumer leur rôle et leurs fonctions de parents (…) Mais ils ont aussi été des enfants. (…) leurs questions ont pour effet de remettre sur le tapis la relations parents–enfants sous ses différents aspects : celle qui a été vécue par l'ex-enfant devenus parents, celle dont il rêve, son idéal, et celle qui se déroule dans la réalité actuelle. Ces trois relations tendent à se confondre temps que le parent n'a pas été amené par un incident ou un souvenir à un retour sur son passé, où la confusion actuelle trouve son origine. (…) Repensant sa propre enfance, il comprend mieux comment un enfant appréhende ses parents et ce qu'il attend d’eux. (…) C'est ce qui lui permet de réfléchir à sa fonction de parents et de décider de la façon dont il veut l'exercer. Il a donc en lui-même ou à portée de main tout le savoir et toutes les informations nécessaires à la résolution de son problème. » (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1086)

Métaphore de la maison et du travail psychanalytique

  • Pour que le sujet se libère de ses entraves, la métaphore de la maison utilisée par Daniel Lévy est des plus illustratrice pour décrire le monde psychique du sujet, la résolution du problème par le sujet lui-même, la relation (analysant/analyste) et la posture de Bruno Bettelheim comme psychanalyste. À propos de la libération des entraves ou la résolution des problèmes
    • « il ne fallait qu'aller les chercher. Là où ils étaient : non pas sous les yeux, mais dans une autre pièce de la maison. Derrière une porte dont il avait la clé. Dans sa panique, il n'y songeait même pas, préférant rêver à une autre maison où il n'y aurait que des salons et une belle chambre à coucher. Le psychanalyste ne connaît pas le plan de l'appartement. Mais il sait de quoi est faite une maison et n'oublie aucune des fonctions à quoi répondent les différentes pièces. Il sait qu'il n'y a pas d'appartement sans débarras, grenier ou cave. C’est-là qu’on remise ce qu’on aime pas avoir sous les yeux : objets cassés auxquels on n'a cependant pas renoncé, souvenir cuisant d'une déception ou d'une maladresse, et aussi les outils, généralement peu présentables. Cette pièce ne sera jamais destinée aux réceptions, mais ce n'est pas pour autant un capharnaüm ; la revisiter et y mettre de l'ordre de temps à autre n'est pas un luxe. On n'y retrouve des trésors, que la lumière du jour révèle plus ou moins défraîchis, ainsi que les rossignols bons à jeter définitivement dans le passé. Le tout est de trouver le courage d'y entrer. Pour rendre possible un tel franchissement, il faut un déclic : le besoin, la nécessité objective ne suffisent pas. (…) Tout dépend de ce qu'il y a dans le placard et de ce qui s'est passé la dernière fois qu'on a refermé la porte. (…) Chaque personne est absolument singulière. Une autre singularité encore plus complexe résulte de la mise en présence de deux singularités. Si le psychanalyste parvient renvoyer ce qu'il perçoit au bon moment et de la bonne façon, la porte s'ouvrira. Le travail d'élaboration psychique pourra commencer. (Préface de Daniel Lévy dans : Dialogues avec les mères. Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, pp. 1086-1087)

Changement : espace transitionnel de symbolisation

  • Qu'est-ce qui rend possible le dynamisme de l’apprendre, de la remise en route de la boussole de la connaissance, de la remise en place des Temps (Logos/Mythos), de chacun et de l'ensemble ? La mise en place d’un espace transitionnel de jeu et de symbolisation d’où chacun élabore ses propres réponses.
    • « Qu'est-ce qui a rendu possible cette remise en place et en route de chacun et de l'ensemble ? La mise en évidence d'un espace qui n'appartient à personne et où cependant chacun peut à la fois réfléchir et se reconnaître. Ce lieu tiers institué par le psychanalyste en réponse à une demande et à l'expression d'un désarroi, autorise le déploiement de ce qui paraissait insoluble à chacun et dont chacun rejetait la responsabilité sur l'autre. Dans les plis des questions sont cachés les réponses. Et sans doute parents et enfants préfèrent-ils de loin inventer eux-mêmes leurs solutions plutôt que de suivre les avis d'un spécialiste qui ne pourra jamais avoir en main toutes les données du problème. Tout ce qui leur manquait, c'était un lieu tiers, ou poser leurs questions et décrire leurs difficultés. Un lieu d'où n'émane aucune directive mais suffisamment de compétences et de savoir pour poser les questions qui ouvrent l'horizon et rendent à chacun sa place et ses capacités d'agir. » (Bettelheim, B., & Lévy, D. 1995, p. 1088)

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