E - Processus thérapeutique

 

E1 - Écouter & Accompagner la réminiscence

Ce qui n’a pu se mettre en larme et en mots, s’exprime ensuite par des maux, faute de mots pour le dire (Anne Ancelin Schützenberger).

  • L’écoute non pas uniquement des mots de l’esprit, mais aussi des mots du corps. Le cœur pleure de la pulsion de vie entravée et aliéné par des cycles de pulsion de mort sans fin. Ces cycles mortifères sans fins et sens sont en quête d’une guérison, de réparation et de cicatrisation pour pouvoir de nouveau vivre sa vie. Une fois l’amnésie redevenue consciente, une fois que la levée des scellés du silence à lieu, un travail de séparation et de distanciation est nécessaire avant de réparer et de tenter de recoller le corps brisé. La psyché, avant dissociée, se réassocie et réapprend à aimer ce corps meurtri et rapiécé pour pouvoir de nouveau aimer et laisser place à la pulsion de vie d’Eros.


E2 - Processus thérapeutique double

Séparer avant de réparer est le paradigme de base du processus thérapeutique. Ce travail de séparation est double. D’une part il s’agit de séparer la victime du criminel comme la victime de son trauma. C’est un travail d’historisation qui consisterait à ne plus être matière de viol mais avoir subi un viol. C’est un processus de cicatrisation dont la cicatrice restera certes indélébile mais plus une plaie. D’autre part il faut prendre en compte la violence subie de la femme violée inséparable de la violence agie du violeur. À ce titre, le procès ne procède pas d’une instruction seulement judiciaire mais d’une instruction psychique au sens du processus d’élaboration de l’un et de l’autre. (Dessoles P. Santé mentale 2013 n°176 p.38).

  • Pour le Dc Philippe Bessoles nous avons vu que “la qualification sexuelle du crime dévoile le lieu du crime et non ce qui a lieu”. Autrement dit l’enjeu d’un viol et des agressions sexuelles à pour visée la dépersonnalisation et la dé-sujetisation de la victime comme objet de jouissance pour l’acteur (pulsion de mort de l’emprise). Il préconise de “libérer la victime de l’agglutination et de l’adhésivité de la torture quotidienne” comme priorité principale. Pour ce faire, commençons par se distancier, parlons, écrivons, exprimons…