• DSM évalué… é-Moi

 

DSM5 évalué

 

 

A - Lettre à mon prof de psychanalyse

  • Bonjour. À propos du dernier cours, je l’ai trouvé fort ennuyeux mais très instructif à propos de la démarche de la « Bible DSM » de la psychiatrie sur le Diagnostique et Statistique des troubles Mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Étant un spécialiste des dispositifs d’évaluation dynamiques et élaboratifs des sujets et des organisations, je constate que le DSM pointe des critères de valeurs “subjectifs et singuliers” qu’il désire faire passé pour “objectifs et universels”. Ainsi, le résultat d’une telle lecture ne peut donner que des évaluations de la mesure et de la gestion faussées, tout comme une enquête d’opinions. Ce qui est un comble pour une démarche qui se veut et se croit scientifique.

    • Une évaluation “du rendre intelligible” estimative de l’approche clinique pour élaborer du sens est complémentaire et opposée à une évaluation “du rendre compte” du contrôle de l’approche expérimentale via des référés contenant les critères de valeurs. Le DSM utilise la première et justifie ses interprétations par la seconde par des outils statistiques (lesquels ?). Il y a un grain de sable dans le protocole même. S’ils continuent comme cela, ces experts torpilleront leur propre démarche. Quels collectifs de psychiatres le formulera ?

      • Je constate aussi que la finalité régulative du DSM n’est pas exprimée : "Quels sont les intentions et les objectifs ?" Que les questions évaluatives ne sont pas formulées : "Que mesurez-vous, pourquoi, pour qui… ?“  Et ainsi que les “objets TROUBLÉS évalués” pointés par les questions évaluatives sont elles aussi faussées. Dans toute évaluation, trois éléments peuvent être évalués : l’objet-sujet, la procédure utilisée par le sujet et le processus qui meut le sujet et je ne parle pas de l’autre ou Autre comme miroirs et de la qualité des liens systémiques. Le DSM reste collé au sujet et à ses comportements, il escamote la procédure, le processus, les miroirs de l'altérité altérente et les liens alors que la psychanalyse met l’accent en premier sur le processus (désir), puis les liens et les miroirs, pour continuer par les procédures, pour boucler sur la structure du sujet en mouvement de son expérience d’être. Trouvez où est l'erreur !…

        • Je peux terminer cette diatribe de l’analyse évaluatives des approches entre (Psychiatrie + DSM / Thérapie + Psychanalyse), l’une est conformatrice à une idéologie ici normative quand l’autre est élaborative des sujets et des organisations. Se dévoile la question du mythe d’Œdipe et du complexe de castration de la part même des intentionnalités cachées des évaluateurs créateurs du DSM évaluant les évalués. Il me semblerait qu’ils ne font, par ce DSM, qu’exprimer le Phallus en justifiant un cadre ou fenêtrage clivée. Sont-ils légitimés et par qui ?

          • Autre constat crucial, "ce qui indique" n'est pas à confondre avec "ce qui met en mouvement" et "ce qui vaut" comme critères. Les indicateurs comportemaux et les fonctionnements ne sont pas ce qui meut les sujets et ses organisations pointant les critères via des référés comme valeurs le tout dans un cadre normatif institué. À  confondre ou transposer les indicateurs en critères, la confusion engendrée par le DSM est grande. Où est l’erreur de ces évaluateurs ?

            • Si cela continue, cette erreur se transformera en faute scientifique versus clinique comme versus expérimentale. A vous lire, cordialement Fabrice Prévost

B - Le DSM 5 explique-t-il sa procédure d'évaluation ? Non (Rendre compte et rapport à la norme)

Même les Psy évaluent les situations intersubjectives pour adopter la "bonne" posture, le contraire serait se mentir. Dans tous les dispositifs d'évaluation soit interne ou externe à l'acteur il y a :

  1. Finalité-EVA - Deux finalités possibles en tension dialectique ( Rendre compte / Rendre intelligible ) pour se réguler. Quand le rendre compte compare à un étalon "idéal" de la normalité ou encore au fonctionnement "habituelle" de la personne vu par les autres (Qui est référant ?), ce qui est le cas du DSM, le rendre intelligible questionne. Et pour Winnicott, entre autres, se questionner c'est jouer, se créer et exister.
     
  2. Questions-EVA - Celles-ci conditionnent ce qui exprime la problématique ( Rapport à la norme instituée / Rapport au savoir en élaboration )
     
  3. Objets-EVA - Les questions évaluatives pointent des "objets" d'évaluation suivant trois aspects ( Résultats / Procédures / Processus ). Le résultat est pour le sujet ses comportements, la procédure sont les moyens mis en œuvre qui engendrent les résultats et le processus est ce qui mobilise le résultat (désir, jouissance, angoisses…).
     
  4. Critères-EVA - Pour pouvoir évaluer ces objets, des critères de valeur de ce qui vaut doivent-être mis à jour comme LOC ou RCV, Locus de Contrôle ou Référentiels de Critères de Valeurs (internes/ externes) aux acteurs. Pour un psy, un chercheur bien formés, le LOC interne serait le narcissisme 2e et le LOC externes serait le symbolique, sinon passé à la supervision. Quels sont donc les LOC des créateurs du DSM 5 ?
    • LOC ou RCV Internes à l’acteur > Subjectifs et pulsionnels
      Narcissisme primaire d'objet soi-même > Moi pour Moi > Auto-contemplation-proclamation (la légende)
      Narcissisme primaire d’objet l'autre > L’autre pour Moi > Projection (l'idéalisation > lunettes rose de l'amour)
      Narcissisme secondaire > Agir ou action (la sublimation > la recherche, l'introspection…)
       
    • LOC ou RCV externes à l’acteur > Sociaux culturels
      Idéologique > Dogmes, morale, normes, déontologie… > le bon, le beau, le vrai et le juste
      Contractuel > Engagement entre parties > Le contrat de travail, didactique, etc…
      Symbolique > Savoirs en mouvement constant > Quête du sens
  5. Indicateurs-EVA - Pour le DSM 5, les attitudes et comportements des sujets vont pointer les critères de valeurs, répondre aux questions évaluatives et ainsi permettre d'atteindre la finalité en se régulant.
        

C - Le DSM 5 explique-t-il sa finalité régulative ? Non (régularisation des comportements)

  • La finalité exprime toujours un souhait ou un désir de régulation. Tous les organismes cherchent a se réguler dans un environnement, cette régulation exprime la finalité de tous dispositifs d'évaluation ayant pour visée la régulation suivant quatre possibilités. Ici s'expriment les intentions, les intentionnalités comme finalité (projet de la visée), élaborant les objectifs (projet programmatique) et permettant les buts (projet opérationnalisé) des évaluateurs.
  1. Régulariser ( externe / interne )
    1. Régulariser par conformité à une idéologie (dogme, morale, norme) ou à un contrat > Soumission du Moi ± consentie
    2. Auto-régulariser à une idéologie ou un contrat par fonctionnement adaptatif > Moi absent, caméléon, insaisissable…
  2. Réguler ( externe / interne )
    1. Réguler par négociation des critères ayant pour but un enrichissement mutuel > Moi négociant
    2. Auto-réguler par construction de son sens et symbolisation > Moi élaboratif

 

_________ A lire

  • Corcos, M. (2011). L'homme selon le DSM: le nouvel ordre psychiatrique: Albin Michel.
  • Landman, P., Grampp, H., Astor, D., Rivais, R., Martens, É., Arnaud, D., . . . Ohana, S. (2013). Tristesse Business: Le scandale du DSM-5-Essais-documents: Max Milo.