Pour faciliter la lecture des textes de Misrahi ci-dessous, nous avons mis dans ses écrits en majuscule l’Être conscient comme conséquence et en minuscule l’être comme expérience vécue.
C1 - Conscience réflexive
- Pour Misrahi, la conscience du sujet n’est pas déjà là, préexistante comme nos pieds ou nos mains. Elle serait la conséquence d’une expérience vécue par et dans la relation à l’altérité, au regard de l’autre, aux aimés. L’expérience d’être comme processus vivant (praxis) élabore l’Être (poïesis), sa conscience réflexive comme fabriqué et non l’inverse :
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La conscience… “elle n’est pas l’expérience de l’Être, elle est l’expérience d’être. Comme telle, elle est conscience qualitative et réfléchie de soi-même, conscience vécue où l’individu se saisit comme personnalité substantielle et active.” (Misrahi, R. 1994 p. 51).
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C2 - Jouissance d’être de l’Être
- Pour que la conscience advienne deux conditions sont nécessaires : le regard de l’autre & le plaisir élaboré dans la relation, ce plaisir impliquant une “jouissance d’être” :
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“La jouissance d’être comme fin poursuivie, elle est ce qui commence à structurer le Désir–sujet et, comme fin actualisée, ce qui l’exprime et le réalise dans la plénitude de son Être. Sans cette jouissance d’être, le Désir-sujet n’est que désire inachevé, mais le manque ne fait plus alors parti de son Être et de son mouvement, il le détruit. Un sujet qui ne connaîtrait pas, d’abord partiellement et ensuite pleinement, la jouissance substantielle de l’existence ne serait pas un être humain achevé et ressemblerait plutôt à un homme malade de ne pouvoir dormir.” (Misrahi, 1996, pp. 458).
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C3 - Altérité ou le regard de l’aimé
- Seul, nous ne pouvons advenir, sans l’autre, sans les aimés et leurs propres désirs rayonnant du vivant que nous resterait-il ?
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“Cette construction de soi par la lumière naissante exige la relation aux autres sources de lumière, qui sont elle aussi conscience et vie. Des miroirs sont ainsi nécessaires à la constitution de l’Être. Chacun des Êtres qui se sait comme source, chaque conscience, par l’échange miroitant et la multiplication de son rayonnement, peut ainsi devenir comme un soleil. La conscience est alors bien inscrite dans l’être et peut se réjouir de son Être. (Misrahi, 1996, pp. 459)
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C4 - L’Amour, une danse et un jeu de miroirs sans contrat
- Par cette danse et ce jeu de miroirs des consciences émerge le “Désir-sujet” de Misrahi. En ce sens ce n’est pas le manque qui va créer le désir (psychanalyse de Lacan), mais le Désir qui va créer le manque (philosophie de Spinoza). Autrement dit, ce n'est pas parce que je manque que je désire, mais c'est parce que je désire que je manque.
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“Dans l’éclat doré de leur nouvelle lumière, les consciences peuvent alors librement construire leur joie. Miroirs et soleils, les sujets se font les architectes d’un nouveau monde et ils construisent ces Châteaux et ces Jardins où ils se réjouissent de se donner réciproquement, par leur lumière, et l’Être et la jouissance d’être.” (Misrahi, 1996, pp. 460).
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- Spinoza utilise le mot “Conatus” comme impulsion primaire de tous systèmes vivant animé. Le “Conatus” est au corps ce que le “Voluntas” est à la psyché ou l’esprit suivant les auteurs. Le “Conatus” serait ainsi le principe de la vie et de la continuité. Ni cogito et ni libido, le “Conatus” est pour Spinoza un principe unificateur de la totalité de l’organisme physique en expérience d’être. Le désir résultant n’est pas celui de la psychanalyse comme expression d’un manque d’objet élu par la libido de la pulsion à orientation sexuelle. Le désir de Spinoza est l’expression de cette puissance d’exister comme désir de l’organisme de perdurer dans son être.
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