— 3 - Trois écoles philosophiques

 

Nous pouvons piocher ce qui nous parle le plus dans chacune des approches différentes des écoles contemporaines comme des écoles présocratiques. Je préfère appeler cela des courants de pensée ou paradigmes de pensées. Cette attitude éclectique dépend aussi du contexte des actions en cours et de nos motivations personnelles. Mais tout choix d’action orientera notre vie et dénotera d’une réflexivité philosophique : laquelle ? L’aristotélisme, l’épicurisme et le stoïcisme sont des courants de pensée de la Grèce antique toujours d’actualité.

 

L’approche aristotélicienne

Elle représente l’idéal de la vie du savant. Une vie consacrée aux études sans compartimentage hyperspécialité. Démarche complètement désintéressée, chez l’aristotélicien l’étude n’est jamais faite pour un objectif donné ou un intérêt particulier, leur seul but était de faire avancer la connaissance (pulsion archaïque épistémophilique du fœtus et des petits enfants). Nos scientifiques actuels sont pour certains loin de cette démarche désintéressée sans entraves.

 

L’approche épicurienne

Elle proclame la simplicité de nos besoins. Elle les sépare en trois catégories : les besoins naturels et nécessaires (manger, dormir, boire, etc.), les besoins naturels et non-nécessaires (sexualité excessive) et les besoins ni naturels ni nécessaires (gloire, richesses, pouvoir, etc.). Seuls les premiers besoins étaient pour eux indispensables complétés par l’amitié et le dialogue dynamique-dialectique vu au chapitre précédent. Ils cultivent la simple joie d’exister.

 

L’approche stoïcienne (réf. 4)

Elle replace la notion de responsabilité du sujet pensant à un de ces principes clé de ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Ce qui dépend de nous serait uniquement notre façon de penser et représenter le monde et ce qui ne dépend pas de nous serait tout le reste. Ce ne sont pas les choses ou les événements qui nous affectent, mais nos avis, nos opinions et jugements de valeur que nous portons sûr eux. Ainsi, dissocier ce qui nous est propre, de ce qui ne l'est pas, est essentiel pour atteindre la sagesse. Ceci impliquerait une capacité de détachement de Soi, de nos préoccupations personnelles et narcissiques vers ce que ces philosophes nomment un troisième niveau voire un quatrième niveau de maturité du Moi du penseur. Dans le manuel d’Epictète, il énonce :

Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements (opinions) qu’ils portent sur les choses. (…) n’en accusons jamais d’autres que nous-même, c’est-à-dire nos propres jugements (opinions). Il est d’un ignorant de s’en prendre à d’autres de ses malheurs ; il est d’un homme qui commence à s’instruire de s’en prendre à lui-même ; il est d’un homme complètement instruit de ne s’en prendre ni à l’autre ni à lui-même.

Pierre Hadot, fait remarquer que grâce au stoïcisme, qui suppose une volonté consciente de nos responsabilités, cet auteur montre que la justice à évoluer sous cette influence philosophique dans la manière de traiter les esclaves ou dans le domaine du sens de la responsabilité pénale.

 

Trions… attitude éclectique

Je vous propose de trier les points remarquables de ces trois approches et de les actualiser dans notre vécu contemporain :

  1. notre curiosité désintéressée de tous buts et objectifs,
  2. nos besoins triés et hiérarchisés entre : indispensables, essentiels, superflues,
  3. notre façon de penser et d’exprimer le monde incluant le souci de soi et des autres.

Afin de réapprendre à voir et penser notre monde, un nouveau paradigme est indispensable. Le philosophe contemporain François Wolff précise : “Le langage est donc réfléchissant et totalisant. Il est à la fois ce par quoi on pense nécessairement et ce dans quoi on pense toutes choses par conséquent ce par quoi et ce dans quoi lui-même est pensé. Cela peut se dire d’un mot : le langage fait monde.” (réf. 5)

 

Ataraxie : Dans notre monde contemporain, nous remarquons qu’être philosophe d’une seule école serait restrictif voir dogmatique. Cette attitude éclectique d’ouverture et donc intégrative des différents courants de pensée ou paradigmes de pensées nous semble la seconde pierre à notre quête de la paix de l’âme.