B - Démêlons des confusions…

 

B1 - Évaluer c’est pouvoir (distinguer / comparer)

  • Lorsque nous devons agir, nous évaluons la situation. Une fois l’action réalisée en après coup, une évaluation de ce qui a été réalisé peut-être faite. Nous sommes en présence de deux types d'évaluation (Verbe : Évaluer / Substantif : Évaluation). Prenons l’exemple du médecin, en salle d’opération il évalue en acte, en continus et en situation ses gestes et forte heureusement. Dans un après coup, son intervention peut-être suivie d’une évaluation par ses pairs. De même pour une association, une fois l’action réalisée souvent une évaluation est prescrite dans le projet pour soit clarifier ou “rendre intelligible” ce qui a été réalisé et/ou soit rapporter ou “rendre compte” du projet pour le réajuster. Ne pouvant être juge et partie, normalement l’évaluation de l’après coup est toujours réalisé par autrui.
    • Cela pointe une première confusion courante. Le verbe d’action “évaluer”, il est LE processus actif dans l’instant et interne à l’acteur. Cette évaluation dynamique permet d’élaborer le sens en acte comme pour notre médecin. Ce dispositif est indispensable pour s’orienter et agir au présent. Quant au mot “évaluation”, il est une procédure. C’est un dispositif de contrôle de la mesure (rapport à une norme) ou de la gestion (rapport à un contrat), tous les deux sont externes aux acteurs et réalisé par un tiers. Ce dispositif est nécessaire pour stabiliser et réajuster l’action sur un référé donné (économique, résultats, etc.). Ce dernier est souvent la seule représentation du mot évaluation escamotant le processus qui le sous-tend.


B2 - Deux axes de finalités & Trois dispositifs d’évaluation clés

 

Évaluer, le verbe d'action est un processus
Le dispositif de clarification ou du “rendre intelligible” est unique et propre aux acteurs

  • Il est la capacité des acteurs à évaluer comme processus d’action dynamique, il pointe le verbe d’action “évaluer” : ce modèle d’évaluation située est performatif et implicatif. C’est la capacité à discerner, à se situer dans la galaxie des valeurs pour choisir et orienter nos actes dans l’instant présent. Cette capacité d'évaluer est élaboratrice de sens qui se tresse avec l'agir. Cette capacité à évaluer est toujours située et contextualisée. D’où cette idée que le modèle d’évaluation située est performatif ou implicatif. Elle est un questionnement des valeurs, ou de ce qui vaut. Elle permet une élaboration possible d’un “autre chose autrement” : le changement en acte. Elle est prospective, c’est la pensée du découvreur. C’est aussi l’approche de la récursivité avec ses boucles causales régulatives de la pensée complexe inspiré de la théorie des champs (Relativité & Quantique).


Évaluation, le mot substantivé est une procédure
Les dispositifs de mesure du “rendre compte” sont deux et propres aux organismes

  • Ils sont des évaluations comme procédures de contrôle, ils pointent le mot “évaluation” : ces modèles d'évaluation sont descriptifs, normatifs et rétrospectifs/prospectifs. C’est la capacité à contrôler par la mesure et/ou la gestion ce qui a été réalisé dans un temps différé rétrospectivement. C’est identique à un contrôle fiscal, à un contrôle des connaissances, cette évaluation par la mesure est un écart à une norme comme étalon ou à un contrat référé. D’où l’idée des modèles de l’évaluation du contrôle soit de la mesure (écart à une norme) où soit de la gestion (écart à un contrat). C’est un “plus de la même chose” de la conformité. Elles sont rétrospectives, c’est la pensée du répétiteur. C’est une approche mécaniste de l’évaluation avec sa boucle de rétroaction régularisatrice des sujets en rapport aux normes et contrat comme critères de valeur en vigueurs du social.

B3 - Hypothèse

  • Ce qui nous semble essentielle à percevoir est le faîte que si la capacité d’évaluer est absente ou sclérosée chez les acteurs de la scène alors seul les seconds dispositifs de l’évaluation du contrôle seront actifs par défaut. Être comme… faire comme… ressembler à… par idéalisation, par conformation ou imposture se substitueront aux capacités et compétences propres des acteurs. Notre hypothèse est là, l’enfant ou l’adulte quand ils partent en vrille (effet), ce serait aussi leur capacité d’évaluer comme compétence qui serait inopérante (cause). Ce serait la sclérose des dynamiques fondatrices du vivant puisque l'enfant à l'origine évalue sinon c'est la psychose. Ré-apprenons ou débloquons cette compétence primitive sclérosée.

Ne plus confondre le processus d’évaluer du “rendre intelligible” et les procédures d’évaluation du “rendre compte” nous semble essentiel. Lorsque nous partons en vrille ce pourrait être aussi notre processus qui ne peut s’étayer sur des valeurs (non-sens). Dans ce cas, la question est sur quoi s’étaye notre processus comme capacité d’évaluer ? Sur des normes sociales, sur un contrat d’engagement ou sur des savoirs en perpétuels mouvements, etc.