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Développer le pouvoir sur soi sans exercer de pouvoir sur les autres, c’est se dépasser soi-même dans l'intérêt général. Nietzsche et sa notion de « surhomme » dans le sens de « au-delà de notre condition d’humain », n’a rien à voir avec ces notions d’excellence et de perfection de notre société contemporaine ou encore de race supérieure rêvée par Hitlher qui lui ne l’a jamais lu et a détourné sa pensée. Le « surhomme », c’est celui dont chacun porte en germe la possibilité. Il ne s’agit pas d’exercer un pouvoir sur les autres (comparaison externe de la conformité), mais chaque jour de se dépasser soi-même (comparaison interne du singulier). Ainsi, notre intelligence de « surhomme », elle est notre capacité à créer des connexions inattendues dans des domaines hétérogènes dans une visée : "Développer la puissance d'être de l'Être puisque sa seule raison d'être c'est d'être".

____________________________ En avant 1er...

 

Où est le sens. Les découvertes sur notre cerveau qui changent l’avenir de notre civilisation

L'humanité du XXIe siècle vit un cauchemar. Les espèces vivantes s'éteignent, les calottes glaciaires se liquéfient, les eaux montent, la température grimpe. Demain, nous serons exposés à des pénuries, à des migrations climatiques, et devrons lutter contre de nouvelles pandémies. Sommes-nous à ce point impuissants et résignés à périr ? Certainement pas ! Une ressource insoupçonnée se trouve enfouie dans notre propre cerveau. Un centre nerveux appelé cortex cingulaire nous pousse sans relâche à chercher du sens à nos existences. Cette quête de sens peut nous détourner de la croissance aveugle et délétère pour créer une société fondée sur la cohérence, la signification et le lien. Le cortex cingulaire est en chacun de nous. Depuis longtemps nous l'avions oublié. Aujourd'hui, nous pouvons le réactiver !

Le bug humain. Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher.

Dans ce livre, l'auteur analyse la crise écologique massive générée par l'humanité au travers du prisme des neurosciences. Selon lui, les processus de destruction de l'environnement s’expliquent en grande partie par des mécanismes cérébraux archaïques : le striatum, notamment, et les circuits neuronaux de récompense, qui par le biais de la dopamine, incitent l'homme à assouvir continuellement et exponentiellement cinq besoins fondamentaux : manger, se reproduire, asseoir du pouvoir, acquérir de l'information, et fournir le moindre effort. L'auteur évoque ensuite le rôle du cortex préfrontal, qui permet au contraire au cerveau de planifier, prendre du recul par rapport à ces injonctions de l'instant. Ce qui lui permet d'exposer les possibles contrepoids à ces déterminismes : l'éducation (valoriser les comportements écologiques) et la méditation pleine conscience

Dialogues avec un sauvage

Lahontan,. (2010). Dialogues avec un sauvage. LUX éditeur.

Après avoir obtenu un succès européen considérable lors de leur parution en 1702-1703, les trois livres de Lahontan sur l'Amérique connurent une longue éclipse jusque vers la décennie 1970. Ils sont alors apparus comme indispensables pour mieux comprendre l'évolution d'une forme littéraire (la relation de voyage) et le courant libertaire qui avait gagné l'Europe des Lumières. Les Dialogues avec le Huron Adario, reprenant la formule de l'entretien philosophique, portent un regard critique sur les moeurs occidentales. Ils soulèvent tous les problèmes qui seront âprement discutés par la suite : nature et légitimité des pouvoirs politique et judiciaire, croyances et pratiques religieuses, bonheur et civilisation. Les Dialogues de Lahontan ont ainsi pavé la voie à un autre grand texte de l'époque : Les Lettres persanes de Montesquieu.

Dans ce livre de carnet de voyage, se confronte le bon sens du "sauvage" à la persuasion du "civilisé". Cette réflexion porte sur les modes d'organisation des groupements humains, libertés, lois, croyances, mariage et sexualité, entre les civilisations de "sauvages" amérindiens et la civilisation française voir aussi les européennes. Le sauvage philosophe fait remarquer à l'auteur que leurs civilisations HURONS fonctionnent sans gouvernement d'état, sans "Tien et Mien" (notion de propriété : c'est à moi… MA femme, MES enfants, MES terres...) et sans argent (accumulation de richesse et donc de dominance). De même, il pointe que les européens ont deux traits de caractère absent chez eux : une ambition et une avidité démesurées qui les rends esclaves les uns des autres. Il développe aussi que leurs organisations HURONS sont autogérées et équitables. Elles sont à l'opposé des sociétés gouvernées, belliqueuses et compétitives avec ses rois, ses religieux, ses lois, sous forme oligarchique et patriarcale.

Cités sans état ou cités avec état, depuis la nuit des temps les groupements humains cherchent leurs modes de gouvernance soit équitable comme la cité démocratique d'Athènes et les HURONS amérindiens, soit compétitive comme la cité oligarchique de Sparte et les civilisations européennes.

Au commencement était... une nouvelle histoire de l'humanité

Dans ce livre d'étude anthropologique sur les modes d'organisation des groupements humains depuis le paléolithique, les auteurs constatent qu'il a existé des cités sans gouvernement d'état. Ces dernières étaient autogérées et équitables. Elles se sont créer par opposition aux sociétés gouvernées, bélliqueuses et compétitives avec ses rois, ses religieux sous forme oligarchique et patriarcale. Cité sans état ou cité avec état, depuis la nuit des temps les groupement humains cherche leurs modes de gouvernance soit équitable comme la cité démocratique d'Athènes, soit compétitive comme la cité oligarchique de Sparte.

Depuis des siècles, nous nous racontons sur les origines de l’inégalité une histoire très simple. Pendant l’essentiel de leur existence sur terre, les êtres humains auraient vécu au sein de petits clans de chasseurs-cueilleurs. Puis l’agriculture aurait fait son entrée, et avec elle la propriété privée. Enfin seraient nées les villes, marquant l’apparition non seulement de la civilisation, mais aussi des guerres, de la bureaucratie, du patriarcat et de l’esclavage. Or ce récit pose un gros problème : il est faux.

Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?

Or notre société contemporaine n’a qu’un but : éradiquer à tout prix de nos existences ces zones incontrôlables - zones de brouillard, de gestation, zones d’ombre - et d’instaurer partout où die le peut le contrôle et la surveillance. En refusant la nuit, comme le déplorait le poète Novalis, notre imaginaire collectif livre une guerre à mort contre le réel et provoque la montée de tout ce qu’il voulait éviter : la peur, le désespoir, la violence déchaînée, la recrudescence de l’irrationnel. Dans une description du monde où seule la, réalité objectivable, mesurable, chiffrable, analysable est prise en considération, le Réel - c’est-à-dire l’espace entre les choses et les êtres, la relation, le tissu de corrélations, l’insaisissable, le mouvant, le vide, l’obscur, l’invisible respiration qui tient ensemble l’universn’a pas sa chance. Décrété insignifiant et “subjectif”, il est tout simplement radié. La face cachée du monde, celle même qui donne un support à la face visible, cessant d’être porteuse et inspirante, se peuple de démons. La rage de manipuler la vie, d’en extorquer le sacré, est celle de toutes les dictatures politiques ou scientifiques, et manifeste le dépit, l’arrogance des petits-maîtres devant la folle, la généreuse, la sublime, l’inextricable complexité du Réel. Cette obsession impose au monde où nous vivons un ordre réductif et mortifère. (Singer C., 2001 pp.32-33)

L’erreur fondamentale de nos pensées binaires est d’opposer la mort à la vie. La vraie paire d’antonymes est naissance et mort, le passage du commencement et le passage de la fin. Et ce qui passe par ces deux portes et qui s’y engouffre, c’est, dans les deux cas, la vie. (Singer C., 2001 p.142)

Faut-il vraiment la mort pour que le prix de la vie apparaisse ? Faut-il que je te perde pour savoir combien je t’aimais ? N’est-il pas temps d’introduire dans nos quotidiens une autre conscience, une autre manière d’être, une discipline tendre ? Rendre hommage à la vie. Chaque jour de neuf, et jusqu’à la fin de nos jours ! (Singer C., 2001 p.145)

L'organisation en analyse

Sublimation et idéalisation sont unies, ne peuvent exister l’une sans l’autre. Il n’existe pas de société purement individuelle comme purement collective. Les repères des deux côtés sont indispensables, les hommes ont besoin de faire partie d’un groupe autant qu’ils ont besoin d’exister individuellement comme être unique. La question devient vers quoi et vers quelle culture faut-il tourner l’individu et les groupes.

Problématique du changement

Enriquez, E. (1972). Problématique du changement (Vol. 4, p. 5-45). Magazine : Connexions.

Si les êtres humains disent (dans nos sociétés) vouloir le changement, en réalité, ils désirent fondamentalement ne pas changer, ne pas s'interroger, ne pas être obligés d'inventer des comportements nouveaux et dans ce but, ils préfèrent changer l'ordre du monde plutôt qu'eux-mêmes

La psychanalyse au risque de l'épilepsie. Ce qui s'acharne.

En s’appuyant sur 50 ans d’action-recherche en collaboration avec des médecins et neurologues, le psychanalyste Lucien Mélèse déroule dans son ouvrage leurs travaux et une vision complémentaire de l’épilepsie. Il insiste sur deux points. D’une part, le fait que la crise d’épilepsie est communément observée suivant un scientisme médical ignorant les dimensions psychiques de l’héritage générationnel de cette maladie (psychogénéalogie). D’autre part, que la crise d’épilepsie dans le domaine de la psychologie est trop souvent confondue avec le symptôme hystérique, ce qu’il réfute. Développons son ouvrage et son travail…

Article sur : https://webjonction.fr/article/node/603

Rastenberg

Singer, C. (1996). Rastenberg. Albin Michel.
  • Limites de l'identification : Moi

Combien est inconsistant cette vie qui finit par prendre au sérieux le quiproquo qui la fonde, qui agglutine à son rocher les paquets de moules de ses prétentions multiples ! Cette vie dont les drames, les aigreurs, les contrariétés, les préoccupations vont occuper tout l'espace ! Cette vie qui ne maintient pendant toute sa traversée qu'un seul cours, qu'une seul perspective - celle du Moi - et trouve le monde mesquin, médiocre parce qu'elle le confond avec elle-même ! Cette vie qui préfère s'asphixier plutôt que d'ouvrir les fenêtres, et que seule la mort aérera enfin pour finir ! Comme il est manqué, flottant, frustrant, le jeu d'un Être qui ne s'est pris que pour lui-même ! Face à ce royaume du gris, du terne et de l'enfermement se dresse la péninsule des Vivants. (C singer 1996 p. 47)

  • Vacuité de Soi

Alors dans cet espace que j'ai vidé de ma présence, le Réel se séploie et j'ai le goût de Dieu sur la langue. Un instant j'ai alors reflété ce qui EST. Ou plutôt ce qui EST a trouvé en mon absence où se refléter. Un instant il n'y a eu personne pour troubler l'eau. Un instant, je n'ai pas occupé tout l'espace du miroir. Un instant, j'ai su de quel infini j'étais le frémissement ténu. (C singer 1996 p. 52)

  • Le monde comme miroir de Soi

Sachant désormais que le monde que j'habite reflète le monde qui m'habite, je veille à la coloration de mes pensées comme à la prunelle de mes yeux. (...) Et comme toute ma vie je n'ai été occupée que d'aimer, je n'ai qu'a remonter ma pente naturelle. Ai-je jamais existé autrement que du reflet de l'amour sur mon eau ?  (C singer 1996 pp. 153-154)

Seul ce qui brûle

Singer, C. (2006). Seul ce qui brûle. Albin Michel.
  • A propos de ses trois enfants

Ne pas souhaiter avec ferveur que le pire leur soit épargné m'est quasi impossible. Et pourtant il peut connaîtront - si rant est qu'ils vivent - la joie et la détresse, le ravissement et la terreur comme tout un chacun puisque le meilleur et le pire ne sont que le recto et le verso du même. Vouloir leurs éviter l'un ou l'autre, c'est rêver que la vie passe à côté d'eux sans les voir, c'est leur refuser d'exister. (C. Singer 2006 p. 128)

  • A propos des femmes et de l'âme du monde

Les femmes ont-elles une âme ? Je réponds résolument non ! Il est évident que les femmes n'ont pas d'âme. Elles sont l'âme d'un monde. Elles sont notre âme. Il n'y a que lorsqu'une femme se mêle de vouloir exister par elle-même que tout dépérit autour d'elle. Dés qu'elle parade avec ses dons, s'en encombre, en encombre le monde, il n'y a plus qu'à détourner vivement les yeux. La grandeur des femmes naît de ce qu'elles en ignorent tout. C'est parce qu'elles ne prennent pas de place en elles que la vie peut y prendre sa source. (C. Singer 2006 pp. 140-141)

Les Sept Nuits de la reine

Singer, C. (2012). Les Sept Nuits de la reine. Albin Michel.

Une femme se raconte en sept nuits comme autant d'épreuves traversées qui touchent au plus intime et au plus profond de l'être humain : de la première nuit alors qu'elle a sept ans à Berlin en 1944 et qu'elle rencontre son père pour la première et unique fois aux nuits suivantes où elle découvre la passion amoureuse, l'amour maternel puis la perte intolérable de son enfant, ce sont des pages d'indicible densité où la souffrance, le désir, la passion et le bonheur, hors des ornières du jour creusent un lit souterrain inspiré et puissant.

  • Loin de fuir le monde, je m'y suis installée au plus dense, au plus dru. Un goût immodéré de vivre ne me quitte plus. Une acuité, une vacuité joyeuse m'ont libérée de moi. En cessant de ne me prendre que pour Livia, je me suis enfin perdue et retrouvée dans tout ce qui est et dans tout ce qui respire. Les verrous ont sauté. La vie me visite où, quand et comme elle l'entend. Les rencontres ont désormais une saveur d'épiphanie. Le réflexe ancien qui consiste à vouloir attacher à notre sort les êtres qui nous émeuvent s'est mystérieusement dénoué. Je rends hommage à la plénitude de chaque instant. Et de même que la corde du luth ne résonne que tendue entre la clef et le chevalet, notre vie ne donne sa tonalité que tendue entre deux supports, deux présences aiguës. Le lien qui se crée chaque fois de neuf ne relie plus deux personnes l'une à l'autre mais chacune des deux à la Présence - et en chacune des deux, le connu à l'inconnu, le visible à l'invisible, l'instant à la pérennité. 
  • J'ai parcouru le monde - et partout où il m'a été donné de faire halte - sur le pont des navires, sur les banquettes de cars déglingués, sur les terrasses de cafés, sur les marches des temples et des sanctuaires, entre les ballots des quais de gare, dans le foyer des hôtels - j'avais rendez-vous. Tantôt porte-parole, tantôt porte-silence et témoin, j'accueillais le récit de proches ou d'inconnus, je leur donnais le mien. Des bribes, des poussières d'étoiles. Et chaque fois j'ai pu voir cette métamorphose des corps et des visages quand une parole qui n'a plus où aller trouve une oreille, quand un regard démâté, fuyant, jette l'ancre dans un regard hospitalier. De tous les miracles qui ont jonché .ma route, le plus grand m'est apparu ce qui se tisse entre deux êtres quand leurs trajectoires se frôlent. Car Celui qui est et tient le monde entre ses mains a choisi d'agir sur terre par la seule entremise des vivants - dans ce hiatus incandescent qui les sépare et tout à la fois les unit. 
  • (…)
  • Je peux laisser dehors la ville exister sans moi. Je n'ai plus besoin de tout faire par moi-même, de tout vivre par moi-même; d'autres le font, le vivent pour moi. M'atteint la promesse du tout début : l'assurance de la jeunesse éternellement renouvelée du monde. Ce que tu laisses derrière toi n'est pas perdu ! Et si tu t'ingéniais à toujours être la même, à toujours être vue, comment ton visage de nuit trouverait-il sa forme ? 
  • (…)
  • Hiatus incertain, frémissant. Acrobatie sur un fil de vierge. Un siècle dure moins qu'un pareil instant... Il me reste en somme le coeur débordant d'amour, à maintenir un temps encore cette flottaison entre deux abîmes qu'est toute vie.

Évaluation située ou en acte : étayant & dynamique

Enfin une évaluation constructive. Dans les apprentissages ou encore au sein des entreprises innovantes, l'évaluation située ou en acte propre au sujet (le verbe d'action : évaluer) favorise la responsabilisation et l'autonomie des sujets par un dispositif évaluatif étayant et dynamique. Lorsque quelque chose déraille, va de travers, ce qui cloche est estimé d'après des dispositifs d'évaluation du contrôle et/ou de la gestion (le substantif : évaluation) tout deux externes au sujet évalué. Allons creuser plus loin pour élucider cela…

BONHEUR ! C'est quoi ?

Le bonheur devient un nouveau crédo pour le politique, l'entreprise et l'individu. Que penser de la phrase suivante : “La bienveillance et le bonheur engendrent la confiance qui génère la performance” - Elle n'est pas sans nous rappeler celle-ci plus ancienne : “Un esclave heureux est un esclave productif ”. Le mot-concept qualifiant le temps en “Bonne-Heure” et son contraire le “Mal-Heure”, de même pour la “Bien-veillance”, vont-t-ils être eux aussi détournés de leur sens ? La nuance et la réponse est-elle dans le modèle des relations humaines ou bien seriez-vous un Happycondriaque" ?

AMOUR n°1 : Amour - Sexe - Réalité / Violence - Douleur - Souffrance

Pourquoi l'amour fait mal ? Pourquoi fait-il autant souffrir ? Violence, douleur et souffrance sont souvent au rendez-vous des relations humaines. Ces trois termes sont souvent confondus ou bien l'un est pris pour l'autre. Pourquoi en ce XXIe siècle souffrons-nous autant de nos liens d'amour ? Avant son livre de 2017 “Happycratie” (Illouz, 2017) sur les marchands de bonheur de la psychologie positive du développement personnel, l'ouvrage de 2012 d'Eva Illouz, “Pourquoi l'amour fait mal” (Illouz, 2012), nous permet de développer ci-dessous quelques idées forces de son écrit.

AMOUR n°2 : Deux cheminements du bonheur & du désir d'amour

Le bonheur manqué et le bonheur en acte d'un amour qui peux s'exprimer par deux désirs opposés et très différents. La Vie se composerait de deux items ( Naissance / Mort de ce qui est né ) (cf. Rilke). Pour que la Vie vive, son processus serait l'Amour se composant elle-même de deux items ( Compassion / Haine ). Pour les philosophes et les psys, cet amour s'exprimerait soit par le désir (d) fondé sur un manque (bonheur manqué) ou soit par le Désir (D) fondé sur la puissance (bonheur en acte). L'un de ces désirs est aliénant (pulsion de mort) lorsque l'autre est libérant (pulsion de vie). Parler d'amour est une chose, mais le vivre sans en parler en est une autre. Que pouvons nous croire et dire de ces deux Amour-Désir et amour-désir ? Déroulons la pelote.

AMOUR n°3 : Désir - Joie - Thérapie

Pourquoi l'amour prend-il autant de place dans notre vécu ? Est-il indispensable ? Amour, désir... ces mots sont souvent flous ou contradictoires, l'amour aurait-il plusieurs visages. Les Grecs et les Romains avaient plusieurs couples de mot-sens pour désigner ceux-ci : éros, philia, agapé sont les principaux. Avec l'avènement du christianisme, ils se sont unifiés en un seul, Amour avec un grand A, provoquant ainsi des confusions de sens. Pour ce qui est du désir, nous avons le sens très ancien des philosophes et le sens contemporain de la psychanalyse. Ainsi, la notion de désir prend deux directions opposées, le désir fondé sur un regret (manque) et le désir fondé sur un souhait (projet). Équivoques, ces mots-sens sont confus, ils introduisent une incertitude, un doute quant à leurs compréhensions, interprétations et utilisations. Nos patients ou clients en souffrent.

Les sociétés matriarcales. Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde

Pour commencer déconstruisons un a priori. Non le matriarcat n’est pas l’inverse du patriarcat où ce serait les femmes qui domineraient. Oui le matriarcat est bien l’inverse du patriarcat dans le sens où les formes sociales matriarcales tel décrites dans l’ouvrage cité sont égalitaires, collectives et pacifiques contrairement à celles du patriarcales qui sont présentées comme compétitives, individualistes et belliqueuses. Allons un peu plus loin...

    Préserver un lien : Ethique des métiers de la relation

    Il y a une évolution historique de nos mentalités, l’individualisme rend notre rapport à l’autre encore plus douloureux. Nous ne le supportons plus, nous sommes devenus susceptibles. Nous voulons être reconnus, respectés, et que l’autre n’empiète pas sur notre territoire. Le for intérieur, l’intimité, le repli sur soi, la perte de l’espace public, l’intolérance à tout signe d’affrontement nous confrontent à l’émergence, chez ceux qui nous suivent, de tous les signes que nous croyions avoir éradiqués : la violence, la loi du plus fort, l’irrespect, l’incivilité […] Nous avons perdu le courage, nous ne savons plus nous confronter physiquement. Notre volonté de pacification nous fait éviter tout affrontement, nous préférons la bonté […] 

    On est parvenu à un tel respect de l’autre qu’on n’ose presque plus y toucher. Respecte-moi devient : “Prends-moi comme je suis”, “ne me demande rien”, “ne me bouscule pas”, “laisse-moi où je suis…”, “aime-moi, mais comme je suis”. Tu me dois le respect semble pour finir signifier : “Je suis suffisant et ma rencontre avec toi ne changera rien à ce que je suis.” Nous ressentirions comme violence tout ce qui n’entre pas dans notre monde… C’en est fini de la rencontre. Au fond, qu’est-ce qui nous permet de grandir, d’apprendre ? C’est bien d’être poussés, d’être “dévoyés”, d’être tirés hors de nous-mêmes, d’être séduits par ce que nous ne sommes pas. Or, un respect pris au pied de la lettre nous interdit de bousculer cet autre, de vouloir autre chose de lui ; nous tenons compte de son “je ne veux pas” émis en premier parce qu’il a peur, parce que l’effort demandé le tire de sa tranquillité. Dès lors, les gestes de la rencontre, les dispositifs proposés peuvent être ressentis comme des violences.

    Certes, mais n’allons-nous pas “crever” de rester en nous-mêmes, respectés pour ce que nous sommes ?

    Le miroir des âmes simples et anéanties (et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour)

    • XIIIe Siècle - Marguerite Porete - Béguine
      Ce passage n’est pas sans m’évoquer, six siècles après la béguine Marguerite Porete, la réflexion de Friedrich Nietzsche sur la chute des idoles ou encore “au-delà du bien et du mal”.

    Vertus, je prends congé de vous pour toujours : j’en aurai le cœur plus libre et plus gai, votre service est trop constant, je le sais. J’ai mis un temps mon cœur en vous, sans rien me réserver ; vous savez que j’étais à vous, toute entière abandonnée : j’étais alors votre esclave, j’en suis maintenant délivrée. J’avais mis en vous tout mon cœur, je le sais : j’en ai vécu un certain temps, en grand émoi. J’en ai souffert maintes graves tourments, maintes peines endurées ; merveille et que, absolument, j’en sois vive échappée. Mais s’il en est ainsi, peu m’en chaut : de vous, je suis sevré, ce dont je remercie le dieu d’en haut ; voilà une belle journée ! J’ai quitté votre prison, où j’étais en maint ennui. Jamais je ne fus libre, que séparer de vous ; votre prison ai-je quitté : en paix suis-je demeurée.

    L'empire de la compassion

    Audi, P. (2011). L'empire de la compassion. Encre marine.

    Ce n’est pas la bienveillance et le respect qui sont en cause en tant que telle mais l’usage que nous en faisons, d’où notre problématique suivante : “La bienveillance respectueuse est-elle inhibitrice ou motrice dans les apprentissages et le changement.” et sur le dilemme de Nietzsche à propos de l’ontologique compassionnelle de l’humain : ”S’il faut être compatissant, alors il faut l’être sans le dire, sans s’en glorifier et, surtout, en se tenant à distance de la souffrance que l’on partage."

    Contre la bienveillance

    La bienveillance comme comportements vertueux est un sentiment moral et la question d’Yves Michaud déjà cité est : “Peut-on bâtir sur elle une communauté politique ?” et “Il faut dénoncer la tyrannie des bons sentiments, la politique de l’émotion et de la compassion. Non que la bienveillance soit un sentiment indigne, mais nous devons cesser de croire qu’on peut bâtir sur elle une communauté politique.”

    La violence

    Michaud, Y. (2012). La violence. PUF.

    L’apparition du thème de la violence dans les discours politiques ou dans les préoccupations de l’opinion publique est le symptôme de problèmes sociaux et de peurs qui trouvent ainsi à s’exprimer. […] Le thème de la violence est donc un bon indicateur de la situation sociale et de la manière dont elle est perçue. […] La violence opère comme un révélateur. […] L’apparition de la violence (…) débouche (…) sur le besoin de bienveillance. […] À la bienveillance et au cynisme vient s’ajouter une dimension instrumentale, manipulatoire et technique. Le mélange de ces trois attitudes fait en grande partie le malaise contemporain vis-à-vis de la violence.

    Pourquoi l'amour fait mal l'expérience amoureuse dans la modernité

    Pourquoi l’amour fait mal ? Pourquoi fait-il autant souffrir ? Violence, douleur et souffrance sont souvent au rendez-vous des relations humaines. Ces trois termes sont souvent confondus ou bien l’un est pris pour l’autre. Pourquoi en ce XXIe siècle souffrons-nous autant de nos liens d’amour ? Avant son livre de 2017 “Happycratie” (Illouz, 2017) sur les marchands de bonheur de la psychologie positive du développement personnel, l’ouvrage de 2012 d’Eva Illouz, “Pourquoi l’amour fait mal”  (Illouz, 2012), nous permet de développer ci-dessous quelques idées forces de son écrit

    De l’âme. Sept lettres à une amie

    Devant cette avalanche de notions ou concepts (sur l’âme), le quidam moderne se sent perdu. L’unité de son être est rompue. Il le perçoit comme un ramassis d’éléments disparates arbitrairement collés les uns aux autres, une figure fragmentée, bardée de références qui ne renvoient pas à une unité personnelle. S’il ose se mettre devant un miroir, face à son image divisée, il ne sait plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer. Véritable portrait à la Picasso ou à la Bacon ! Bref, il est réduit à un misérable petit tas de secrets, comme disait André Malraux, et il ne sait plus comment faire de ce tas un tout, selon l’expression de Régis Debray. Il a tendance à faire appel à des marchands de bonheur et des chirurgiens visagistes pour lui venir en aide, pour lui refaire une figure apparemment cohérente selon un canon fixé par on ne sait quel arbitre social. Figure d’emprunt à laquelle il manque peut-être justement un élément, essentiel celui-là : l’âme.

    Cinq méditations sur la beauté

    La beauté formelle existe, bien entendu, mais elle est loin d’englober toute la réalité de la beauté. Celle-ci relève proprement de l’Être, mû par l’impérieux désir de beauté. La vraie beauté ne réside pas seulement dans ce qui est déjà donné comme beauté ; elle est presque avant tout dans le désir et dans l’élan. Elle est un advenir, et la dimension de l’esprit ou de l’âme lui est vitale. De ce fait, elle est régie par le principe de la vie. Alors, au-dessus de tous les critères possibles, un seul se porte garant de son authenticité : la vraie beauté est celle qui va dans le sens de la Voie (Tao), étant entendu que la Voie n’est autre que l’irrésistible marche de la Vie Ouverte (de Rainer Maria Rilke), autrement dit un principe de vie qui maintient ouvertes toutes ses promesses. Ce critère fondé sur le principe de vie exclut toute utilisation de la beauté comme outil de tromperie ou de domination. Une telle utilisation est laideur même ; elle constitue toujours un chemin de destruction. Oui, il faut toujours éviter de confondre l’essence d’une chose et l’usage que l’on pourrait en faire.

    (François Cheng (2006) Cinq méditations sur la beauté. Albin Michel. pp. 36-37).

    De l’enfant du désir à la crise de l’individuation. L’impossible entrée dans la vie.

    On peut résumer d'une expression ce statut inédit du nouveau venu en parlant de l'enfant du désir. Son avènement est fonction de ce changement de statut de la famille. L'enfant du désir, c'est l'enfant de la famille privée, intimisée, désinstitutionnalisée, informelle, qui n'a d'autre raison d'être que l'épanouissement affectif de ses membres. On fait un enfant non pour la société, pour la perpétuation de l'existence collective, mais pour soi et pour  lui-même. Je  souligne  la présence des deux faces qui recouvre en  réalité  une contradiction, une tension vitale. La venue de l'enfant, idéalement parlant en tout cas - c'est le nouvel idéal social en la matière - n'a de sens que s'il est désiré. L'horreur en ce domaine, c'est la contrainte ou le hasard. (…)

    • De l'enfant de la conséquence, nous sommes passé à l'enfant du désir souvent enfant-Roi sur-investi et sur-protégé (projets et projections de réalisation parentales) et maintenant nous passons à l'enfant-Précieux. La crise actuelle de l'indiduation des sujets (Moi-perdu) serait la conséquence du faite que l'enfant est proclamé sujet comme individualité avant même de le bâtir, de le devenir dans la relation à ce qui est autre que lui-même. La crise de l'individuation serait la conséquence de la crise de l'altérité, où le sujet est toujours relatif à ce qui est autre que lui-même. Une forme de déni de l'autre.

    Bébé Sapiens : du développement épigénétique aux mutations dans la fabrique des bébés

    il n'existe pas de représentation de soi qui ne soit une représentation de l'autre en interactions avec soi (…) l'instauration de l'appareil psychique est toujours une représentation du lien, dans le lien et par le lien. La subjectivation apparaît dès lors comme une intériorisation des représentations intersubjectives (…) comme une intériorisation progressive des représentations d'interactions. (Bernard Golse - Psychanalyste dans Candilis-Huisman, D., & Dugnat, M. 2017 pp. 131-133)

    Cinq méditation sur la mort, autrement dit la vie

    L’univers n'était pas obligé d'être beau. On pourrait imaginer un univers uniquement fonctionnel, un système neutre qui se serait développé sans qu'aucune beauté soit venue l’effleurer. Un tel univers se contenterait de tourner à vide, de mettre en branle un ensemble d'éléments neutres, indifférenciés, ce mouvant indéfiniment. On aurait à faire là un monde de robots, à une sorte d'énorme machine ou un monde concentrationnaire, mais en tout état de cause, on ne serait plus dans l'ordre de la vie. Pour qu'il y ait vie, il faut qu'il y ait une différenciation des éléments cellulaires, complexification, et conséquemment formation de chaque être en sa singularité. La loi de la vie implique que chaque être constitue une unité organique et possède en même temps la capacité de croitre et de transmettre. C’est ainsi que la gigantesque aventure de la vie a abouti à chaque brins d'herbe, à chaque insecte, à chacun d'entre nous. Tout être, de par son unicité, tend vers la plénitude de sa présence au monde, à l'instar d'une fleur ou d'un arbre. Tels sont le commencement et la définition même de la beauté. (Cheng, F. 2013 pp. 78-79)

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