F - Temps bloqué, horloge arrêtée

 

F1 - L'hypothèse du conflit des deux temps

  • Ce qui se fige serait dû à l’absence de cette fluidité due à la mouvance spécifique de la fonction du temps de l’instant présent : TEMPS (en capitale). Ainsi, ce qui est bloqué serait dû à cette collision temporelle des permanences : Permanence du TEMPS / Permanence du temps-propre de Soi. Comme le formule André Green, ce serait l’idée “d’affect étranglé, d’horloge arrêtée, de temps bloqué par une fixation”. Avec comme acteurs de la scène le grand TEMPS et le temps propre de chacun en relation à l'autre…
     
  • Les concepts :
    • permanence du TEMPS = temps de l'instant présent que nous vivons à chaque instant et qui se répète à l'infini
    • fonction du TEMPS = phénomène du changement, mouvance de ce qui est, pour l'humain l'apprentissage en tous lieux et à tous âges
    • permanence du temps-propre = temps personnel de la perception du TEMPS et sa fonction en relation à l'altérité qui constate
    • temps bloqué ou horloge arrêtée = la permanence du temps personnel supplante la permanence du TEMPS et sa fonction se fige

 

F2 - Variables causales du temps de l'hypothèse

  • Cause
    • La variable indépendante serait la permanence du TEMPS de l’instant présent avec sa fonction changement comme flux des processus du vivant incarnés par l’environnement proche. En latin ce serait le "tempus, oris" du temps fraction comme moment. C'est le TEMPS de la durée d'Henri Bergson.
  • Effet
    • La variable indépendante impactée serait notre permanence psychique comme temps-propre en altération constante due au TEMPS et sa fonction du changement. En latin le temps-propre serait "aevum de âge" du temps chronologique comme continuité. C'est le temps ESPACE comme étendue d'Henri Bergson.


F3 - Temps bloqué, notre horloge s'arrête

  • Ce qui semble se jouer dans les psychopathologies serait notre relation du rapport au TEMPS. Il se déroulerait soit une problématique de la création du temps-propre (identité du Moi), soit une fois créé le souhait inconscient d’immortalité. Soit le temps-propre ne peut s'élaborer (psychoses), soit il désirerait se prendre pour l'autre, le grand TEMPS (névroses). Dans ce dernier cas, notre plus grand désir serait d’acquérir cette permanence du TEMPS de l’instant pour ne plus pâtir de sa fonction (vieillir, devenir autre…). Dans notre hypothèse, Il y aurait cette collision et ce conflit entre d'un côté la permanence du TEMPS et l'autre côté la permanence du temps-propre de Soi.
    • Pour résoudre ce conflit, la stratégie serait soit d'assumer le changement du grand TEMPS, soit de se fixer en boucle sur un instant de notre vécu. Dans ce dernier cas de fixation, notre horloge interne s’arrêterait. Ce blocage serait la confirmation de la réfutation de la fonction du TEMPS : le changement.
      • Pour l’humain, c’est son processus de la connaissance ou d’apprentissage en relation à autrui qui serait impacté. Si tel est le cas, nous perdons toute capacité de mesure, de nous-même, puisque cette mesure se réalise dans la relation du rapport à l’autre. Nous avons besoin de la relation à autrui pour être et créer notre propre permanence comme temps-propre. Cette autre, c'est lui qui constate l’impact de la fonction du TEMPS chez nous-même : mouvement et changement.
        • Nos fixations chronologiques du temps-propre bloqué de notre horloge arrêtée, serait un refus d’altération de nous-même : le refus d’apprendre, de changer… notre iN-permanence de mortel. Les travaux de Serge Boimare sur les enfants qui refusent d'apprendre montre comment ce phénomène du verrouillage de la pensée critique se met en place.

F4 - Psychopathologies existentielles du temps

  • Dans cette approche, les psychopathologies seraient avant tout existentielles et s’enracineraient par et dans notre histoire psychogénétique. Ce qui serait en jeu serait la relation entre deux permanences en conflit d'intérêt : la permanence du "temps-propre" à soi comme réalité personnel et la permanence du grand "TEMPS" comme phénomène ou processus. Sans omettre, comme le propose la théorie quantique, que ces deux temps dépendent de la relation à autrui reconnaissant notre propre réalité de notre "temps-propre". Seul, nous ne sommes rien, nous n'existons que dans la relation (approche de la systémie familiale). Pour parler de ce dilemme, Irvin Yalom* exprime qu'ils existeraient quatre angoisses du temps de l'impermanence de soi. Deux angoisses clés nous tireraient vers l’arrière (régression et fixations) et deux angoisses clés nous tireraient vers l’avant (progrès & projets) :
    • Pas en arrière du "temps-propre" : Angoisse de notre finitude (mort) + Angoisse de la solitude (vide)
    • Pas en avant du "TEMPS" : Angoisse du manque de sens (entendement) et Angoisse de liberté-responsabilité (pensée critique).
  • En ce sens, les deux angoisses qui nous amèneraient à réaliser un pas vers l'arrière auraient comme levier le petit temps-propre bloqué de l'horloge arrêtée exprimé par des affirmations, des savoirs vérités ou des croyances (pensée rhétorique en boucle). Les deux angoisses qui nous amèneraient à réaliser un pas vers l'avant auraient comme levier celui d'assumer le TEMPS et sa fonction du changement et de la mouvance exprimés par des estimations, des savoirs questionnés (pensée dialectique du changement).
    • Le pas en arrière désirerait maîtriser la permanence Toute-Puissante du TEMPS en excluant sa fonction du changement
    • Le pas en avant seraient d'assumer le changement permanent et l'altérité altérante d'un "temps-propre" en perpétuel maturation psychique.
Fabrice Prevost - Consultant - Formateur - Coach

 

Coach-Thérapeute & Psycho-Pédagogue

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  • Yalom, I. (1980). Thérapie existentielle. Galaade
  • Yalom, I. (2013). L'Art de la thérapie. Galaade