B - Amour & Couple

L’amour est une danse de chaque instant bien avant d’être un unique contrat qui relie les protagonistes dans des responsabilités morales et des devoirs mutuelles. Lorsque plus rien ne va plus, lorsque l’amour s’étiole, les ex-amoureux se réfèrent alors au contrat d’engagement. Quand est-il ?


B1 - Amour monogame

  • Dans son livre “la joie d’amour”, Misrahi développe qu’il existe une corrélation entre l’avènement du christianisme et le développement du capitalisme. L’amour et le mariage contractuel auraient pour origine historique des motivations et des raisons fondée sur la transmission des richesses par filiation directe. C’est la mise en touche des enfants hors mariage : les bâtards. L’auteur nous rappelle aussi que les Hébreux à l’origine étaient polygames, ce serait bien après que la monogamie s'installe dans le judaïsme christianisé. La préoccupation première serait l’intérêt d’une transmission culturelle et économique trouvant sa justification par un intérêt moral du devoir (religieux et laïc).

    • Ainsi, le mariage monogame véhicule cette morale du devoir, de l’exigence ou obligation de la fidélité et de l’exclusivité sexuelle. Si ce qui prime entre les amants n’est pas l’Amour et son Désir, mais ce contrat moral, entre les obligations par engagement mutuel et la liberté personnelle, deux choix existeraient : respecter le contrat comme limite ou le transgresser. Ici, la valeur est avant tout une notion de propriété exclusive qui se réfère à des critères collectives du social (éthique du social). Se référer uniquement à ces critères a pour conséquence la déresponsabilisation des sujets (Loi & Autorité) et les destituent d'eux-mêmes (éthique de la relation).

      • “Ce n’est pas le mariage comme institution qui est la source du mal ; c’est l’usage qui en est fait […] tous ces mots ces souffrances issues de la jalousie, de la trahison, de l’humiliation et de la culpabilité, ces drames produits par le mensonge et la transgression proviennent de l’attitude même des intéressés à l’égard de l’institution. Ils la considèrent comme la Loi, et se déterminent par rapport à son “autorité”, celle-ci provenant entièrement, en réalité, du regard, de l’engagement et de l’interprétation mise en œuvre par les amants.” (Misrahi R. 2014 p. 67).

B2 - Contrat & Effets induits

  • Suite à ce contrat de devoir moral et d’exclusivité relationnelle, la jalousie et la trahissons trouvent un terrain des plus favorables à leurs expressions. La méconnaissance de l’autre, les malentendus ou encore la lassitude du temps remettent en question ce contrat d’amour des amants unis par un engagement mutuel. C’est la confrontation “du bon usage des crises” comme paliers d’initiation de l’Amour : les valeurs qui structurent et balisent (Singer, C. 2013).


B3 - Engagement : alliance d’amour & contrat de mariage

  • Premier temps : l’alliance d’amour implicite des parties

    • Il est le plus souvent narratif et implicatif. Il remet sur la table chaque jour sa validité. En ce sens l’Amour est une danse de chaque instant (Singer C. 2009). Cette chorégraphie accompagne et étaye le développement de la puissance de l’autre en devenir de lui-même. C’est un questionnant en temps réel des valeurs partagées fondatrices des danseurs. C’est en soi un dispositif d’auto-évaluation et d’auto-régulation des sujets en miroir à l’altérité, à l’autre, à l’aimé. C’est un éloge au changement continu : “autre chose autrement”.

  • Second temps : le contrat de mariage explicite et écrit

    • Il permet la mise en place d’un dispositif de contrôle par la mesure à l’écart aux engagements mutuels. Les protagonistes se régularisent en fonction de celui-ci sinon c’est la rupture juridique et morale. “Tu dois… Il faut… C’est écrit…” sont ses mots. C’est un éloge à la conformité : “plus de la même chose”.

  • Rapport à l’altérité : Contrôler ou Accompagner

    • Entre, avoir le contrôle de l’autre, son compagnon de confiance, sous la forme d’un contrat ou l’accompagner dans sa singularité et sa particularité, sous la forme d’une alliance du moment la nuance est énorme. Le contrat attache et véhicule la culpabilité puis son cortège de refoulements avec des valeurs externes morales ou juridiques se justifiant sur l’éthique du social. Alors que l’alliance libère et fait la promotion de la responsabilité et du contentement avec des valeurs personnelles partagées s’appuyant sur l’éthique des sujets en relation.

Alliance de l'amour et contrat de mariage sont deux chemins très différents, sont deux façons de vivre et de percevoir la réalité relationnelle des valeurs actives dans le miroir du regard de l’aimé ou celui de la loi.