A - Parole - Comportement - Identification

Ne surtout pas penser et agir par soi-même, et éviter de s’identifier aux modèles des adultes., sont les trois observations de Serge Boimare à propos des enfants qui s’empêchent de penser et qui ont peur d’apprendre.

 

A1 • Par défaut d’oser affirmer leur propre point de vue

ils s’autorisent l’usage unique de la parole du groupe

  • Ces enfants préfèrent décalquer, reproduire les mots, le langage et la penser du groupe d’adhésion. Penser par soi-même, se serait prendre un risque, celui de se confronter à l’autre et affirmer sa propre identité. Il semblerait qu’il est préférable d’être comme, de penser comme que de vivre l’exclusion. Loin de là, ces enfants ne sont pas les seuls. Du côté des adultes c’est idem, les gens du marketing disent la même chose avec d’autres mots anglicisés et au niveau de la recherche “les théories de référence enferment dans un univers conceptuel dans lequel la pensée se sent bien, elle correspond à ce qu’on croit comprendre, à ce qu’on voulait ou voudrait dire. Les citations d’auteurs parlent à votre place, servent de garantie que l’on est bien dans le troupeau des savants”. (Barrus-Michel p.131)*


A2 • Par défaut d’oser porter la responsabilité de leurs propres actions

ils s’autorisent des comportements stéréotypés de groupe

  • Ils leur sembleraient préférables de faire et d’agir en reproduisant les attendus du groupe d’appartenance. Les copains fument et je fume aussi… Les stéréotypes vestimentaires complétés des modes du langage en font partie. Ces enfants ne font que reproduire ce qui se passe dans leur propre milieu. Ils mettent la tenue vestimentaire et se comportent comme les adultes dans leurs contextes (trois pièces cravate, tailleur…). Le seul bémol, le milieu reproduit est leur milieu à eux (revendication) et non celui des grands, comme pour les mouvements Punk, Ghotique, Crunch et maintenant les Hipsters.


A3 • Par défaut d’oser élaborer leur propre idéal d’eux-mêmes

ils s’autorisent des modèles suridéalisés de héros contemporains

  • Autrement dit, plutôt que de répondre à leurs propres questionnements existentialistes (Que suis-je ? Où vais-je ?), ils leurs sembleraient préférable de surinvestir des représentations préexistantes dans la culture visuelle des superhéros bardés de muscles et de défenses. Ils rejettent les piètres modèles d’identification de simple humain qui les entourent. Tout comme le penser et l’agir, ces modèles d’identification sont vieux comme le monde mythique.

Que cherchent-ils à protéger ces enfants empêchés de penser par la peur d’apprendre ?

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* Jacqueline Barrus-Michel p.131 dans Giust-Desprairies F. & all (2013). La recherche clinique en sciences sociales. Érès