E - Analyse & Interprétation Psy

Les remarques de Serge Boimare entre ( Certitude / Incertitude ) dévoilent une difficulté initiatique de la période de Narcisse des 18-30 mois de l’enfance. La honte d’être, d’exister par soi-même prédomine sur la culpabilité de la période postérieure d’Œdipe des 5-7 ans.

 

E1 - Période de Narcisse

  • Cette période clé du développement de l’identité de l’enfant nommée aussi stade du miroir (Lacan) ou d’individuation (Jung), met en scène le mythe initiatique de Narcisse de la séparation de la fusion (mère/enfant) puis de la rencontre du tiers comme celui qui capte le désir de la mère. Dans le mythe d’Ovide, Narcisse à deux choix lorsqu’il se regarde dans le miroir symbolisé par l’eau du lac qui est, sans qui le sache, son père Céphise. Soit il réfute le reflet et reste dans l'amour fusionnel de sa mère la nymphe Liriope, soit il défusionne pour se créer comme individu émancipé et autonome. Contrairement à l’idée du commun, Narcisse réussi cette initiation, il se reconnait et décide de mourir à lui-même, le Narcisse fusionné à la mère, pour laisser vivre cet autre lui-même du reflet, le Narcisse en élaboration de son identité propre préfiguré par une fleur.

 

E2 - Mouvement de la pensée critique réflexive

  • Pour ces enfants qui ont peur d’apprendre et qui s’empêchent de penser par eux-mêmes, le propos est justement leur capacité à mettre en route ce mouvement de leur pensée critique réflexive. Quand Narcisse dans le Mythe comprend les enjeux, la connaissance qui se dévoile à ses yeux l’amène à assumer un choix : mourir à son passé pour marcher vers son devenir. Les enfants de Serge Boimare refusent ce choix. Pour cela, ils transposent leur fusion à la mère à une fusion secondaire de substitution du groupe d’appartenance et de la sur idéalisation de héros. Il reste dans le fantasme, dans un imaginaire de l’omnipotence du Moi idéal de la prime enfance. Ils ne veulent pas mourir aux anciens schémas psychiques pour pouvoir vivre bien sûr.

 

E3 - Changement de temps : Immédiateté - Transitionnel - Différé

  • Le passage du temps de l’immédiateté de la jouissance (fusion) au temps du différé du désir (manque de l’autre) ne peut se réaliser que via un espace transitionnel intermédiaire de symbolisation (Winnicott) ou le temps de suspension de la réflexion des sujets de Serge Boimare. Ces enfants soit ne peuvent vivre cette initiation (carence d’étayage) et/ou soit refusent le manque de l’autre en soi leur permettant d’élaborer les limites de leur identité. Point d’initiation et c’est toute l’identité du sujet qui est impactée. Le Moi du sujet trouve un substitut comme béquille en se collant à une idéalisation, un groupe d’adhésion et de reconnaissance. Idem pour les adultes chercheurs qui se collent et se cachent derrière des citations d’auteurs fétichisées pour se donner l’illusion de faire partie du "troupeau des savants" fautes de penser par eux-mêmes.

 

E4 - Ces enfants sont pleins mais vides d’eux-mêmes

  • Ces enfants sont pleins ou remplie par la société de consommation et du spectacle ; plus de manque, plus de perte mais pour autant ils restent vides d’eux-mêmes, de leur identité singulière. Misès* et Quemada* parlent de pathologies limites et Green* d’états limites pour expliquer ce phénomène de société qui impacte les enfants. Ils incriminent la qualité et la carence des processus d’étayage permettant à cette initiation narcissique de s’élaborer. Ces carences d’étayage pointe pour Paul Marciano* trois problèmes socioculturels, le rythme de l’enfant, les projections des failles narcissiques des adultes sur les enfants et le dénie des institutions et du système éducatif.

 

E5 - Certitude & Incertitude

  • Cela peut paraître paradoxal, il n’en est rien. Tout sujet en expérience d’être (Mythos) doit se créer un monde de références (Logos), un devoir-croire en quelque chose pour se circonscrire lui-même (certitude). Apprendre et connaître génèrent de l’incertitude et ainsi de l’angoisse. Pour remédier à cela, l’enfant substitue cet univers de l’inconnu à celui des certitudes factices d’adhérence. Le "je suis" et le "je crois" remplacent le "je découvre" et le "je m’élabore". Le savoir du "prêt à penser“ devient un produit de consommation qui remplace le manque et l’effort que nécessitent toutes connaissances de ce qui est autre.

 

E6 - Que faire ?

  • Ces enfants adhérent à des illusions par absence de la présence de ces espaces transitionnels de symbolisation. Le travail à réaliser serait de recréer des espaces d’auto questionnement réflexif pour remédier à la fonction éducative absente. L’école doit-elle, peut-elle et veut-elle remplir cette fonction d’étayage en carence ? Dans une pédagogie active, Serge Boimare propose de partir de ses représentations cultes des enfants, ces héros bardés de muscles et de défenses, et de les transposer aux mythes de la Grèce antique pour réinstaller ces espaces de suspensions, de dialogue. D’autres idées ?…

 

E7 - Pour clôturer ce déroulé, un petit poème…

Par cet échange de mots, la solitude s’éteint et vos silences s’écoutent. Lorsque l’amour tourne les pages du livre, alors la pensée l’épitaphe et le ferme. Qu’il est dur de devoir mourir à soi pour pouvoir vivre de l’autre. (Sang faim)

 

E8 - Les enfants qui n’apprennent pas… comme il faut

 

 

 

Fabrice Prevost - Consultant - Formateur - Coach

Psycho Pédagogie Familiale & Sociétale