A - Bases psychanalytiques

 

Concepts clés de la psychanalyse


 

Conceptions psychanalytiques du développement

  • L’une des principales contributions de la psychanalyse à la connaissance de l’individu a été de montrer l’influence des expériences infantiles sur le fonctionnement psychique à l’âge adulte. La psychopathologie adulte, expression de cette continuité évolutive avec l’enfance, peut ainsi être abordée en reconstituant les étapes du développement depuis ses origines infantiles ainsi que par la compréhension des répétitions de problématiques infantiles mises en jeu dans les mouvements transférentiels lors des thérapies. Sigmund Freud a découvert le rôle des expériences infantiles dans la genèse des troubles psychopathologiques et montré que la reconnaissance des processus psychiques infantiles peut conduire à la résolution de certains troubles psychopathologiques de l’adulte. Cela l’a conduit à oeuvrer à l’élaboration d’une théorie du développement psychique infantile conçue comme une des bases de la psychanalyse qui s’est ainsi constituée, dès l’origine, comme une science du développement.
     
  • Selon la psychanalyse, le développement affectif peut être décrit comme une suite d’expériences libidinales satisfaisantes mais aussi souvent conflictuelles, liées à l’affrontement de désirs différents entre l’enfant et son environnement et à l’affrontement à l’intérieur du sujet lui-même de diverses exigences internes. L’organisation affective définitive est la conséquence directe des expériences du passé et de l’histoire personnelle de l’individu. Freud fut le premier à mettre en évidence les aspects évolutifs de la personnalité et à souligner l’importance décisive des premières années. Pour lui, la personnalité est quasi complètement formée à la fin de la 5e année de vie, le développement suivant consisterait principalement à l’élaboration de cette structure.

 

Trois aspects de l'appareil psychique

  • l’aspect dynamique qualitatif > Conflits intrapsychiques & interpsychiques
    Il met en évidence les inévitables conflits intrapsychiques entre les divers mouvements pulsionnels opposés inhérents au fonctionnement psychique. Il insiste sur la notion de conflit, essentielle tant dans sa dimension pulsionnelle (pulsions agressives, pulsions libidinales) que dans les défenses opposées à ses pulsions (refoulement, contre-investissement, etc.) ;
     
  • l’aspect économique quantitatif  > Forces
    Il considère l’aspect des forces en jeu ;
     
  • l’aspect topiques > Lieux => Structurel (ICs - PCs - Cs) — Fonctionnel (Ça - Moi - Surmoi)
    Il concerne les origines des forces en jeu (ça, moi et surmoi) et la nature des relations entre ces différentes instances. Globalement, le moi est construit progressivement par la recherche d’un équilibre défensif et adaptatif entre la réalité extérieure et les exigences pulsionnelles. Le surmoi apparaît durant la période œdipienne lorsque les interdits parentaux sont intériorisés et deviennent une source de satisfaction par des identifications aux images parentales. Le ça, enfin, correspond au réservoir pulsionnel caractérisé par la présence de pulsions partielles imbriquées.

 

Deux notions centrales : Pulsion & Refoulement

  • Les pulsions sont définies comme un processus dynamique consistant en une poussée qui fait tendre l’organisme vers un but. Elle a sa source dans une excitation du corps créant un état de tension qu’elle va tendre à supprimer. Freud décrit deux grands types de pulsions :
    • les pulsions sexuelles qui, malgré leur nom, ne se réduisent pas aux activités de l’appareil génital. Elles témoignent de la libido qui se manifeste de multiples façons tout au long du développement et investit dans l’enfance des zones privilégiées du corps, dites zones érogènes, avant de se centrer sur le domaine de la sexualité génitale adulte ;
    • les pulsions agressives, qui se manifestent sous forme d’agression ou de destruction.
  • Le refoulement
    • Il est essentielle à la conception freudienne de la vie psychique. Il s’agit d’un processus psychique universel à l’origine de la constitution de l’inconscient. C’est une opération par laquelle le sujet cherche à repousser ou à maintenir dans l’inconscient des représentations liées aux pulsions (images, pensées, souvenirs), représentations dont l’évocation dans la conscience serait source d’affects pénibles désagréables.

 

Phases du développement libidinal  :
Orale - Anale - Phallique - Période de latence - Adolescence - Génitale

  • Le développement de la personnalité, selon Freud, passe à travers une série de phases ou stades, qui se caractérisent par une organisation des fonctions et par une modalité relationnelle spécifique. Après l’abandon de la théorie du traumatisme, les psychanalystes ont privilégié la notion de conflit lié à des stades du développement libidinal et à la nature des formations fantasmatiques inconscientes qui lui sont liées. Chez l’enfant, l’étude du développement de l’appareil psychique doit donc s’élargir à l’aspect génétique qui met l’accent sur l’évolution des instances psychiques et des conflits en fonction du niveau de développement atteint par l’enfant, c’est-à-dire en fonction du stade. Les expériences de la première enfance, notamment traumatiques, peuvent entraîner une fixation dans la phase du développement en cours et avoir ainsi des conséquences durables sur la personnalité. Dans cette perspective, les troubles de l’âge adulte peuvent être interprétés comme une régression à des points de fixation de certaines étapes du développement.
     
  • Chaque phase correspond à une modalité d’organisation de la pulsion, à des zones érogènes particulières, à des fantasmes inconscients et des conflits intrapsychiques. Se déterminent ainsi progressivement des modalités de relation d’objet et, finalement, des modes d’organisation de la personnalité. Ces phases, organisations internes inconscientes se déroulent de la naissance à l’adolescence suivant une certaine succession chronologique. Elles n’ont pas les mêmes caractères que les stades piagétiens fixes, structurels et intégratifs. Un certain va-et-vient peut s’observer entre elles ainsi que l’existence de points de fixation antérieurs qui sont le résultat d’un investissement particulier de l’enfant.
     
  • Cette théorie considère qu’il peut exister des mouvements progressifs et régressifs du développement chez les enfants, mouvements probablement nécessaires à leur maturation, ainsi que des chevauchements dans les différentes phases du développement affectif. Il peut même exister une certaine anarchie dans l’ordre d’investissement des zones érogènes et dans la succession des phases de développement, ce qui caractérise certains développements pathologiques comme, par exemple, chez des enfants psychotiques. La théorie développementale tient compte des raisons constitutionnelles relatives au schéma de maturation des pulsions, mais aussi aux éléments biographiques et surtout aux modalités relationnelles qui peuvent favoriser certaines fixations ou régressions.