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Paradigmes
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Paradigme scientifique ou de recherche : un programme qui unit un ensemble de chercheurs à un moment donné.

230 Paradigmes profanes : théories clandestines, devenues des “épistémologies ordinaires”, des modélisations implicites, insues mais incarnées, saturées d’investissements symboliques forts des univers culturels de pratiques différents, des paradigmes imaginaires, des lignées anthropologiques différentes. Un arrière-fond épistémologique, un système de références. Cet arrière-fond n’est pas constitué de savoirs savants ordonnés à la logique dominante d’une discipline, ce sont des évidences, des croyances, un héritage culturel attrapé par bribes, toujours mal agencées, sans dessein la plupart du temps des “idées générales”, du “sens commun”. Ce sont les éléments que les gens ont intégrés au hasard de leur vie, ce sont les fondements d’une civilisation. Ils constituent l’un des ingrédients d’une vision du monde que portera un sujet, y compris sans le savoir.

En Europe, deux paradigmes profanes sont transmis : le biologiste et le mécaniste. Se demander dans quel paradigme on fonctionne le plus souvent, où sont ses préférences. Se poser la question du positionnement paradigmatique est le début du travail sur soi. “Nous connaissons ces duels entre deux éléments. Il s’agit de l’instruction et de l’éducation du savoir et de relation de la raison et de l’intuition de la technique et de l’amour du social et du sujet individuel de l’intellect et du cœur… Ils émanent de deux antagonismes plus fondamentaux : cœur et raison sujet et social. Tantôt l’un, tantôt l’autre rêve de s’imposer. Nous aboutissons sûrement à une impasse : puisqu’il y a simplification de la réalité, il ne peut résulter de gagnant définitif. Un jour ou l’autre, l’adversaire refait surface et l’emporte. L’aller et le retour est incessant. Il est évident que, pour reconnaître cette complexité où les deux termes sont intimement intriqués, nous devons nous extraire d’un tel dualisme. Travailler dans l’affect retentit au plan cognitif travailler dans le cognitif se répercute dans l’affect. Il importe donc de penser autrement, entretenir une dialectique, une structure dialogique entre les positions antagonistes. L’avenir appartient à leur articulation, à leur présence contradictoire, et non dans le choix de l’un et l’exclusion de l’autre, dans une succession infinie”.

Voir Vision du monde.

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Paradigme biologiste
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Le monde est un tourbillon, tout est dans le changement, rien n’est stable. L’homme est objets de forces qui le dépassent, tout est flux, dynamiques. Prône une vision globale (holistique) des phénomènes, il s’agit d’une conception énergétique du monde qu’il faut apprivoiser.

Dans les relations humaines affiche la convivialité, le bien-être et même l’harmonie et privilégie les stratégies dites relationnelles.

En évaluation va donner la logique d’accompagnement.

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Paradigme mécaniste
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Le monde est une machine qu’on peut logiquement monter et démonter pour le comprendre ou le réparer. Correspond à une explication du complexe par le simple, à une réduction des phénomènes à un ensemble d’éléments agrégés. La composition de ces événements élémentaires sont pensés dans une combinatoire il y aurait juxtaposition des éléments simples. Le déterminisme régissant les faits que l’on observe serait essentiellement de type logique. A une telle conception correspond, par exemple du point de vue de la recherche, un recueil des données selon une démarche analytique en fonction d’un découpage logique de la réalité. Survalorisation de la raison. Volontiers dans la philosophie de la nature humaine.

. Dans les relations humaines affiche le primat de l’analyse, du raisonnement formel sur l’expérience.

En évaluation va donner la logique du contrôle.

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Paradoxe
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Le même message peut être compris à deux niveaux différents hiérarchisés. Quand je le comprends au niveau 1 je suis ramené au niveau 2. quand je le comprends au niveau 2 je suis ramené au niveau 1. C’est “un cul de sac”. Ex : tous les crétois sont des menteurs, dit le crétois.

“Le paradoxe est une contradiction qu’on renonce à élucider”, “Exigence formulée par Winnicott (1971) : “je demande qu’un paradoxe soit accepté, toléré, et qu’on admette qu’il ne soit pas résolu. On peut résoudre un paradoxe, mais le prix à payer est la perte de la valeur du paradoxe”.238

La systémique en fait le nec plus ultra de la pensée complexe (voir dialogie et dialectique).

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Parole
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Tout ce qu’exprime un sujet de lui-même, de sa vérité,

Ne peut être réduit au langage verbal ni à la volonté, ni à la conscience.

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Parrhésiaste
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Figure de l’éducateur qu’il peut prendre quand la confiance est établie avec l’éduqué. Consiste à dire ce qu’on pense être vrai, à ce moment-là de la relation. “L’Educateur qui se repère grâce à la figure du parrhésiaste prend la responsabilité d’une rupture d’un sens établi, d’éclatement, d’implosion, de perdition pour l’éduqué. Il va provoquer l’état critique, le chaos, le conflit, la surprise tout en ayant à cœur d’être présent dans la relation et d’être en alerte quant à la suite”. Moment d’accompagnement. Table sur l’autonomie de l’autre qui fera quelque chose de ce qui lui est dit. Effet attendu : faire sortir d’une situation fermée, d’une aporie.

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Partage
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Action de mise en commun pour distribution : le gâteau. Fait croire qu’un objet préexiste dont chacun va obtenir un morceau, une part. Evite de se poser la question de la “co-construction” de l’objet, permet la confiscation de l’objet par un pilote, un chef, un expert. Un des prototype de la bonne pratique dans les relations humaines, mot consensuel qui vient aux lèvres sans y penser et qui anesthésie la fonction critique : s’il y a partage c’est bien, on n’est pas dans l’imposition !! Permet au contrôleur de se mettre en position de distribuer des parts et de faire dériver la discussion sur l’égalité ou non des parts, sans qu’on s’interroge sur l’origine de l’objet à partager, sa conformation, ses ingrédients. Ainsi va le “projet partagé”. Une stratégie pour faire adhérer l’autre à ce qu’on lui a préparé.

Prendre part à une action, un sentiment : participer à. Une variation du thème de la place. Question de la proximité à l’autre. Se faire croire qu’on vit une aventure commune, une histoire écrite à deux par exemple. Dans l’intervention des consultants et des coachs, comme dans la dite “supervision” le risque est que l’un endosse ce que l’autre apporte, qu’il finisse par voir les objets à travailler comme lui, et perde le bénéfice de son extériorité : c’est “l’effet de collusion” : “Partager, en effet, avec les acteurs sociaux le rapport qu’ils entretiennent à leurs objets d’investissements efface la dimension subjective de ces rapports. Ce partage introduit un point aveugle (par objectivation) qui rend les contenus insaisissables. Il fait manquer l’intervention qui vise une mise ne mouvement du sujet dans son rapports à ces objets”. Dans la relation éducative en général et dans l’accompagnement professionnel en particulier, éviter le partage permet à chacun de rester à sa place, l’un accompagne l’autre est accompagné. Permet d’éviter la fusion, le transfert, permet la des-adhérence.

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Partenaires
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Prendre part à quelque chose depuis son point de vue : chacun sa part. Pour réussir ses propres objectifs, on a besoin que l’autre réussisse les siens. Le partenaire n’a pas le même objectif ni le même point de vue.

Si on a des objectifs communs, on est complices, on collabore.

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Perlaboration

Long processus d’élucidation progressive.

Métaphore de la stalagmite ou stalactite.

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Persona
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L’accompagnateur n’est pas “une personne”, c’est un professionnel. Ni clivage, ni partage, l’accompagnateur prend part sans prendre partie.

L’accompagnateur, c’est personne : persona. “La persona n›est qu›un masque, qui, à la fois, dissimule une partie de la psyché collective dont elle est constituée, et donne l’illusion de l’individualité un masque qui fait penser aux autres et à soi-même que l’être en question est individuel, alors qu’au fond il joue simplement un rôle à travers lequel ce sont des données et des impératifs de la psyché collective qui s’expriment”. On peut entendre par “psyché collective” de Jung l’ensemble des modèles, savoirs insus, habitudes, habitus, préférences, positionnement épistémologique profanes, acquis par l’éducation au hasard de la vie : ces ingrédients de l’Etre qu’on nous attribue, ce à partir de quoi se joue notre aventure pour passer de l’Etre à l’Existence.

“Ce qui semblait être individuel était au fond collectif” : accepter d’être fait de bric et de broc, avec les vieilleries en usage. Et puis se détourner de la “connaissance de soi” qui n’est qu’un désir nombriliste, dans la confusion entre le Soi professionnel et l’ego. L’accompagnateur est en retrait, il n’est pas la personne intéressante dans l’accompagnement. Il (n’)est personne.

Persona est un masque (voir masque) sur rien (d’intéressant). C’est le travail sur soi à faire pour devenir accompagnateur en RH. Rien à voir ni avec la maïeutique, ni avec le développement personnel. “Il faut d’ailleurs bien se rendre compte, si l’on va au fond des choses, que la persona n’est rien de ‘réel’: elle ne jouit d’aucune réalité propre elle n’est qu’une formation de compromis entre l’individu et la société, en réponse à la question de savoir sous quel jour le premier doit apparaître au sein de la seconde. Tel sujet a un nom, acquiert un titre, assume une charge qu’il représente et incarne l’un est ceci, l’autre est cela. Certes, naturellement, dans un certain sens cela correspond à quelque chose toutefois, comparée à l’individualité du sujet, sa persona n’est qu’une réalité secondaire, un simple artifice, un compromis à la constitution duquel d’autres participent souvent bien davantage que l’intéressé lui-même. Sa persona n’est qu’une apparence et, pourrait-on dire par boutade, une réalité à deux dimensions”.

Le soi professionnel est l’image qu’on veut faire reconnaître dans le monde professionnel : un personnage. Alors, Persona se travaille avec quatre mots clefs : accepter – assumer – habiter – se détacher :

accepter ce qu’on a reçu en héritage et ce que les autres ont fait de nous comme un matériau de départ,

assumer d’en être là pour aller ailleurs, faire avec,

habiter ses projets, ses actions, son activité, ici et maintenant, y jouer,

se détacher de l’Etre donné, attribué, subi pour déployer son ex-istence, dans le nomadisme.

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Personnage
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Figure jouée dans le milieu professionnel. Rôle dans une fiction, dans une narration (les actants de l’analyse structurale des récits). Ne peut être confondu avec la personne.

Toute profession propose une série de figures identificatoires possibles : l’expert, le consultant et le coach en sont.

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Personne
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Surplus de signification attaché à un être humain dont on suppose toujours qu’il n’est pas réductible à ce qu’on peut dire de lui.

Indicible, inanalysable, c’est “laisser vide la case de l’oncle Tom”, comme dit Morin, l’inconnu derrière le masque. Personne n’est là. Le vide n’est pas le rien. Le manque à être. A préserver tel quel : respect : “Le respect de la personne dans sa dimension psychique est un droit inaliénable”.

“L’être est ainsi le lieu de lésions incorporées, liées à son origine, à sa culture et à son parcours personnel, absentes mais présentes, résultant, toujours, de ses rapports avec les autres — du plus proche au plus distant. L’histoire personnelle, étroitement enlacée à l’histoire sociale et culturelle qu’elle participa à produire et à reproduire, enferme ainsi l’individu dans des schèmes de pensée et dans des processus de répétition comportementaux dont il ne peut rien dire parce qu’il ne les sait pas, et qui influent malgré lui sur ses choix, les plus idéaux comme les plus intimes”.

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Pertinence
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Mise en perspective de deux ensembles, identifier un lien entre deux ensembles. Construire ce lien est un travail et une mise en perspective. La pertinence n’est pas une donnée naturelle, elle n’est pas dans l’objet étudié.

On est pertinent à un contexte.

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Pilotage
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Forme d’étayage de l’autre dans le guidage.

Métaphore marine.

Travail de l’expert.

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Place
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Situation imaginaire d’un sujet par rapport à un autre.

Le thème de la place prise : Le guidage fonctionne sur une distribution implicite et évidente des places. Le guide assigne une place au guidé, la seconde place, celle de l’objet promené, de l’objet transformé. Non seulement le guide sait où il va mais de ce savoir qu’il met en acte sans délibération, sans discussion (là est l’imposition), il effectue la mise en place et met l’autre au second rang, en occupant, lui, la place du chef (origine militaire du mot place). Et de ce fait il organise “cet espace archaïque de repliement, de sécurité” où chacun est arrimé, repéré, casé : parce qu’on on sait à qui on a affaire, on sait à quoi s’attendre : le destin commun est tracé. Le guide ne travaille pas à faire que chacun ait une place mais d’emblée occupe la bonne place (celle dont tout dépend, la place du “responsable”). Le guidé est mis à sa place : celle de l’ignorant, du petit qu’il faut prendre par la main, qu’il faut aider. Chacun sa place, le rapport est réglé. Il n’a plus qu’à se dérouler selon le dispositif préétabli : “la suture exclut la surprise, l’émergence de l’imprévu, toute forme de jeu, de retournement, de permutation. Les rôles sont écrits. Il paraît impensable que l’on puisse bouger, modifier un tant soit peu leurs tracés et leurs inscriptions et à plus forte raison que l’on puisse s’aventurer dans la création collective d’une nouvelle écriture” (La relation est devenue simple, on n’a pas à s’engager, on n’a plus qu’à “partager” ce qui est déjà donné). La place prise tend à se faire passer pour une position dont le choix s’impose (agir conformément à son titre, remplir sa fonction, faire ce qu’exige sa position). Occuper la bonne place. Etre en “métaposition” (voir métacommunication).

Parler depuis sa place. A chacun sa place : en réponse à la question : d’où je parle ?

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Plaisir
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Le plaisir au travail n’est pas réductible à la confection normée d’un produit attendu. L’acte, comme organisation signifiante de gestes posés, des éléments de l’agir, n’est pas seulement signifiant par rapport à la “finalité de la tâche” : l’activité peut ne pas être téléologique (orientée vers la fabrication d’un produit) mais être un agir en soi signifiant, ici et maintenant, pour les acteurs eux-mêmes. “Le plaisir au travail est lié a l’action, mais pas à n’importe quelle action : celle que la personne puisse reconnaître comme sienne, […] qui réponde au double enjeu de la relation au travail, celui de trouver du sens à cette action et d’en tirer une double reconnaissance, à la fois à ses propres yeux (en termes d’image de soi) et aux yeux des autres”.

On pourrait aller jusqu’à dire que dans les métiers de l’humain, toute situation professionnelle n’est donc pas une situation de travail, si on réduit le travail à l’activité industrieuse faisant obligation de “produire”. Les activités dites de services, la plupart du temps, ne “produisent” rien, au sens industriel du terme : il n’y a pas une “transformation identifiable du réel” (du matériel), mais construction ou développement d’un changement incarné, social et symbolique. On ne peut continuer à assimiler l’un avec l’autre. Tout n’est pas “activité productive” il existe aussi une “activité constructive”. L’agir est plus large que le travail : les errances et les détours y sont signifiants avant d’être seulement productifs ou non. Voir Agir professionnel.

Le goût du bel ouvrage est essentiel dans le professionnalisme en général et dans la déontologie de l’intervention des intervenants de métier en particulier. L’esthétique n’est pas un surplus de signification, mais une dimension essentielle de l’agir, une valeur professionnelle. En lien avec l’excellence. Vivre l’exigence esthétique : le beau est efficace.

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Poiésis
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Monde de la fabrication d’où risque toujours d’être oubliée toute activité créatrice, tout investissement de l’humain dans les signes produits.

Peut être traduit par “le fabriqué”.

Contraire de la praxis.

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Politique
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Ensemble de visées concernant l’avenir collectif de l’humain. Principes, prises de position visant à améliorer les conditions de vie de l’être humain en société. Souvent confondue avec l’éthique. Fait partie de tout projet digne de ce nom.

Toute intervention est un acte politique en ce sens qu’elle suppose un ou des principes directeurs (des visées) sur le sens du changement.

Le projet de l’intervenant, parce qu’il est éducateur, est de travailler pour l’émancipation de l’autre, c’est-à-dire pour plus d’autonomie, plus de fonction critique, plus de responsabilité, plus de créativité, plus de pertinence aux contextes (professionnels), ce qui ne veut pas dire s’y adapter seulement mais aussi y apporter du neuf.

Etre éducatif, travailler pour davantage d’humanitude et lutter contre la barbarie, c’est un principe pour agir, politique et non pas éthique.

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Pose
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On prend une pose et on peut la reprendre à l’identique, parce qu’on s’est donné des points de repères. Est comme un scénario reproductible, hors le temps.

Travail du modèle du peintre.

A distinguer de posture et de position.

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Position
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Occupation de l’espace par le corps. Un corps qui ne se réduit pas au physique, au comportemental. Une position se tient par rapport aux autres.

En lien avec la hiérarchie institutionnelle qui donne la position, la position sociale. Etre situé sur une échelle. Occuper une position.

La position dévoile ce qui est, déteint sur l’être. Donne la légalité et quand cette légalité est confondue avec la légitimité, permet la confiscation de la place, chez le guide.

A distinguer de posture et de pose.

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Posture
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Attitude, façon d’aborder les situations, style. Elle se joue. C’est un travail d’acteur. C’est une occupation de l’espace signifiante dans les interrelations. Elle est au service de la fabrication d’un sens, de sa communication. C’est signifier les choses.

Ne se reprend pas à l’identique, on doit réactualiser les repères à chaque fois. Mouvement, équilibre instable, comme la marche effort et travail dans la durée. Est en lien avec le projet qu’on porte.

Evolue en permanence, décline des variations autour d’une figure possible, par exemple, le vérificateur dans la logique de contrôle ou l’accompagnateur dans l’autre logique de l’évaluation.

Souvent confondue avec la position (être calé dans un contexte, occuper une position et en déduire “naturellement” une place légitime) qui, elle, se tient, une fois pour toutes jusqu’à ce qu’on change de position. L’intervenant de métier peut aborder sa mission en tant qu’expert ou consultant. En effet, les différents métiers de l’évaluation du fonctionnement des organisations se répartissent selon deux fonctions :

l’accompagnement de processus collectifs et individuels (posture de consultant),

et le pilotage de projets (posture d’expert).

Toutes les missions peuvent être accomplies depuis une posture d’expert ou une posture de consultant. Le premier conduit, le second cherche à obtenir une démarche participative. L’expert dit, le consultant fait dire.

“Les gestes de métier ne sont pas que des enchaînements musculaires efficaces et opératoires. Ils sont des actes d’expression de la posture psychique et sociale adressés à autrui”.

A distinguer de position et de pose.

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Pouvoir
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Trop souvent péjoratif. Est une des problématiques de l’évaluation. Distinguer le pouvoir pris, du pouvoir assumé.

Autorité, légitimité : les ingrédients du pouvoir.

L’évaluation est, pour le sujet, une problématique du pouvoir, avec laquelle il n’a jamais fini de débattre. Etre formé n’est pas échapper aux surnormes sociales, l’évaluateur (mais aussi l’évalué, donc tout évaluant) est agi par (soumis) à l’air du temps, au consensus, aux évidences, aux allant de soi, aux normes et aux surnormes sociales, à des affects, des investissements symboliques, à un “imaginaire”. Etre formé c’est en être averti, ce n’est pas passer — miraculeusement — au travers.

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Pouvoir d’agir
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But de la professionnalisation : augmenter, remanier, réorganiser les possibles d’un acteur social.

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Pragmatique
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Etre qui n’est pas obnubilé par un objectif à atteindre, une cible fixée à l’avance. Contraire de praxéologique.

Est davantage dans la sphère de la question que de la réponse, du régulable que du programmé, de l’opératoire que de l’opérationnel, de l’intentionnalité que de l’intention, de l’inachevable que du définitif, du travail que de la substance…

Faire avec les aléas du terrain, réguler le prévu en fonction du rencontré, c’est travailler avec le terrain (voir RE), avec son équipe.

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Pratique
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De façon neutre désigne ce que font les acteurs dans un segment social : la pratique enseignante.

Péjoratif : routine, habitude, habitus, répétition, en opposition à praxis.

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Pratiques de questionnement
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L’accompagnateur n’est pas dans le laisser-faire, il questionne, il fait en sorte que l’accompagné se questionne. Les pratiques de questionnement dépendent de la conception de la question. Deux conceptions de la question existent :

la question peut être conçue comme étant le “double” de la réponse, c’est-à-dire que cette dernière est, de quelque manière, repliée, contenue, suggérée ou même émiettée dans la ou les question(s). On dit alors que question(s) et réponse sont indifférenciées,

la question peut aussi être conçue comme une source de réponses, comme une puissance génératrice d’une pluralité d’alternatives. Question et réponse sont alors différenciées.

Deux pratiques de questionnement alors sont possibles :

l’indifférenciation question-réponse. Elle consiste, pour l’accompagnateur, en un guidage plus ou moins finement réglé des sujets vers la réponse “qu’il a dans la tête”, par le biais d’une série d’interrogations pour faire construire une trajectoire,

la différenciation question-réponse. Elle a pour origine la décision prise en acte par l’accompagnateur, de refuser d’induire la réponse au profit de la promotion des capacités des accompagnés à créer leurs propres trajets.

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Praxéologie
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Obsession de l’utilité concrète. Discours de ceux qui veulent “optimaliser les pratiques”. Les praxéologues veulent changer l’existant décrété mauvais, pour l’améliorer. Sont obnubilés par les bilans, les constats, les dysfonctionnements qu’ils transforment en problèmes à résoudre. Fascinés par la prise de décision rationnelle. Prennent volontiers la posture de conseillers du Décideur. Ils se font croire qu’ils ne seront pas altérés, changés, par leur contact au terrain. La relation qu’ils installent à l’autre mime le rapport hiérarchique (ou sa variante : le simulacre de la relation thérapeutique où l’un est malade, ignorant et l’autre sain, savant) et n’est plus alors vécue comme une relation de sujet à sujet, une relation humaine. Se parent volontiers du nom de “médiateur”, en fait ne savent que préconiser des “remédiations” (de “remède” et non pas de médiation). Ont l’art de transformer en procédures logiquement ordonnées tous les phénomènes auxquels ils s’intéressent : pour eux, le projet, par exemple, s’aplatit en une “démarche” qui doit commencer par un bilan des dysfonctions la qualité se mesure et se contrôle seulement etc.

Ce sont la manière d’être (la qualité, justement) et la vision du monde (qui se veut dans l’excellence du paradigme mécaniciste) qui la sous-tend qui sont suspectes, davantage que la nécessaire fonction sociale du contrôle qu’elle sert. On peut espérer former des experts avertis qui feront des études praxéologiques sans en être dupes.

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Praxis
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Une pratique dans laquelle les gens ont un projet. Est création. On est ce que l’on fait. En faisant, on se fait. S’invente au quotidien (voir surprise). Pratique porteuse d’une visée d’autonomie qui reconnaît l’autre comme agent de son autonomie. S’expose au risque d’une confrontation à des sujets riches de leurs histoires singulières, de leur dimension de raison et d’affectivité, de conscience et d’inconscient et de leur capacité à produire du sens : “l’activité de celui qui vise l’autre autonome “n’est pas l’application d’une technique mais une praxis, à savoir l’action d’une personne qui se propose d’en aider une autre à accéder à ses potentialités d’autonomie. Et dans la mesure où le contenu concret de ce but n’est pas déterminé à l’avance et ne peut pas l’être, puisqu’il implique aussi la libération des capacités créatrices de l’imagination radicale chez le sujet, cette activité est création”. Les limites de cette activité […] ne peuvent être définies qu’en référence aux exigences du développement par le sujet de son activité sur lui-même”.

Les cinq dimensions essentielles de la praxis :

Sortir du schéma fins-moyens : L’action et la parole en débordent. L’action ne donne pas le sens car le sens échappe à toute maîtrise. C¹est la praxis qui développe l¹autonomie. L¹autonomie est un commencement, l¹activité de pensée est incessante.

Echapper à la relation agent-patient : L’action et la parole relèvent d’une interaction entre sujets.

Etre en relation imprévisible, fragile, infinie : La praxis pédagogique et éducative implique l¹inachèvement, elle est productrice de nouveau.

Viser l’autonomie des personnes et des collectifs : Dans la praxis, les sujets sont agents de leur autonomie elle reconnaît aux personnes la capacité à l¹auto production et à l’auto organisation.

Créer du nouveau : La praxis relève du “projet et non du “programme. L’acte est rupture.

Peut se traduire par l’Agir. Contraire de poiésis.

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Présence à l’autre
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Dans une conception impersonnelle et standardisée de l’entretien, “la chasse est déclarée à toutes les influences de l’interviewer sur l’interviewé. La conséquence est de tendre vers une présence la plus faible possible de l’enquêteur (la “personnalisation des conduites d’entretien pose problème”, “une absence en tant que personne ayant des sentiments et des opinions.”. L’expérience montre que “La retenue de l’enquêteur déclenche une attitude spécifique chez la personne interrogée, qui évite de trop s’engager : à la non-personnalisation des questions fait écho la non-personnalisation des réponses”. Car l’autre attend qu’il “sorte de sa tour d’ivoire, qu’il quitte son rôle froid de strict poseur de questions, qu’il se manifeste en tant que personne humaine ayant des avis et des sentiments”. Cette neutralité bienveillante – pas de jugement, de critique, de désapprobation mais une attitude bienveillante – ne suffit pas à l’entretien d’accompagnement : il s’inscrit dans une dynamique inverse. Comme dans l’entretien compréhensif, l’accompagnateur, ne gomme pas sa présence. Bien au contraire il est présent à l’autre, à toutes sortes de niveaux du corps-soi, dont il “doit essayer de faire […] une mise en synergie toujours plus ou moins problématique, traversant le corps et l’âme, le faire et les valeurs, le verbalisable et l’extralinguistique, le conscient, le non-conscient et l’inconscient, l’individuel, le collectif et le social…”. Et il manifeste cette présence à l’autre : il “s’engage activement dans les questions, pour provoquer l’engagement de [l’accompagné]”. Il peut même “donner son avis”, “souligner les contradictions […] être incisif”. proposer des interprétations. A d’autres moments, en revanche, il peut aussi se ranger aux côtés de l’accompagné, l’encourager afin qu’il poursuive. A cette fin, il mobilise “un arsenal de tactiques pour favoriser l’expression. Tout est bon pour faire parler et bien faire parler : le charme, la séduction, l’humour”, l’intelligence rusée, le Kaïros. Il place ainsi l’accompagné dans une “posture extraordinaire”, dans un espace de confiance, de fiabilité, mais aussi de déstabilisation qui le pousse hors de sa manière habituelle d’être, de penser, d’agir, de ressentir, et l’amène à exercer un travail sur lui, à problématiser.

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Prise de conscience
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Survalorisation ordinaire de la raison de laquelle l’humain devrait attendre son salut. Accolé à un gain de maîtrise.

L’essentiel n’est pas ce qui affleure à la conscience : l’écume ne dit rien de la qualité de l’eau de mer.

Expérience du flash, de l’insight, de l’eurêka. Jaillissement d’une compréhension. Mise au jour d’une vérité temporaire dont on va débattre.

A distinguer de conscientisation.

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Prise de décision rationnelle
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Prise de décision : un algorithme décisionnel traversé par une information évaluative. Agencement logique pour arriver à construire un choix et le défendre.

Se fait en quatre étapes,

< strong > 1 - Prise de conscience de la nécessité d’une décision : 
• Identifier les dysfonctionnements par des dispositifs de vigilance permanents,
• Identifier les besoins non satisfaits et les problèmes non résolus,
• Identifier les occasions que l’on aurait intérêt à saisir.

< strong > 2 - Formulation d’un programme d’actions : 

2a - Classer la situation en l’énonçant sous une forme interrogative

- Spécifier à quelle autorité incombe la responsabilité de prendre la décision et identifier ceux qui ont le pouvoir de l’entraver,

- Formuler les décisions possibles, dresser une liste explicite des décisions possibles pour clarifier la situation. Centrer son attention sur quelques choix possibles connus pour constituer une alternative acceptable. Evaluer en équipe la possibilité la plus prometteuse ou choisir une possibilité et la comparer avec une autre qui lui est opposée, pour retenir la meilleure et avancer ainsi,

- Spécifier les critères dont on se servira pour peser les choix, des variables qui se prêtent à la mesure en s’aidant des taxonomies d’objectifs existantes comme moyen heuristique, pour les décliner en critères,

- Déterminer plusieurs règles de décision possibles pour procéder au choix : préciser les conditions que doivent remplir chacune des décisions possibles pour qu’elles prévalent sur toutes celles qu’on envisage. Enoncer des règles mêmes approximatives, les essayer et choisir. Permet de mieux comprendre les critères,

2b - Estimer la chronologie qu’on entend respecter, prévoir un échéancier, déterminer à quel moment doit s’opérer le choix. Planifier la construction des outils, de la collecte pour l’analyse des données puis leur transmission au décideur.

< strong > 3 - Sélection d’un possible : 

3a -Obtenir et jauger le critère d’information pour chaque possibilité de décision. Obtenir de l’information critériée relative à chaque décision possible,

3b - Appliquer les règles de décision au critère disponible pour prendre la décision,

3c - Faire un retour sur l’efficacité apparente du choix envisagé,

3d - Confirmer le choix envisagé ou l’abandonner et reprendre le cycle

< strong > 4 - Exécution de la décision : 

4a - Déterminer sur qui repose la mise en application du choix retenu,

4b - Opérationnaliser le choix retenu : spécifier les procédures, les actions à conduire, le personnel à engager : faire le programme d’actions,

4c - Faire un retour réflexif sur la validité, l’efficacité du choix opérationnalisé : se demander si le choix rencontre les intentions de départ, s’il constituera une solution adéquate au problème que l’on cherche à solutionner et les bénéfices escomptés en justifient les coûts,

4d - Mettre à exécution le choix opérationnalisé ou reprendre le cycle.

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Problémation
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Construire des problèmes pour pouvoir les résoudre.

“Les acteurs sociaux souhaitent résoudre des problèmes. Leur demande concrète explicite est toujours une demande de solution pour résorber ce qu’ils nomment des dysfonctionnements. Mais, à travers les problèmes posés, ce sont le plus souvent des relations et des conflits qui sont en cause”.

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Problématique
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Texte, discours qui communique une problématisation. Terme appartenant au modèle de pensée de la dialectique.

Etat à un moment donné du travail du sujet sur lui-même, est toujours d’ordre identitaire, construit le sujet. L’Homme ici se donne des espaces de résistance, il se construit dans la tension entre des contraires, dans le lien de contradiction qu’il cherche plus à assumer (c’est-à-dire faire avec) qu’à dépasser. Et c’est parce que le sujet se donne un temps d’articulation de contraires, que la problématique sera productive. Sa fécondité dépend de sa tension. La durée faisant son travail, la contradiction devient vivable et le sujet part dans une autre problématique.

Est évolutive, transitoire, située dans le temps, travail des régulations : elle reflète la construction même du sujet qui la parle. Est une mise en scène de concepts mis en tension est singulière mais communicable : est travail des signes. Il faut pour pouvoir apprécier une problématique, avoir décidé que le changement, l’évolution, la singularité de l’être au monde sont essentielles.

A quoi reconnaît-on une problématique dans un texte ? 1/Ce n’est pas une phrase interrogative mais une question que le sujet pose et se pose. L’interrogation demande une réponse, la question n’appelle pas forcément une réponse. Et la question n’est pas forcément une phrase interrogative. 2/Une problématique ne peut porter seulement sur l’opérationnel. “Savoir comment utiliser ceci ou cela” n’est pas une problématique. Le “comment” communique le sentiment d’une urgence : l’urgence du faire et l’angoisse du bien faire : la quête obstinée de procédures (résolution de problèmes). Ce qui ne veut pas dire que le comment soit totalement exclu de la problématique, sinon les problématiques seraient seulement abstraites, déconnectées de l’agir. Mais l’activité n’est justement pas réductible au maniement de procédures, l’agir est engagement du sujet et sa construction. Le comment est inclus dans la problématique mais elle ne s’y réduit pas. Sert à faire vivre des questions, faire qu’elles habitent les gens, permet de se professionnaliser ou de se distancier, de développer des processus humains. Il ne s’agit pas d’éliminer la question mais de la faire produire et notamment lui faire donner des résultats.

Permet de travailler implication/distanciation (Voir Implication), elle permet d’être en projet, elle est autorisation du sujet.

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Problématisation
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Est un processus : la finale indique que ce n’est pas un état, ni une substance mais un travail du sujet, un construit élaboré. Est le travail engagé pour être en problème, c’est-à-dire dans une situation qui exige un effort, où on est en tension, entre des éléments qui ne devraient pas aller ensemble et qui pourtant s’imposent dans une même visée.

Travail de la contradiction, construction d’une difficulté, d’une situation consistante, de conflit, une occasion construite par le sujet d’un travail, d’une élaboration/perlaboration. (Voir dialectique).

Trois phases s’enchevêtrent : la position du problème, sa construction et la quête d’une réponse. Poser le problème, c’est s’attacher à le construire de différentes manières, à l’étoffer, à mettre en dialectique ses éléments (mettre au jour les contraires) pour se l’approprier reconnaître ou recréer un problème comme problème-pour-soi constater un désaccord sur un sujet : avoir conscience d’un problème et le reformuler, s’approprier une énigme, installer le questionnement. Construire le problème, c’est inventer et structurer un espace d’investigation visant l’élucidation des conditions du problème : dialectiser (faire le va-et-vient entre les contraires), questionner, étoffer le problème en le lisant avec diverses références se centrer sur la compréhension, la définition, la détermination des données, des enjeux, des circonstances et les mettre en discussion mettre en liens les données, inscrire le problème dans un réseau de problèmes. Se mettre en quête de la réponse, c’est Inventer et exécuter de plans successifs, conduisant à la production d’une “réponse”, en fait, d’une avancée reconstituer après coup (avec transformation) un cheminement vers cette réponse, de manière à le rendre intelligible à autrui recomposer un trajet : transformer le questionnement, effectuer une avancée.

Processus caractéristique de l’accompagnement professionnel.

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Problématiser
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(Faire) problématiser : L’accompagnateur problématise pour que l’accompagné lui-même problématise. C’est créer ou utiliser un décalage optimal entre ce que l’accompagné sait penser, sait dire, sait faire… et ce qu’il ne sait pas encore. Décalage où sont posées, par ajustements successifs, les conditions pour que l’accompagné soit confronté à de l’inconnu, mais un inconnu restreint à un niveau acceptable pour susciter la mise au travail, et pour faire surgir en même temps des contradictions ou des conflits qui provoquent un dépassement (re-structuration) de son mode de traitement actuel. Etoffer la question qu’on travaille, voir l’objet de travail sous plusieurs angles, le parler dans différents langages. Mettre en dialectique : chercher le contraire, supposer le troisième terme qui permettrait de faire avec les deux contraires, d’aller de l’un à l’autre. Entrevoir les doubles compétences.

En ce qui le concerne, parce que chaque situation professionnelle est unique, elle demande à l’accompagnateur de faire autrement (voire autre chose) que ce qu’il sait déjà faire, ce qui est schématiquement prédéfini. En d’autres termes, il doit intervenir sur le cours de l’action alors qu’il n’existe aucun ensemble ordonné de prescriptions, de normes — aucun algorithme préétabli à appliquer mécaniquement — qui lui permettraient d’appliquer ce qu’il sait. Il est donc face à un problème : ce qui le conduit à problématiser chaque fois son intervention, de manière à élaborer une démarche toujours différente.

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Problème
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Qui résiste. N’est pas forcément un dysfonctionnement. N’est pas naturel, est un construit social.

Deux conceptions existent :

La conception spatialisante dans laquelle le problème est considéré comme un obstacle à franchir par des trajectoires où le temps y est figuré comme chronologie. Il est prédéfini. C’est le problème à résoudre par une solution qui éradiquera la question (dans la résolution de problème et la prise de décision rationnelle). La réponse est dite apocritique : apo (qui sépare, qui évacue), critique (le questionnement) - c’est-à-dire qui solutionnent et suppriment le problème. Utilisation fréquente de la maïeutique pour guider vers la réponse que le maître a dans la tête.

La conception centrée sur la temporalité, elle, donne droit de cité à la déstabilisation, aux avancées et aux errements particuliers des sujets, à leurs ingéniosités. La temporalité, c’est ce qui se joue, ce qui se trame dans l’instant, ce qui dure. C’est l’histoire des mouvements propres aux sujets confrontés au problème, c’est le conflit, l’initiative, l’invention, le changement et l’altération, le projet. La temporalité, c’est ce sur quoi est centrée la conception du problème dans laquelle le sujet est considéré comme pris dans la situation. C’est un problème à élucider. Dans ce cas, la “réponse” est immanente au sujet : elle est “signée”, ne lui préexiste pas et ne peut donc pas être prédéterminée par l’accompagnateur, lequel est donc tenu d’agir sans avoir le repère de la réponse. De plus, ce n’est pas une solution, en ce sens qu’il y subsiste toujours un “questionnement en reste”. La réponse est alors appelée une “avancée”. C’est le problème à construire où la problématicité est inéliminable, persiste et se transforme constamment, cette transformation constituant la réponse. L’accompagnateur proposera d’abord “une réflexion sur la construction même du problème. Il incitera à explorer les façons possibles ici et maintenant de poser le problème. Il mettra en scène “une attention portée à ces contenus qui s’imposent comme des agencements méconnus […] comme dérangement du conscientisé, du volontaire, du cohérent, du maîtrisé […] une déconstruction du niveau manifeste des phénomènes. Au travers de cette déconstruction se révèlent des liens inédits”. Il demandera à qui profite cette construction-là et qui en pâtit, il œuvrera pour la création d’un problème comme problème-pour-soi : il entraînera vers une quête au sens plein du terme, dans le sens initiatique, non pas de recherche de la bonne réponse pour éradiquer le problème, mais d’exploration des possibles pour rendre habitable ce problème. La solution qui éliminera la difficulté peut advenir au cours de cette quête, on était alors devant un faux-problème. Mais le plus souvent devient vivable parce qu’il se déplace. Peut s’évanouir ou subsister ici ou ailleurs, mais il est devenu non pas un obstacle devant soi, à surmonter ou à contourner mais un des éléments avec lesquels avancer, c’est devenu un passage assumable parce qu’on a “dégagé une intelligibilité de contenus méconnus ou déniés”. La réponse qui fait s’évanouir le problème est une découverte imprévue, qui vient de surcroît, ou non : l’essentiel est d’avancer dans la compréhension de son monde.

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Procédure
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Manière de procéder méthode ou modèle à imiter, un modèle de référence à appliquer, une marche à suivre pour obtenir un résultat pré-défini. Ce sont des moyens. C’est le monde du comment faire. Dominante dans le dispositif de l’évaluation par la gestion des programmes.

Protocoles. Recettes à suivre. Liste d’actions, d’opérations à conduire, algorithme pour résoudre un problème. Séquence ordonnée d’actions pour fabriquer le bon produit, conforme aux critères pre-définis. Fabrication technique d’un objet. Recueil de procédures : – guide de montage – mode d’emploi, référentiel de bonnes pratiques.

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Procès
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Enchaînement ordonné de faits ou de phénomènes, répondant à un certain schéma et aboutissant à un résultat déterminé. Ensemble de procédures logiquement agencées pour produire un effet (dans le déterminisme) ou pour produire un objet (dans le fonctionnalisme). Quelque chose qui est en train de se dérouler et qui est finalisé. Ex : le vieillissement des cellules est un procès.

Se découpe toujours en trois temps chronologiques : avant – pendant – après.

Est un jeu réglé s’il est conçu dans la cybernétique comme un mécanisme inéluctable (un procès fermé). Et c’est un jeu régulé s’il est conçu dans la systémie comme un ensemble de maillons plus ou moins distendus (un procès ouvert) que l’événement imprévu peut infléchir.

L’intervenant de métier est appelé justement pour influer sur le procès qui est en cours dans l’organisation.

Mot savant pour dire un dispositif.

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Processus
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Trop souvent confondu avec procédures par l’emploi abusif de l’anglicisme “process”.

Dynamique inachevable, travail permanent, élan vers une visée. Ne se conçoit que dans la durée.

Qualité de l’investissement personnel dans l’agir et donc dans l’écoulement du temps, en fonction de son histoire. Une tournure acquise par l’expérience. Qualité de l’énergie convoquée par le sujet agissant. Mobilisation en vue d’agir. Façon de faire, d’entrer et de se tenir dans les procédures. N’a pas de fin, de lui-même. Est mouvement, jet. Peut être interrompu, ralenti ou réorienté, redynamisé. Les collectifs favorisent ou ralentissent le développement des processus. Apporte parfois du désordre dans les procédures, et donc de la créativité.

La tension entre procédure et processus peut cacher ou révéler l’opposition entre instituant et institué. La prise en considération des processus crée, dans la durée, le changement des situations et du sujet lui-même.

Le travail du consultant est de provoquer et de favoriser l’évolution des processus.

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Profane
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Ordinaire, construit par le social sans qu’on le sache, sans effort, du donné, sans travail critique, de l’acquis par immersion (ex : théorie profane). On peut dire aussi clandestin ou implicite.

Contraire du sacré : ordinaire, non investi de signification faisant appel à un autre sens, où les choses ne sont que ce qu’elles sont.

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Professionalsation
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Accélération du Pouvoir d’agir : de l’ordre du travail en situation, de l’autoévaluation, du questionnement partagé de l’individu et de la collectivité, sur ce que l’on fait, tout au long de sa carrière.

Par la confrontation avec des difficultés, de l’imprévisible, voire des échecs, se nourrit du double processus de distanciation-implication : d’une part par un effort continu de se décentrer de son propre point de vue en cherchant à comprendre des personnes et des systèmes très différents et d’autre part l’inverse, par l’intégration, l’approfondissement, la consolidation de son propre système de références.

Est un processus du sujet inachevable, sans cesse repris, qui fait du professionnel un être en changement, en progression constante, en désir de qualité. Est une dynamique, un déséquilibre permanent comme la marche, une quête.

Le professionnel n’est pas le savant, il n’est pas cet expert qui saurait toujours ce qu’il faut faire. C’est celui qui sait se poser des questions. Une bonne pratique est toujours une pratique problématisée. Former un professionnel, c’est lui permettre de problématiser des situations de travail et non pas lui donner des certitudes.

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Professionnalité
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Ensemble des critères qui définissent l’exercice de la profession en conformité avec la norme sociale et ou institutionnelle (ce qui est attendu dans l’exercice professionnel) à un moment donné.

Un bilan pour un contrôle. Etat stable et définitif donné à un moment T suite à un bilan, par définition statique.

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Projet
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Projection pour et dans l’avenir. Ce qui nous porte à agir, à aller de l’avant. Aspiration à un ailleurs et à un autrement. Privilégie l’anticipation. Donne une orientation. Nécessite l’acceptation du changement comme mouvement de l’humain. N’est pas qu’un outil (“  avoir un projet”) mais un travail des sujets (“  être en projet”).

Comporte deux versants indissociables : les “visées”, les conceptions éthiques et politiques, la hiérarchie des valeurs affichées, le “au nom de quoi” j’agis. Ce versant s’évalue. Comporte aussi “le programmatique” : la liste cohérente, ordonnée des actions prévues pour atteindre des buts fixés. Ce versant se contrôle.

Est donc soumis soit à la régulation qui permet de se réorienter, soit à la régularisation qui permet, elle, de tenir le cap choisi (Voir RE). Donne corps aux désirs et permet de faire des choix dans les situations. On habite un projet, on ne se contente pas de le réaliser.

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Projet d’évaluation
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Ce que veut faire l’intervenant dans cette organisation et au nom de quoi il veut le faire.

Permet de choisir parmi les modèles et les dispositifs de l’évaluation celui qui permettra le plus facilement d’apporter du changement dans l’organisation.

Soutient un travail sur le champ et les objets d’évaluation, l’identification des finalités et des enjeux de l’évaluation, la réflexion sur un (des) système(s) de références (déjà là ou à construire), un questionnement aboutissant à des positionnements sur l’intervention entreprise, l’élaboration d’un dispositif à partir d’un modèle et de méthodes d’investigation, d’enquête.