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La princesse blanche

TitreLa princesse blanche
Publication TypeJournal Article
Année1904
AuthorsRilke, RMaria, Regnaut, M
Mots-clésamour, Grande Mort, maturité, mort, naissance, petite mort, vivant
Full Text

L'amour d'un être humain pour un autre, c'est peut-être l'épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c'est le plus haut témoignage de nous-mêmes ; l'œuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. C'est pour cela que les être jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer; ils doivent apprendre. De toutes les forces de leur être, concentrées dans leur cœur qui bat anxieux et solitaire, ils apprennent à aimer. Tout apprentissage est un temps de clôture. Ainsi pour celui qui aime, l'amour n'est longtemps, et jusqu'au large de la vie, que solitude, solitude toujours plus intense et plus profonde. L'amour ce n'est pas dès l'abord se donner, s'unir à un autre. (…) L'amour c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'amour de l'être aimé.  (Rilke R.M. 1966, pp. 334 – 335)

 

  • introduction de Maurice Regnaut
    • La princesse blanche, un personnage quasi initiatique : Elle nous fait nous souvenir qu’espoir, désire, pitié, effroi, le sens de chaque mots n’est rien de plus, rien de moins qu'une vivante expérience, elle nous met peu à peu face à cette évidence que du plus extérieur au plus profond, du plus visible au silencieux, chaque être et dans toute expérience un et même est total, elle atteste déjà pour nous que le dicible est la mesure humaine de toute réalité.
       
    • La Grande Mort, “der grosse Tod”, la mort que toute une vie a portée à maturité (…) Cette maturation n’est possible que par l’amour l'expérience amoureuse et ce qui peut faire achèvement et dont de surcroît, que le noyau devienne arbre et l'arbre fruit.
       
  • Pour Rilke
    • la Grande Mort = mort de sa belle vie
    • la petite mort = accident, maladie, mourir avant d’aimer
      • “L'amour d'un être humain pour un autre, c'est peut-être l'épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c'est le plus haut témoignage de nous-mêmes ; l'œuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. C'est pour cela que les être jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer; ils doivent apprendre. De toutes les forces de leur être, concentrées dans leur cœur qui bat anxieux et solitaire, ils apprennent à aimer. Tout apprentissage est un temps de clôture. Ainsi pour celui qui aime, l'amour n'est longtemps, et jusqu'au large de la vie, que solitude, solitude toujours plus intense et plus profonde. L'amour ce n'est pas dès l'abord se donner, s'unir à un autre. (…) L'amour c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'amour de l'être aimé.”  (Rilke R.M. 1966, pp. 334 – 335)
  • La princesse Blanche
    • « La mort, cela n'a-t-il pas un autre son ? Ce n'est que détaché, isolé, que le mot fait peur. Prend, comme s’il était tiens, les mots nombreux, prend les dans leur ensemble, tous, dans leurs fonctions : quand tout s’élève à l'extraordinaire, à la grandeur, alors s'élève aussi, alors seulement, chacun d'entre. (…) (Rilke R.M. 1966, p 41)
       
    • "Ainsi la mort, vois-tu, est dans la vie. Toutes deux se mêlent comme dans un tapis font les fils ; et du tout se dégage, pour celui qui passe, une image. Quand quelqu'un meurt, ce n'est pas cela seulement, la mort. La mort, c'est quand quelqu'un vit et l’ignore. La mort, c'est quand il est impossible à quelqu'un de mourir. C'est tant de choses, la mort ; tant qu'on ne peut ensevelir. Mourir et naître en nous sont quotidiens, et nous n'avons pas plus d'égard que la nature qui survit au deux, sans aucun chagrin, sans prendre aucune part. Souffrance et joie ne sont que des couleurs dans l’œil étranger qui nous voit. C’est pourquoi il est si important pour nous de le trouver, ce regarder là, qui dans son regard nous tient comme tout est dit simplement : je vois ceci et cela, là ou d’autres ne font que présumer ou que mentir. » (Rilke R.M. 1966, pp 45-46)
       
    • « la jeunesse n’est rien que le souvenir de quelqu'un qui n'est pas encore venu." (Rilke R.M. 1966, p 48)
       
  • Notes de Yannis Kokkos
    • Dans « les chemins qui mènent nulle part », Heidegger écrit : «… Se tourner vers l'ouvert c'est renoncer à lire négativement ce qui est. Mais qu'est-ce qui est plus étant, c'est-à-dire, d'après la pensée des temps modernes, plus certain que la mort ? La lettre de Rilke du 6 janvier 1923 dit qu’il s'agit de lire le mot de ‘mort’ sans négation… » (M. Heidegger, Chemins qui ne mènent nulle part, Paris, Gallimard, 1962, p. 363-364)
       
    • Cette Grande Mort peut être aussi un aboutissement de la vie puisque toute chose, toute idée, tout mot, n'est plein qu'en incluant son contraire.

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