A - Faits de société

 

A1 - L’enfant du désir

  • Avant, les enfants arrivaient, ils étaient une conséquence. Actuellement beaucoup d’enfants sont désirés et même programmés. Ils sont un choix d’investissement des parents, de leurs libidos. L’ambivalence des parents entre leurs désirs projectifs et le désir d’émancipation de leurs enfants est présente. Certains de ces enfants peuvent surinvestir l’objet-parent (narcissisme 1er) et mettre en carence leur investissement du Moi (narcissisme 2e). Dans ce cas-là, les enfants vont réfléchir le désir des parents et non leur propre désir d’être.
     
  • Dans un premier temps, ils se construiront par procuration. Comme miroirs, ces parents ont souvent des comportements sur sécuritaires de leurs “enfants du désir”. Le manque fondateur du narcissisme de l’enfant disparaît au profit d’un trop-plein de l’autre. C’est une position qui se rencontre de plus en plus dans nos sociétés néolibérales, le désir du groupe, de l’entreprise ou de l’autre devient le leur afin de combler le vide sidéral d’eux-mêmes comme manque à être.

 

A2 - Le culte de l’excellence et de la réussite

  • Que cela soit à travers les publicités, les films héroïques ou les entreprises performantes, l’excellence est le référent. Même les antihéros atteignent leur excellence. Plus de boiteux, de tordues, de simplets, de mal foutus intégrés à la vie du village. L’éloge de la perfection, de la compétition, de la réussite est le credo ou notre pain quotidien. Le statut de l’erreur est condamné suivant cette norme du devenir. Henri Laborit nomme cela le "surmoi de la glorification" qui est pour lui bien plus dangereux que le surmoi des interdits de Freud.
      
  • Comment se bâtir, se construire lorsque notre autoévaluation référée à cette norme de l’excellence soutenue souvent par les parents nous rabaisse ? Notre Soi n’a que l’estime qu’il se donne en relation à ce qui est autre que soi-même comme valeurs culturelles.

 

A3 - Les enfants de Narcisse

  • Cela affecte d’autant plus ce que nous nommons les enfants du "complexe de Narcisse". Notre société développe de plus en plus de psychopathologie narcissique. L’hypothèse de travailler ce désir ambivalent des parents devenu le désir incorporé de l’enfant est nécessaire afin de permettre à l’enfant de se bâtir et de s’émanciper. Travailler aussi le rapport à la norme de l’excellence serait essentiel. Tout cela pour pouvoir simplement se créer comme individu unique, singulier et non parfait. Nous apprenons surtout par nos imperfections, par nos erreurs, nos petits pas…