D - Univers ( Mythos & Logos )

Un petit dessin ne raconte jamais la même chose qu’un écrit, les deux se complètent. Le travail des frères Buzan et de leurs cartes mentales n’est pas sans évoquer les deux temps caractéristiques de l’homme en devenir. Du temps de l’instant de l’immédiateté, de l’implicatif, du récit du Mythos, nous évoluons vers la maîtrise du temps-espace du différé, de l’explicatif, de l’histoire du Logos. Le Mythos est l’instant des phénomènes (praxis), quant au Logos il est l’interprétation du savoir engrangé (poïesis).

 

D1 - Conflit ( Mythos / Logos )

  • Le Logos est à la démonstration ce que l’implication est au Mythos. Le sujet soit s’implique dans ce qu’il fait (être en projet), soit explique ce qu’il fait (faire des projets). Certains vont valoriser le Mythos (être) et ses cartes mentales, quand d’autres vont mettre en avant le Logos (avoir) du raisonnement discursif.
    • Pour Dufour*, “je persiste à croire que l’évocation de la coupure mythos/logos n’a rien de la référence vaguement cuistre et forcément obsolète qu’on lui prête parfois, mais qu’elle est, au contraire, plus actuelle que jamais, susceptible comme telle de renouveler certaines problématiques (y compris sociologiques) en éducation. Ce sont deux formes de savoir. […] le savoir narratif et le savoir démonstratif. […] Il n’y a donc plus un sujet de l’éducation, mais deux : le sujet du savoir narratif et celui du savoir démonstratif. Le premier est un sujet parmi d’autres sujets (rapport sujet-sujet) lié à ces derniers par des histoires ; le second est un méta-sujet, engagé dans un processus de dévoilement de la réalité du monde (rapport sujet/monde). Ces deux sujets, parce qu’ils n’ont pas les mêmes intérêts, ni les mêmes questionnements, ni les mêmes façons de faire sens, qu’ils n’habitent pas les mêmes univers sémiotiques, creusent la pratique éducative d’une irréconciliable fissure interne au point que cette pratique ne peut être définissable autrement que comme le lieu où se manifeste en acte cette discontinuité […] Penser cette discontinuité, c’est tout d’abord sortir de l’éternel débat entre les tenants du développement de la personne d’un côté et les tenants de l’exigence des contenus de l’autre. Car penser soit l’un, soit l’autre, c’est ne pas penser l’acte éducatif comme lieu d’une permanente dynamique conflictuelle entre les deux.”*

 

D2 - Processus / Résultats fabriqués

  • Dans nos sociétés néolibérales et postmodernistes le Logos prédomine sur le Mythos, le contrôle par évaluation domine l’accompagnement des phénomènes. La raison, les écrits contractualisant (didactique), les idéologies normatives mettent en échec l’intuition, la création, le sujet en devenir…
    • Grimal replace le rôle de chacun où “LOGOS et MYTHOS sont les deux moitiés du langage, deux fonctions également fondamentales de la vie de l’esprit. Le Logos étant un raisonnement, entend convaincre ; il entraîne l’auditeur la nécessité de porter un jugement. Le Logos est vrai, s’il est juste et conforme à la “logique” ; il est faux s’il dissimule quelque rouerie secrète (un sophisme). Mais le mythe n’a d’autre fin que lui-même. On le croit ou non, selon son bon plaisir, par un acte de foi, si on le juge “beau” ou vraisemblable, ou simplement si on désire y croire. Le mythe se trouve ainsi attirer autour de lui toute la part de l’irrationnel dans la pensée humaine […]. Et c’est là peut-être le caractère le plus saisissant du mythe grec : nous constatons qu’il s’est intégré à toutes les activités de l’esprit. […] Pour un Grec, le mythe ne connaît point de frontière. Il s’insinue partout. Il est aussi essentiel à la pensée que l’air ou le soleil à sa vie même.”
      • Mythos > Processus de la connaissance > Univers de la praxis
      • Logos > Savoirs ou résultats fabriqués > Univers de la poïesis
         
  • Sur cette carte mentale, le match paradigmatique entre à gauche les tenants de la pensée linéaire et discursive et sur la droite les tenants de la pensée itérative et rayonnante. Pour la science, cela permet de comprendre le conflit stérile des deux façons de penser le réel : Sciences théorico-déductive objectivante / Sciences empirico-inductif subjectivante. En d'autre terme, la réponse du poète ou la réponse du savant. Utilisons les deux.
D - Univers ( Mythos / Logos )

Le Logos est certes nécessaire pour structurer notre pensée, mais le Mythos est indispensable. Ce dernier dynamise, il exprime et véhicule le désir du sujet (énergie et choix d'investissement psychique).