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Face
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Thème anthropologique, réflexion sur les relations à l’autre. Rite d’interaction.

Préserver la face de l’autre : rester en contact avec lui, pour être avec lui, pour être présent à lui, en confiance. Unis par “l’objet sacré” qu’est la face, les protagonistes inventent une fiction : “Un travail de figuration assure le respect de sa face et celle des autres, évitant de les compromettre : c’est le tact, le savoir-vivre ou encore la diplomatie”.

Permettre à l’autre de faire face, avoir à faire à sa face, de se poser comme singulier : éviter toute tentation de fusion mimétique : ne pas se mélanger. Laisser de l’indécidable. Voir énigme.

Ménager sa propre face, c’est être pertinent au cadre de l’intervention. Jouer sa fonction, porter un masque (être un personnage), jouer dans une fiction, jouer vraiment. Être dans le détachement.

Habiletés qui permettent de construire un “espace potentiel”, de fiabilité, d’illusion et de créativité.

Les compétences de l’accompagnateur consistent cependant à aller parfois jusqu’à la limite de l’intrusion, pour compromettre le pré-encodé, pour déstabiliser le pré-structuré. L’accompagnateur est donc situé entre le souci de l’autre et l’impératif d’obtenir une accélération du changement.

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Faciliter
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Est facile ce qui se fait qui s’obtient sans peine, sans effort.

Une des façons d’aider l’autre qui sans ça n’y arriverait pas. Simplifier. Enlever les obstacles.

L’autre ne peut pas faire l’effort. La facilitation est une forme aigüe de l’aide : “Je te simplifie la tâche sinon tu n’y arriverais pas”.

L’aidant est en situation de dominant, il supplée à l’aidé.

Une aide radicale qui touche à l’objet même (ou à sa présentation) pour le rendre atteignable sans effort.

L’aidant se légitime par un a priori sur l’incapacité de l’aidé.

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Figure
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Personnification qui peut servir de point de repère par identification et faciliter le jeu des postures. Figuration imaginaire circulant dans le social pour imitation : personnage modèle, emblématique, une effigie. Ex : le jardinier est une des figures disponibles de l’éducateur.

La figure (identificatoire) n’est pas le simple enregistrement d’une représentation déjà là dans le social, ni une pure création individuelle : elle participe d’un système que le sujet se donne, un système de références, à partir de significations sociales (des portraits-types sont disponibles. Ni vraie, ni fausse, elle agit, elle signifie dans la parole professionnelle. La construction de l’identité professionnelle, inachevable comme tout processus du sujet au travail, et constitutive de la professionnalisation, passe par la mise en circulation d’images emblématiques du bon professionnel : des effigies. C’est une fiction sur le rôle qu’on veut jouer dans la situation, une galerie de portraits, des allégories, des “métaphores agissantes” (qui servent de repères pour agir). Les figures que le professionnel va incarner dans l’agir et qui lui permettront de travailler son identification professionnelle, s’articulent, voire s’amalgament aux traditions, aux “routines” apprises : ce qui se traduit par des codes, des marquages culturels, des identifiants, du corps professionnel. Ces marquages sont des analyseurs, indicateurs des fonctions telles qu’elles se déploient dans les rapports entre les professionnels. Les modalités de ces rapports vont participer à la dynamique identitaire de chacun où se déploie le processus de subjectivation : cette manière dont le sujet interprète la “distance à soi donnée par l’autre, les autres, le système, la situation, dans le même mouvement où néanmoins il intériorise, aussi, le discours qui le parle”. Evaluant une situation, le sujet peut utiliser ces figures imaginaires pour retrouver du jeu et assumer les postures dont il va jouer en situation, en lien direct avec ces personnages professionnels emblématiques.

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Finalité
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Vocabulaire de la technologie des objectifs.

Vague valeur posée en fin de parcours ou dans l’inatteignable des vœux pieux.

À peine posée, déjà oubliée.

Ex l’autonomie dans la pédagogie par objectifs.

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Formateur
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La plupart du temps confondu avec l’instructeur qui se contente de transmettre du savoir.

À pourtant la double mission d’instruire et de développer la personne, donc d’éduquer, en visant l’appropriation des savoirs par celui qui les apprend d’être un catalyseur, une des figures de la Médiation.

Son souci d’accélérer le changement dans les limites du temps qui lui est imparti et la survalorisation du savoir qu’il possède, le conduisent trop souvent à croire qu’il est là pour transformer l’autre. Il doit donc se battre en permanence contre son désir de maîtriser l’autre, de le modeler (à son image, souvent), d’avoir de l’emprise sur lui.

Tout formateur formé à la formation se sait par moments accélérateur du changement, personne - ressource pour que l’autre fasse sa propre route (accompagnateur).

La formation n’est pas seulement une réponse à une commande de l’entreprise pour adapter les hommes aux postes de travail, c’est aussi un espace/temps où s’inventent des compétences inédites, où germent de nouvelles activités professionnelles, où se joue l’avenir.

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Former
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Faire accéder à la forme, faire advenir. Trop souvent confondu avec donner une forme. On se forme. On ne forme personne.

Organisation spatiotemporelle d’expériences pour accélérer le développement, la maturation, l’émancipation de l’autre. Voir éducation.

Trop souvent réservé à la formation d’adultes. Le milieu scolaire est une formation d’enfants.

Se met en acte dans un dispositif toujours identifiable et plus ou moins déconnecté du reste des expériences du formé.

Ne relève pas seulement ni d’une ingénierie technique, ni d’un investissement du payeur. Est d’abord une aventure individuelle où se joue un remaniement identitaire Voir modèles de la formation.

Risque toujours d’être instrumentalisée pour en faire un outil au service des intérêts de l’entreprise dans une relation orthopédique de comblement des manques (les fameux “besoins de formation”).

N’est pas d’abord la mise en place d’un dispositif mais d’une relation : “Si le sujet, pour une raison ou une autre, ne peut mettre son désir en jeu dans l’apprentissage, s’il ne peut désirer être instruit, alors la formation, l’éducation, se heurte aux plus violents obstacles. […] Dans tout processus éducatif, il n’existera de sujet en éducation que si celui qui éduque, dés avant toute rencontre avec celui qu’il va éduquer, lui construit une place où il pourra se loger en tant que sujet”.