Pour évaluer des pratiques, des institutions, des systèmes, la seule manière de répondre aux problèmes évoqués c’est de considérer que le terme évaluation recouvre, en réalité, deux pratiques intellectuelles qu’il est possible de distinguer rigoureusement, de distinguer et non d’opposer, car il peut y avoir complémentarité et même mélange au niveau des pratiques : ce sont les pratiques du contrôle et les pratiques de l’évaluation (en donnant maintenant à ce terme un sens spécifique). (Berger, M. 1986, pp 75-87)
Notes en tension dialectique
Citations de Berger
Le terme de contrôle renvoie, étymologiquement, à une activité comptable, celle qui consiste à comparer entre elles deux listes : la liste qui sert de référent, de matrice, de modèle et autre liste qui est le référé (faire le « contrôle des présente » dans une classe, être rayé du « contrôle des armées » ou subir un « contrôle d’identité », c’est toujours une opération dans laquelle on va comparer un système référent considéré comme une norme avec un ensemble de pratiques, d’objets… qui vont être mesurés par rapport à cette norme).
L’évaluation se défini de façon symétrique. Premièrement, elle porte essentiellement sur la constitution des référents, la construction d’un réseau de valeurs par rapport auxquelles on va effectuer l’opération de contrôle. Deuxièmement, l’évaluation n’est pas une vérification, mais porte sur la signification de ce que l’on fait, sur la signification des objectifs, des projets, des pratiques. Les pratiques d’évaluation permettent de mesurer non pas l’atteinte des objectifs, mais les effets, les produits réels d’une action qui ne se confondent pas avec les objectifs poursuivis (effets produits sur les acteurs eux-mêmes, sur les institutions, comme sur les pratiques futures). Troisièmement, il n’y a pas d’évaluation sans évaluateur, car il n’y a pas de référence absolue. Quatrièmement, par définition le projet d’évaluation est infini, une évaluation n’est jamais définitive, ni dans le temps, ni dans le réseau ; l’évaluation est toujours inachevée, jamais garante d’elle-même : pas d’évaluation qui ne soit multi-référencée.” (Berger, M. 1986, pp 75-87)