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Narcissisme de vie narcissisme de mort

TitreNarcissisme de vie narcissisme de mort
Publication TypeJournal Article
Année1983
AuthorsGreen, A
ISBN Number2707306355
Mots-clésDésir, jouissance, mort, narcissisme, Vie
Full Text

Voilà donc les choses rétablies dans l’ordre : le principe de Nirvana (d’inertie) à pour tendance ultime la suppression des excitations, et le principe de plaisir en est seulement dérivé. La première théorie de l’Esquisse retrouve ses droits. […] Le divorce entre le principe de Nirvana et le principe du plaisir est prononcé et l’obligation de ne plus les confondent prescrite (Et nous prendrons garde à l’avenir de considérer que les deux principes ne font qu’un). Le partage de ce qui revient à chacun se fait ainsi : le principe de Nirvana exprime la tendance de la pulsion de mort ; le principe de plaisir représente les demandes de la libido ; et la modification de ce dernier principe, le principe de réalité, représente l’influence du monde externe. (Green 1983)

 

Notes en tension dialectique

  • Jouissance / Désir
    • Pour Green l'ambivalence > Satisfaire ses désirs / Désirez la satisfaction
    • Pour Misrahi l'ambivalence > Jouissance de l’Être (objet sujettisé) / Jouissance d’être (verbe moteur ou processus d'être)

Citations

  • Pour Green
    • André Green pose la question : Qu’est-ce donc ce désir ? Il propose de rendre intelligible ce mouvement :
      • “Le désir est le mouvement par lequel le sujet est décentré, c’est-à-dire que la quête de l’objet de la satisfaction, de l’objet du manque, fait vivre au sujet l’expérience que son centre n’est plus lui-même, qu’il est hors de lui dans un objet dont il est séparé, auquel il cherche à se réunir pour reconstituer son centre, par le moyen de l’unité - identité retrouvée - dans le bien-être consécutif à l’expérience de satisfaction.” (André Green, 1983 p.22)
         
      • “C’est ici que la mort prend sa figure d’être absolue. La vie devient équivalente à la mort, parce qu’elle est délivrance de tout désir. Serait-ce que cette mort psychique camouflant le désir de mort à l’égard de l’objet ? Ce serait une erreur de croire, car l’objet a déjà été tué à l’orée de ce processus qu’il faut mettre au compte du narcissisme de mort.” (André Green, 1983 pp. 24-25).
         
      • “La plénitude du narcissique s’obtient aussi bien par la fusion du Moi avec l’objet qu’avec la disparition de l’objet et du Moi dans le neutre.” (André Green, 1983 p. 58).
         
      • “Le sujet narcissique ne peut prendre le risque de délier son discours, comme si la seule déliaisons du langage avait le pouvoir de détruire l’image du soit hanter par le morcellement.” (André Green, 1983 p.75)
         
    • Autrement dit, c’est comme si nous étions hors de chez nous (décentrage) et perdu (manque), que nous souhaitons (désir) retourner dans notre logis personnel (Un) en faisant du stop (Autre). Dans le souhait non avoué de retrouver l’unité perdue (Tout = Autre + Un). Ce décentrage de Soi à Soi provoque le désir témoin de nos investissements de la satisfaction d’un désir (Objet > Libido) se transformant en désir de satisfaction (Libido > Moi). Se joue ici la dialectique du narcissisme dans l’expérience de la contradiction du désir.
       
  • Pour Lacan
    • Cela se résume à deux rives séparées par le pont de l'angoisse entre (Certitude/Incertitude) ou (Familié/Caché). Entre la rive de l'immédiateté de la jouissance et la rive du différé du désir, le manque et la perte exprime cette angoisse qui sera palier par les capacités de symbolisation de la (Présence/Absence) de l'autre (Mère) et Autre comme tiers (Nom-du-Père)
       
  • Pour Misrahi
    • “La jouissance d’être comme fin poursuivie, elle est ce qui commence à structurer le Désir–sujet et, comme fin actualisée, ce qui l'exprime et le réalise dans la plénitude de son être. Sans cette jouissance d'être, le Désir-sujet n'est que désire inachevé, mais le manque ne fait plus alors parti de son être et de son mouvement, il le détruit. Un sujet qui connaîtrait pas, d'abord partiellement et ensuite pleinement, la jouissance substantielle de l'existence ne serait pas un être humain achevé et ressemblerait plutôt un homme malade de ne pouvoir dormir. (…) Cette construction de soi par la lumière naissante exige la relation aux autres sources de lumière, qui sont elle aussi conscience et vie. Des miroirs sont ainsi nécessaires à la constitution de l’être. Chacun des êtres qui se sait comme source, chaque conscience, par l'échange miroitant et la multiplication de son rayonnement, peut ainsi devenir comme un soleil. La conscience est alors bien inscrite dans l’être et peut se réjouir de son être. (…) Dans l'éclat dorés de leur nouvelle lumière, les consciences peuvent alors librement construire leur joie. Miroirs et soleils, les sujets se font les architectes d'un nouveau monde et ils construisent ces Châteaux et ces Jardins où ils se réjouissent de se donner réciproquement, par leur lumière, et l’être et la jouissance d'être.” (Misrahi, 1996, pp. 458-460).

Concept de la "mère morte"

  • Citations
    • “Si la mère est en deuil, morte, elle est perdue pour le sujet, mais au moins, tout affligé qu’elle soit, elle est là. Présente morte, mais présente tout de même. Le sujet peut en prendre soin, tenter de l’éveiller, de l’animer, de la guérir. Mais si, en revanche, guérie, elle s’éveille, s’anime et vit, le sujet la perd encore, car elle l’abandonne pour vaquer à ses occupations et investir d’autres objets. Si bien qu’on a affaire à un sujet pris entre deux pertes : la mort dans la présence ou l’absence dans la vie. D’où l’ambivalence extrême quant au désir de rendre la vie à la mère…” (Green 1983 p. 273)
       
    • “Qu’après que l’enfant a tenté une vaine réparation de la mère absorbée par son deuil, qui lui a fait sentir la mesure de son impuissance, après qu’il a vécu et la perte de l’amour de la mère et la menace de la perte de la mère elle-même et qu’il a lutté contre l’angoisse par divers moyens actifs dont l’agitation, l’insomnie ou les terreurs nocturnes seront le signe, le Moi va mettre en œuvre une série de défenses d’une autre nature.” (Green 1983 p.256)
       
  •  Cinq mécanismes de défenses “d’une autre nature”
    • Défenses principales
      • Le désinvestissement affectif et représentatif de l’objet maternel comme meurtre psychique
      • L’identification inconsciente à la mère morte.
      • La perte de sens. L’enfant s’attribue la responsabilité du comportement de la mère
    • Défenses secondaires
      • Le déclenchement d’une haine secondaire mettant en jeu des désirs d’incorporation régressive
      • L’excitation auto érotique avec une réticence à aimer l’autre. Il y a une dissociation précoce entre le corps et la psyché, entre la sensualité et la tendresse. L’autre, comme objet, est recherché dans sa capacité à déclencher le désir.
      • La quête d’un sens perdu structure le développement précoce des capacités fantasmatiques et intellectuelles du Moi. Le plus important n’est pas de jouer mais d’imaginer afin de surmonter le désarroi de la perte du sens, de la mère destinée à masquer le trou du désinvestissement maternel tandis que la haine secondaire et l’excitation autoérotique fourmillent au bord du gouffre vide.

La différence notable entre le “signifiant” et le “représentant”

  • “Le représentant est un représentant de transfert (de désir de sens), tandis que le signifiant est le transfert d’un représentant. Et, s’il est vrai que ‘le signifiant et ce qui représente un sujet pour un autre signifiant’ (Lacan), on pourrait dire que le représentant est ce qui signifie un sujet pour un autre représentant […] irreprésentable, c’est le représenté […] inconscient toujours à déduire par le transfert. Si le symbolique gouverne en effet la psyché, il ne le peut qu’a articuler l’inconscient et le réel par le constat de leur irréductible différence.” (André Green, 1983 p.79).
     
  • Nouvelle contradiction ( Signifiant / Représentant ) > ( Le transfert d’un représentant / Le représentant de transfert )
    • Le représentant est un représentant de transfert, c’est-à-dire la parole adressée est la représentation de la relation entre l’inconscient et le réel qui incarne le sujet lui-même : son narcissisme.
    • Le signifiant est le transfert d’un représentant, c’est-à-dire l’inconscient représenté parle du désir et du manque constitutif du sujet.
    • Représentant > Ce qui signifie un sujet pour un autre représentant
    • Signifiant > Ce qui représente un sujet pour un autre signifiant
  • Limite syntaxique
    • Par sa parole adressée, le “représentant” ou l’interprétant donne sens à la relation du vertex et des investissements oscillatoires (Narcissique/Objet). Par cette même parole, le “signifiant” (qui se présente) élabore les figures de cette relation. Les limites syntaxiques de la langue évoquent le sujet, objet psychique, qui lui a permis de se constituer comme telle.
      • “La propriété de cette limite et qu’elle est une buté sur laquelle l’investissement se ‘renverse sur soi’ et se ‘retourne en son contraire’ dans l’espace narcissique où le travail du langage l’attend. L’investissement y fait œuvre de transfert. Le langage est l’effet de réflexion de l’acte impossible.” (André Green, 1983 p.80).
  • Rappel
    • Signifiant > Processus - Phénomène - Fondement > Ce qui se présente ou sujet du savoir > Action - Verbe - Praxis
    • Signifié > Concept - Idée > Représentant > Celui qui sait > Ce qui s'interprète ou symbolisation
    • Signe > Représentation légitimée > Ce qui est su > Savoir

 

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