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Maïeutique
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Maïeutique comme art d’accoucher : légende socratique trop souvent convoquée comme source du coaching. Contre-sens et anachronisme sur le slogan “connais-toi toi-même”. C’est une “illusion rétrospective, c’est-à-dire cette tentation d’interpréter le passé à la lumière du présent. Le risque ici est d’invoquer un illustre ancêtre, Socrate, pour plaider une cause contemporaine dans un souci de trouver une origine noble”.. On ne peut assimiler un travail sur soi contemporain et la maïeutique socratique pour deux raisons :

dans le monde grec, la personne n’est pas perçue comme un individu psychologique, le “connais-toi toi-même” se réfère à la connaissance de l’univers et des dieux c’est donc un contre-sens de parler de maïeutique aujourd’hui pour appuyer un développement personnel.

dans les textes comme le Théétète, on “ne se réfère pas du tout à la découverte de soi mais […] aux lois de la géométrie” Il s’agit donc de mise au jour de notions mathématiques par un accompagnement pédagogique “autrement dit la meilleure voie pour amener un élève sur le chemin de vérités déjà tracées”. Cette notion de maïeutique, dès lors, est trop approximative, elle permet de confondre encore le guidage et l’accompagnement.

Maïeutique comme questionnement : procédé pédagogique consistant par un jeu de questions-réponses à conduire le formé vers la bonne réponse qu’on connaît depuis le début : méthode dite inductive. A été généralisée dans les années 1970 dans la pédagogie de l’enseignement programmé.

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Maîtrise
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Avoir à sa main, en être le maître.

Désir de posséder l’autre, déloge autrui de sa place de sujet. Voir Réifier.

Appliquée à soi-même : voir congruence et harmonie.

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Management
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Pratique du commandement et de l’encadrement, art de gouverner les hommes. Travail du cadre, de la Direction.

Le sens issu de mansionata, latin populaire de mansio qui signifie maison, demeure, et par extension, prendre soin, administrer, conduire, épargner dissimule le sens venant du verbe manéger : dresser le cheval dans le manège. L’anglicisme fait oublier l’ancienneté de la chose. Art de faire faire ce qu’on a décidé que les subalternes feraient (maneggiare” : manœuvrer, manier, liens, menottes). Devrait s’écrire manègement, en français.

Dans ses prétentions modernistes de gestion, le management annexe le savoir scientifique et postule une démarche technico-rationnelle qui donne un ensemble de procédures techniques et d’attitudes contrôlées pour intégrer l’évolution, dans l’illusion d’une conduite parfaitement rationalisée, de choix devenus inéluctables pour l’objectivation constante de ce qui les détermine.

Modèles : typologie, taxonomie du plus au moins impositif : commandement charismatique > commandement paternaliste > management par objectifs > par projets > participatif > situationnel > éducatif.

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Masque
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Sachant qu’un masque a pour fonctions de se protéger des agressions (même si c’est souvent illusoire), et de permettre d’incarner un personnage, c’est-à-dire faire autre chose, qu’on ne pourrait pas faire sans masque : changer ! (S’émanciper ! Et permettre que l’autre s’émancipe !). L’accompagnateur est un masque qui ne cache rien (d’intéressant), pas un vide : un pas grand chose, un petit rien du tout, là présent. C’est le masque du théâtre antique, et non pas le masque du carnaval libertin, qui sert ici de référence : il permet de jouer son rôle, de présenter le visage du professionnel. Rien à voir sous le masque, l’Etre nous embarrasserait. Se former, c’est apprendre à faire avec le manque à Etre, contre le désir de toute puissance. Il n’y a pas de vérité cachée derrière le masque. S’il y a besoin d’un masque, c’est parce que derrière il n’y a personne, un rien, et non pas un vide : je n’est/ai rien l’accompagnateur est affublé d’un [MOA] inintéressant, imprésentable.

Pour être présent dans la relation quand on en est responsable, dans tous les métiers de l’humain, l’effacement de la personne est nécessaire, au profit du personnage professionnel. C’est parce que nous assumons le masque que nous devenons personne : “Nous venons au monde comme individus, nous assumons un personnage et nous devenons des personnes, ce qui concorde avec l’analyse des documents retraçant le cheminement sémantique d’un terme à double racine étymologique : la personne est d’abord historiquement prosôpon (en grec), et persona (en latin), c’est-à-dire, pour le premier terme, visage, avec l’idée complémentaire de : ce qui reflète, puis masque, rôle, personnage, et aussi : face antérieure, front d’une armée, apparition, image, et enfin, homme, personne en général dans un sens vague. ‘En somme, [on assiste à] un développement assez analogue à celui du latin’qui parle persona, quant à lui, comme masque, homme masqué, puis rôle, acteur, puis personne représentée par l’acteur, avant que la référence théâtrale ne s’estompe complètement pour laisser émerger la personne proprement dite. Cette transition ancienne masque-personne peut amener à réinterpréter la signification du masque entendu par le sens commun comme porteur de la fonction de cacher, travestir, déguiser, pour lui réaffecter à l’inverse celle de refléter, exprimer, révéler : ‘Les masques sont des expressions figées et d’admirables échos du sentiment, à la fois fidèles, discrets et plus vrais que nature. Les choses vivantes en contact avec l’air doivent avoir un épiderme et on ne saurait reprocher à l’épiderme de n’être pas le cœur.’  ” . 

Le masque de l’accompagnateur est celui du professionnel de l’écoute. C’est travailler à n’être lié ni par le bas (enracinement), ni par le haut (transcendance) être désencombré, prêt à partir : entièrement ici et maintenant, au service de l’accompagné, prêt à jouer.

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Médiation
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Distinguer deux types de médiations :

Se mettre entre. Faire pont ou tampon. Pacifier. Faire l’intermédiaire : “on peut mettre quelque chose au milieu afin de remplir un vide, de combler un hiatus, une absence de liens : la médiation a ici pour fonction réelle ou imaginaire de lier les éléments disjoints […] de ressouder”. C’est “un outil de protection, de défense dont le maître escompte qu’il lui assure une certaine sécurité […] la perspective est ici celle de la règle et de son souci moïque de sécurité et de maîtrise”, ce qui correspond au guidage. Ainsi la médiation sociale, où le tiers est non pas l’externe mais le troisième, le médiateur, un intermédiaire. Le médiateur se prend pour le tiers, en fait il est le troisième homme : ce qu’il recherche en se plaçant au milieu de deux protagonistes, en “devenant un pont”, c’est pacifier deux parties, deux camps en désaccord la référence est la polémologie. Il s’agit d’aider les deux autres à construire les conditions acceptables pour arrêter le conflit ou le prévenir. Il s’agit d’aider l’un et l’autre soit à aller au-delà de leurs désaccords ou de leurs conflits habituels, soit à passer à un autre type de relation, soit encore à se séparer dans de bonnes conditions : en tous cas à se lier, à “réparer le lien social”.

Permettre à l’autre de se décaler, de devenir réflexif, de s’émanciper : Et “la médiation peut s’entendre à l’opposé comme ce qui réalise un vide […] où il n’y avait que du plein, où tout collait au point de paralyser tout jeu/je possible. Ici la médiation ouvre le champ symbolique d’un partage, elle fonde la possibilité d’un décollement, d’un mouvement”. C’est “la perspective de la loi, comprise comme inscription d’une séparation, d’un inter-dit […] qui différencie et ouvre un champ de réciprocité”, ce qui correspond à l’accompagnement.

Est appelé “dispositif de médiation”, en formation, l’introduction d’objets, de tâches, d’activités investies par les sujets d’une fonction d’ouverture, de jeu, qui assurent un décalage, une externalité afin de provoquer une médiation du sujet avec lui-même, “entre soi-même et son propre devenir-autre que la suture paralyse”. Ces activités assurent “une fonction transitionnelle où se développe l’auto-mouvement de chacun”. Ce sont les codes, les outils, les signes utilisés pour donner du sens à l’agir qui sont les médiateurs du sujet en conflit avec la situation dans laquelle et pour laquelle il utilise ces signes. C’est l’idée de la médiation sémiotique. L’étayage est dans le fait de mettre en présence l’apprenant avec ces signes. Fournir les bons signes ou baliser la route qui les fera utiliser, c’est du guidage, les faire rencontrer, c’est de l’accompagnement.

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Mentor
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Guide bienveillant. Parce qu’il a été initié, se met en position de guide, de personne-ressource qui sait ce que vivre veut dire. Se fait admirer ou pour le moins aimer. Se rend nécessaire comme aîné. Donne des conseils. Figure du Sachant, porteur du pouvoir du savoir.

A distinguer de l’accompagnement.

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Métacommunication
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Parler des règles dans lesquelles on évolue, revenir sur le mode d’expression qui vient d’avoir lieu pour l’analyser. Plus généralement, c’est évaluer ce qui vient d’être fait, faire un bilan ou vouloir interpréter ce qu’on a fait. Puis on peut aussi se regarder faire, c’est s’autoévaluer pendant qu’on fait ce qu’on a à faire, afin soit de vérifier, comme dans le bilan, la conformité de ce qu’on fait (autocontrôle), soit de se questionner sur le sens de qu’on fait (autoquestionnement).

Communiquer sur la communication : c’est encore et seulement communiquer, ce n’est pas la création d’un au-dessus, plus haut. Le “sur” dans “communiquer sur la communication” désigne l’objet de la communication, il a été malencontreusement interprété comme “monter d’un cran, pour voir plus loin, surplomber la communication”. Il n’y a pas d’au-delà de la communication. La métacommunication fait partie de la communication, elle n’est pas au-dessus.

Ce qui est appelé “métaposition”, c’est le pouvoir que s’arroge le guide d’être maître de cette métacommunication, il est celui qui a la bonne analyse du communiqué, il est celui qui peut gérer au maximum le non-dit et faire un travail d’analyse permettant à l’autre de mieux percevoir ce qui est en jeu derrière les problèmes de la relation. Assimiler le communiqué au non-dit et aux enjeux de la situation, est un tour de passe-passe qui rend nécessaire la place du guide, ce qui lui permet d’endosser le costume du révélateur pour le dévoilement de la vérité.

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Métaphysique
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Au delà du monde physique.

Contraire de matérialisme.

Envolée souvent lyrique vers l’ontologie.

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Méthode
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Mode d’organisation de l’action de l’intervenant de métier pour rendre compréhensible la démarche suivie et donc les résultats obtenus.

Exhibition de la rigueur et du détachement. N’est pas, pour l’intervenant, la simple imitation du chercheur.

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Métiers de l’évaluation
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La plupart du temps l’évaluation est une fonction dans un poste (comme chez le formateur, le manager, le DRH).

Elle est aussi un poste à part entière, quand il s’agit du fonctionnement des organisations en pertinence avec les projets et les politiques en cours : correspondent alors aux deux fonctions d’accompagnement de processus collectifs (consultant) et individuels (accompagnement, coaching) et de pilotage de projets (expert).

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Métis
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Pensée de la ruse. : se donner pour autre que ce que l’on est. Intelligence engagée dans la pratique, obstacles à dominer, efficacité. Duplicité, feinte, souplesse d’esprit, insaisissabilité, métamorphoses, débrouillardises. Domaines du devenir, du multiple, de l’instable. Expérience longuement acquise. Pas d’explicitation ni de justification de la démarche, est incorporée.

Contraire de la pensée par objectifs.

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Mettre en travail, mettre au travail
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Se donner une aire d’effort, un temps pour changer. Désigne l’objet du travail sur soi.

Se prendre comme objet d’apprentissage. Se mettre à l’épreuve sur un thème donné. Chercher à comprendre ses ressources et donc ses entraves. Identifier ses investissements. Se donner les moyens de remaniements.

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Métrie
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Dispositif d’évaluation dans le modèle de l’évaluation comme mesure.

Recouvre la psychométrie : étude de la fidélité des tests standardisés et objectifs, tests d’intelligence et de rendement.

Et l’édumétrie : étude de la fabrication des tests pour mesurer l’acquisition des savoirs, des programmes.

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Mieux-être
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Se situer sur un axe progressif. Chercher à améliorer son état vers du mieux. Axiologie de la médecine.

Base de la relation thérapeutique et de la relation orthopédique. Voir développement personnel.

Invention de la pensée magique. Mythe du progrès. Renvoie au syncrétisme.

A distinguer de bien-être.

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Milieu
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Métaphore écologiste pour indiquer que le contexte fait partie entièrement de la situation et n’est pas autour, à l’extérieur. Est à la fois l’organisationnel (le dispositif, la tâche) et le conjecturel (en adaptation ou pas avec les dites “contraintes” ou les “ressources du milieu”). Spécifie la situation. Il est l’endroit où on va puiser des informations supplémentaires pour éclairer dans la situation qu’on a délimité, l’histoire qu’on étudie.

Milieu pour l’étude : sorte d’espace d’intimité protégée, d’espace transitionnel, d’espace de confiance, grâce à quoi les sujets peuvent supporter l’incertitude liée à la crise. Ce qui peut leur permettre de se laisser aller jusqu’à une régression vers de l’ancien pour trouver des bases plus assurées qui leur permettent d’aller vers le nouveau.

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Mission
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Catégorisation de commandes que l’intervenant de métier peut traiter.

Segments identifiables de l’activité de l’intervenant de métier (Voir métiers de l’évaluation).

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Mobile
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Ce qui incite le sujet à agir et qui sous-tend les buts (rationnellement ou non) :

“Un même mobile peut se traduire a priori dans des buts très différents selon les individus ou les circonstances chez un même individu et inversement un même but peut servir des mobiles de nature très diverses. Le même raisonnement peut d’ailleurs aussi s’appliquer au rapport entre buts et moyens”.

“Les mobiles s’enracinent dans la sphère proprement subjective du sujet, celle de son histoire et de son économie psychique […] et se fixent sur des objets spécifiques au gré de la trajectoire du sujet” (du trajet, si on est dans l’accompagnement).

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Mode de la pensée complexe
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Une méthode vulgarisée par Edgar Morin : des principes pour une gymnastique de l’esprit, sachant que le complexe n’est pas le contraire du simple, Le simple est au cœur du complexe.

Le défi complexe : penser le complexe à partir de quatre concepts inter-reliés : l’ordre, le désordre, l’organisation, les inter-relations, c’est “la constellation” de base. L’organisationnel n’existe pas en soi, contrairement à ce que pensent les fonctionnalistes. L’organisation n’est qu’un des éléments de cette galaxie de concepts dans laquelle tous les éléments doivent être conçus en même temps, alors que deux d’entre eux sont contradictoires. Réhabiliter le lien de contradiction. L’ordre est souvent parlé sous l’objectif de “la cohérence”, ce qui devient le symptôme d’une obsession quand elle est un leitmotiv. Le désordre est ici réhabilité comme nécessaire, inéluctable, comme un surplus de sens, un débordement utile qui contrebalance le primat de la cohérence : réhabiliter la perte, le gaspillage, le luxe, le trop plein, l’esthétique baroque. L’organisation se lit et comme structure et comme système. Les interrelations sont les connexions, les réseaux les interinfluences. L’organisation n’est qu’un des éléments de la galaxie de concepts dans laquelle tous les éléments doivent être conçus en même temps : de même qu’un système n’existe pas, c’est un outil, l’organisationnel ou le fonctionnel n’existe pas non plus sans les humains qui les portent :

Les principes directeurs de la pensée complexe :- La dialogie consiste à associer deux éléments en une seule visée, de façon inséparable, complémentaire tout en les concevant aussi comme concurrents et antagonistes. C’est donc un principe qui permet non pas l’association des contraires dans un tout où ils se fondraient mais qui permet l’articulation des contraires par exemple, les notions d’ordre et de désordre sont dans un rapport dialogique : on ne peut penser l’un sans penser aussi l’autre.

La récursivité où ce qui sert l’identification de la cause sert en même temps la production, le résultat : ce qui génère est généré. On dira qu’ordre et désordre sont en récursivité quand on conçoit que les effets que l’un de ces éléments produit, servent en même temps que se produisent ces effets, à produire leur cause. C’est le principe de causalité chronologique qui est abandonné pour le principe de causalité circulaire en synchronie : les conditions d’existence ne précédent pas l’existence, les unes produisent les autres dans un même temps.

L’hologramme permet de concevoir les rapports entre le tout et la partie : la partie est dans le tout, et le tout (en tant que tout) est dans la partie donc le tout est à la fois plus et moins que la partie. Le social est dans l’individu, lequel comporte en plus sa singularité. Le programme total est dans la cellule même si certaines parties de ce programme sont inhibées.

La boucle : ces trois principes peuvent être appliqués aux mêmes objets et ils doivent être conçus comme bouclés les uns aux autres. Boucles rétroactives, proactives, interactives du système cybernétique mais aussi boucles ouvertes sur l’imprévisible créatif de complexité et sur l’éphémère. Rien n’est déconnecté. Voir bouclage.

Conception difficile, vertigineuse. La pensée complexe est exigeante : “C’est difficile, c’est fragile, c’est éphémère, c’est beau. Mais je crois, je crois en quelque chose de fragile, j’y crois de façon fragile, et je dirai même, je crois au fragile, je crois à la beauté éphémère” : En effet, la pensée complexe exige aussi d’admettre la parole (singulière, du Je qui pense) : “Je ne travaille que les idées qui me travaillent”. Ce n’est pas une pensée désincarnée. Le complexe, c’est l’acceptation de l’humain. Il se communique comme une interprétation du monde et non pas comme une révélation de la vérité : c’est le moment de se raconter des histoires, d’inventer des fictions, d’émettre du sens. (voir sémiose).

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Mode de pensée de la systémie
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Mode de pensée qui privilégie les interrelations entre les éléments et ne s’occupe plus de la nature des éléments, l’élément étant les relations qu’il entretient. Modèle importé des sciences de la nature.

Les différents systèmes se différencient par leur plus ou moins grande ouverture : se sont succédés la cybernétique, le systémisme, la systémique :

La cybernétique (avec son système fermé, mis en cohérence) qui considère le sujet comme un agent exécutant les ordres d’un chef déguisé en programme et un faiseur de produits calibrés, conformes à ce programme, qu’il faut surveiller.

Le systémisme (avec son système ouvert sur un contexte avec lequel il fait un tout) qui voit le sujet comme un acteur qui interprète le texte des autres, qui s’adapte au milieu qu’on lui donne.

La systémique (les systèmes de systèmes devenant des “systèmes complexes”, systèmes interconnectés, en grappe) où le sujet est une connexion, le nœud d’un réseau.

Appliqué à la relation humaine, l’ensemble des courants de la systémie se retrouvent dans le projet (éminemment programmatique) de “gestion du probable”, une ingénierie qui veut maîtriser son objet, toujours prise de vertige devant l’imprévisible et l’inachevable. Le point commun à toute la systémie est de considérer le système comme une totalité. On affiche la volonté de tenir une vision globale (qui est sa visée) mais on réalise l’exercice d’une vision totale (qui est son programme caché, de maîtrise de l’objet). C’est faire du système un plein, construit dans l’en soi, encore maîtrisable, un objet, disons, d’un “obscur désir de contrôle” :

La cybernétique transforme en produit tout ce qu’elle touche, elle réifie

Le systémisme fait la place belle aux procédures et introduit la notion d’acteur en laissant une place au sujet agissant : le monde est un théâtre, au mieux une commedia dell’arte où l’improvisation est au service de la gestion des zones de pouvoir (les zones d’incertitude)

La systémique s’intéresse aux “processus”, c’est-à-dire aux énergies vitales, humaines et pose que nous agissons par projet et non pas dans des projets. Ici, la personne invente le système et se met à l’origine (il est et acteur et auteur, sans cesser d’y être agent.

On voit bien la progression vers plus d’ouverture et d’indécision — ou de créativité. Mais la pensée de la systémie n’a donné lieu qu’à des dispositifs “par définition schématiques en ce sens que le nombre de paramètres qu’ils utilisent” (ou qu’ils considèrent) “est suffisamment restreint pour qu’on puisse les expliciter et les manipuler.” qui ne servent qu’à conduire des analyses de systèmes à propos desquelles Morin dit : “Je n’entre pas du tout dans ce qu’on appelle l’analyse systémique. Je suis beaucoup plus favorable à quelque chose qui s’appellerait la pensée systémique et je dirai que cette pensée systémique est un des éléments -- mais pas le seul -- d’une réforme de pensée qui me semble nécessaire.

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Mode de pensée déterministe
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Mode de pensée qui pose que les éléments sont des substances, des essences liées par les causalités avec un sujet pris dans un fatum. : le destin. L’important est donc dans le rapport cause-conséquence.

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Mode de pensée fonctionnaliste
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Mode de pensée qui se donne comme cadre le schéma moyen-fins.

Au nom de l’efficacité, pour la prise de décision rationnelle et la résolution de problèmes, s’adresse à un Homme rationnel, pour la rationalisation des pratiques.

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Mode de pensée structuraliste
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Mode de pensée où on cherche à mettre au jour des invariants, voire des universaux, où les éléments sont pris dans des enclenchements stables accomplissant des transformations : une structure, sur un sujet agi.

Le travail structuraliste se caractérise par l’exhibition d’invariants pouvant rendre compte d’universaux, il consiste à dévoiler par une structure un ensemble finis d’éléments (les invariants) couplés, connectés, réglés par des liens stables, enclenchés entre eux : la comparaison entre la structure et le squelette ou la charpente est sous-jacente. Mais existe aussi l’image du moteur, de la mécanique cachée sous le capot (Ce qui devient, sans rupture, la notion de système dans le courant cybernétique). N’est pas nettement distinguée de la notion de système qui finira par s’imposer (cf. les derniers livres de Piaget). La structure ainsi pensée et donnée à voir, explique, par le jeu interne de ses forces (Rapports de symétries, d’oppositions désignés justement par le terme de “mécanismes”), le fonctionnement de l’objet étudié, les modifications qu’elle opère sur cet objet.

La structure “traite” l’énergie (ou l’acteur) qui la remplit, elle est créatrice de mouvement, d’évolution. La structure est un schéma, une organisation prototypique, une trame, un scenario : dans les objets rencontrés, est virtuelle, résultat d’une lecture. S’actualise et ne se reproduit pas, est sujette à des variations locales.. La pensée dite “modale” consiste à reconnaître le schéma dans l’objet actualisé et remonter de l’un à l’autre (la réversibilité, chez Piaget). Est interprétation, reconstruction logique du fonctionnement.

L’intérêt accru pour le fonctionnement provoque la recherche des mécanismes ou des structures dynamiques de l’évaluation, lesquelles remplissent des fonctions (produisent des modifications). Identifier la fonction des structures évaluées va redéfinir la notion d’objectif. L’idée est, somme toute, de voir la structure pour mieux fonctionner, voire la réparer et, en ce sens, on est bien dans la gestion.

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Modèle
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Dans les sciences humaines : catégorisation, schéma, formalisation sémantique et linguistique. Sert à proposer des repères sur la réalité et non à la refléter. Il est fictif, virtuel, doit être actualisé dans les pratiques et modulé en fonction du contexte. Invente un ensemble d’objets et de procédures pour les étudier.

Dans les sciences de la nature : maquette, modèle réduit. On part du principe qu’il y a isomorphie entre le modèle et la réalité. C’est un modèle mathématisable, permet d’éviter d’avoir à travailler sur l’objet réel qu’il reproduit.

Modèles de pensée voir modes de pensée.

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Modèle d’évaluation
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Composante du système de références de l’évaluateur. Permet le repérage et l’autoguidage dans l’agir. Le modèle permet de se donner des repères organisés pour agir et de donner aux autres des scénarios d’actions, de construire des dispositifs et la méthodologie de l’intervention des intervenants de métier.

Pour tous les intervenants, penser dans un modèle, c’est utiliser, pour conceptualiser ce qu’on devrait faire, un ensemble de principes pour agir, qui ne sont visibles que parce qu’ils uniformisent les discours et les pratiques qui en découlent. Chaque modèle redéfinit l’évaluation pour son compte, il cible des objets à évaluer, il construit un programme d’actions.

Les trois modèles d’évaluation en éducation, en Europe :

L’évaluation-mesure : l’évaluation des produits et des états (dispositifs de la métrie, la docimologie) : comptabilisation des plus values, des effets, des impacts, comparaisons de bilans, des trajectoires

L’évaluation-gestion : l’évaluation des procédures, des moyens et des gestes (dispositifs : évaluation par les objectifs - évaluation comme aide à la prise de décision - évaluation formative dans la cybernétique – l’évaluation formatrice dans le systémisme – l’évaluation-régulation dans la systémique) : contenir et maîtriser les rapports aux situations, les agents, les exécutants. On gère les procédures, on prévient les dysfonctionnements toujours possibles en rationalisant les pratiques

L’évaluation-problématisation : l’évaluation des processus, des dynamiques et des relations (dispositifs de guidage et d’accompagnement : dialectique – herméneutique - pragmatique) : pour la problématisation des pratiques par les professionnels eux-mêmes afin de leur permettre de chercher du sens dans ce qu’ils font.

Les rendre disponibles, c’est avoir une culture en évaluation.

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Modèles de la formation
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“Il n’y a ainsi pas plus de savoir désincarné que d’être sans savoir. Toute transmission de savoir se soutient d’une relation entre êtres humains”.

“Evoque une intervention profonde et globale entraînant chez le sujet un développement dans les domaines intellectuel, physique ou moral, ainsi qu’un changement dans les structures correspondant à ces domaines”.

Modèle centré sur les acquisitions : réduction de la formation à l’apprentissage, sensé garantir un niveau de compétences et d’opérationnalité. Est un outillage applicable dans la pratique.

Modèle centré sur la démarche : vivre des expériences sociales pour le développement de la personnalité. Apprendre à apprendre.

Modèle centré sur l’analyse : continuer un travail sur soi en fonction des situations traversées. fait appel à l’autoévaluation et à la réflexivité dans l’analyse des pratiques rencontrées.

Modèle charismatique : c’est la personnalité même de l’éducateur qui propulse les formés vers les valeurs. Galvanise par le pouvoir de son rayonnement.

Modèle d’ajustage : l’éducateur s’adapte aux demandes des formés à partir d’observation de leurs performances.

Modèle d’affranchissement : pour se libérer de ses entraves. La relation devient essentielle.

Formation instrumentale : où on vise à faire acquérir les savoirs utiles.

Formation épistémologique : où est d’abord travaillée la conceptualisation, les cadres de références, les choix paradigmatiques à faire en fonction des contextes d’exercice auxquels on se prépare.

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Modes de pensée
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Gabarits, formatages, mises en forme pré-données de la pensée qui nous agissent.

Catégories présentes dans la culture européenne qui servent de cadres pré-construits pour la conceptualisation de la pratique et de l’être au monde. Nous agissent, désignent différemment ce qui est l’important dans la vie. Sont en nombre limité, mais peu de gens les connaissent et les distinguent. En général, on emploie celui qu’on a rencontré au hasard de sa formation et on se prive des autres. Font partie des “théorisations implicites” : “chaque acte de direction repose sur des postulats, des hypothèses et des généralisations, c’est-à-dire sur des théories, souvent implicites, inconscientes, ou même contradictoires” Voir modes de pensée, pensée déterministe fonctionnaliste structuraliste la systémie et la complexité.

Cadres disponibles (comme des schèmes sociaux) qui vont formater les modèles d’évaluation en éducation.

Donnent des répertoires de figures du sujet.

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Motif
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Ce pour quoi on est là : expression d’une raison d’agir.

“Alléguer un motif c’est rendre clair ce qu’on fait, aux yeux d’autrui et à ses propres yeux”.

A la fois du contrôle, de la prise de conscience, de la maîtrise, de la justification, et de la rationalisation et à la fois se questionner sur et non pas seulement répondre en se justifiant rationnellement.

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Motivation
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Ce qui nous pousse à agit. Appétence, envie, plaisir anticipé.

Voir mobile et motif.

N’est pas un état mais un processus qui se travaille.

A trop souvent servi à stigmatiser l’autre qui ne serait pas “motivé” alors qu’il fait preuve de négatricité.

Sous le terme de “demande”, sert encore d’excuse pour éviter tout accompagnement.

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Mouillage
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“Le mouillage est un terme de marine qui désigne :

un lieu abrité du vent et des vagues le long de la côte dans lequel un bateau peut s’arrêter en sécurité en s’amarrant sur son ancre.

la manœuvre qui consiste à poser l’ancre dans un mouillage”.

S’abriter, avoir des lieux de repos, de retour à la terre ferme : savoir ponctuer l’activité professionnelle de temps de calme. Trouver de l’aise (voir aise) dans ce qu’on fait. Utiliser les repères pour agir comme des ancrages dans son histoire : avoir fait des contraintes, des ressources.