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Les processus psychiques de la médiation : créativité et travail thérapeutique

TitreLes processus psychiques de la médiation : créativité et travail thérapeutique
Publication TypeJournal Article
Année2002
AuthorsChouvier, B
ISBN Number2100578413
Mots-clésallier, création, délier, distanciation, média, Médiation, processus, relier, sépare, sublimer, substituer
URLhttp://webjonction.fr/article/node/292
Full Text

Ce qui est médiateur ou intermédiaire ou transitionnel, ce n'est pas l'objet, quelles que soient ses qualités intrinsèques de médium. Ce qui assure une fonction symbolisante et médiatrice c'est la croyance dans les vertus de l'objet et cette croyance a un double fondement: dans la psyché de l'autre et dans l'expérience du sujet. Aucune médiation n'est productrice d'effet de croissance psychique si elle n'est pas d'abord présentée par un sujet à un autre sujet et alors seulement inventée-créée par l'un et par l'autre dans cet accompagnement mutuel (Chouvier B. et Als. 2002 p. 27)

  • Sublimer ce qui est, ou aller au delà du signe, c’est délier ou travailler aux limites des signes institués,
  • Séparer le fond de la forme en établissant et accomplissant des choix, c’est relier, par capacité d’inter-prêter,
  • Substituer les opérateurs associatifs du symbole, ou allier dans un nouvel enchainement logique.

Deux processus de création identiques :

 

Notes

  • SIX CONSTANTES DE LA MÉDIATION
    • Pulsion / Figuration > interpose et rétablit un lien entre la force et le sens
    • Passé / Maintenant > implique une représentation de l'origine
    • Moi-peau / Moi-psychique > s'inscrit dans une problématique des limites
    • Défenses / Autre > s'oppose à l'immédiat
    • Avant / Après > Maintenant > Tiers > suscite un cadre spatio-temporel
    • Objet transitionnel > s'inscrit dans une oscillation entre créativité et destructivité

Citations

  • Si l'on extrait de ces récits et de ces figures de la médiation quelques traits constants, on peut découvrir qu'ils sont porteurs de plusieurs questions fondamentales. J'en distingue six :
     
    1. Toute médiation interpose et rétablit un lien entre la force et le sens, entre la violence pulsionnelle et une figuration qui ouvre la voie vers la parole et vers l'échange symbolique. La médiation comme lien transforme conjointement et corrélativement l'espace intrapsychique et l'espace intersubjectif.
       
    2. Toute médiation implique une représentation de l'origine, ou renvoie à une scène des origines, à une figuration de la conjonction et de la disjonction. Elle dit quelque chose de ce qui relie un ensemble de sujet à un principe ou à un espace originaire dans lequel se pose nécessairement la question de la place du sujet entre deux termes, principalement entre mère et père, « entre-eux-deux ». C'est précisément des amours d 'Hermès et d' Aphrodite que naquit Hermaphrodite, être bisexué dont la « sexion », pour reprendre la formule de Lewinter, pose au sujet la question problématique de sa différenciation interne. Mais cette question témoigne aussi, comme dans le mythe de l'Androgyne, de la transformation des sociétés matriarcales et de leur passage aux sociétés patriarcales.
       
    3. Toute médiation s'inscrit dans une problématique des limites, des frontières et des démarcations, des filtres et des passages. La représentation topique de l'appareil psychique, avec ses lieux, ses espaces et ses limites internes et externes, rencontre sans cesse la nécessité de penser les médiations qui en assurent les échanges. Le concept du moi et de préconscient, la catégorie de l'intermédiaire, si constante dans l'œuvre de Freud, fournissent les premiers éléments de cette problématique dans le champ de la psychanalyse. Ultérieurement, la notion de moi-peau et le concept d'enveloppe psychique proposés par Anzieu (1974, 1976), ont apporté à cette recherche des outils plus complexes et d'une grande portée clinique et heuristique.
       
    4. Toute médiation s'oppose à l'immédiat, dans l'espace et dans le temps. La médiation est une sortie de la confusion des origines. Elle est coextensive au processus de symbolisation, qui suppose un écart, une disjonction conjonctive, une fracture réparable. C'est en ce sens que l'on peut dire que la médiation est aussi un processus de défense contre la terreur du corps à corps, de la violence de l'immédiat : celle du besoin, de l'acte, de la pulsion, du meurtre. Dans l'ordre intersubjectif, la médiation est écart et passage de l'Un à l'Autre, à plus d'un autre. Dans ce passage, comme dans l'espace intrapsychique, surgit la question de l'origine du sujet et des liens qui le constituent, la représentation des limites entre leurs espaces respectifs, communs et partagés.
       
    5. Toute médiation suscite un cadre spatio-temporel. Elle génère un espace tiers entre deux ou plusieurs espaces, et donc des limites et des passages. Elle génère corrélativement une temporalité qui exprime une succession entre un avant et un après, entre l'absence et la présence, donc une origine et une histoire. C'est dans cet espace-temps de la médiation que s'inscrivent les enjeux des processus de transformation. Celle-ci est rendue nécessaire par les exigences de liaison et de continuité entre des organisations hétérogènes.
       
    6. Toute médiation s'inscrit dans une oscillation entre créativité et destructivité : c'est de cette oscillation que témoignent de manière exemplaire les phénomènes transitionnels. La médiation permet au sujet d'explorer, sans s'y perdre, l'espace interne et l'espace externe, puis l'espace singulier et l'espace commun et partagé. Elle assure la capacité d'investir dans l'objet sans s'y dissoudre ou le détruire, de faire trace sans figer celle-ci dans un signe.

 

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