— 5 • L.A.C. : conflit et sujet

 

5A - Rêves et utopies des humains

  • Dans un monde où tout est bleu, la couleur bleue existerait-elle ? Une couleur n’existe que si d’une part nous la nommons et d’autre part nous l’opposons à une autre sa complémentaire. Cette idée de contraire ou d'antinomie est la clé de la réalité de cette qualité du bleu.
    • Dans un monde où la pensée est unique, où tout le monde pense et dit la même chose, que se passerait-il d’après-vous ?
      • Dans un monde où tout est conformité, identique, lisse, sans conflits et sans tensions, qu’advient-il de la singularité des personnes ?

5B - Conflit et émergence du sujet

  • Le conflit est inévitable et surtout indispensable à la création du sujet. Il est le témoignage du singulier en rapport à une conformité sociale du groupe d’appartenance. Voici une vignette illustrative : "Pourquoi certains enfants vivent très mal la séparation à leur maman comme figure d'attachement ?" Ces enfants vivent là une tension interne qui est leur premier conflit fondateur d’eux-mêmes. C’est le passage de la dyade (maman = enfant) à la dyade (maman ≠ enfant). Pour eux, avec des mots qu’ils n’ont pas encore, ce serait exprimé cette tension et ce conflit comme :

Maman est moi comme unité : Si elle est présente alors j’existe / Si elle est absente (= morte), donc moi aussi

  • Ce 1er conflit fondateur de nous-même comme sujet commence lorsque petit enfant nous quittons la fusion du TOUT de la dyade (mère = enfant). Alors, ce premier conflit ouvre les prémices de notre théâtre de la personnalité Moi lorsque nous commençons à nous intéresser à l’Autre. Cette séparation nous oblige à passer d’une maman-physique à une maman-psychique dans notre tête par une représentation. Nous passons de l’expérience avec notre figure d’attachement présente, la maman-physique, à une figure absente mais représentable dans notre tête pour nous rassurer.

5C - Narcisse renaît en fleur

  • Ce phénomène signe les prémices de notre construction identitaire (narcissisme). Nous vivons bien là notre premier conflit entre d’un côté rester collé à notre maman-physique (phase 1er : narcissisme primaire) et d’un autre la quitter et s’intéresser à l’Autre tout en la symbolisant dans notre tête ou encore via un objet transitionnel pour nous rassurer qu’elle vie encore (phase 2e : narcissisme secondaire). Pour cela, notre imaginaire est sollicité pour faire le pont entre deux termes (maman réalitée / maman symbolisée). La surtension alors diminue même si le conflit entre ces deux termes existe toujours entre (Présence / Absence) de l’être aimé et référent. (idem les amoureux du jour)

Le conflit correspond au processus d'auto déploiement de l’être lui-même, il n’est jamais pure destruction, mais toujours, aussi, construction de dimension d’être” et je rajoute que le conflit comme expérience d’être (le faire) par retour (effet boomrang) développe la puissance créant l’Être-sujet (le témoin) se réalisant. (Benasayag M. et Del Rey A., 2006, Éloge du conflit. Ed. La découverte. p. 87)