C - Moi-Peau : Concept & Fonction

 

C1 - Concept du Moi-peau

  • Didier Anzieu définit son concept de Moi-peau comme “une figuration dont le Moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme Moi à partir de son expérience de la surface du corps.” Son concept du Moi-peau serait ainsi une représentation primaire et métaphorique du Moi psychique archaïque. Est-ce une représentation présymbolique originaire (pictographique) ou primaire (phantasmatique) d’Aulagnier ? Ce Moi-peau comme “enveloppe” somatopsychique s’étaye sur le toucher de la sensorialité tactile. Si je pousse ce raisonnement, pas “d’enveloppe” pas de Moi primitif (pas de bras pas de chocolat). Cela me semble incohérent. L’activité psychique du fœtus puis du bébé existe sans idée de propriété (limité au corps par la peau) ou d’exclusivité (identitaire).
     
  • À ces époques, la peau est non pas un récepteur ou un conteneur spatial mais un passeur temporel relationnel. Précisons que le temps n’a pas d’unité, il est implié, contrairement à l’espace qui est une “enveloppe” du temps déplié. Il en prend une, lorsqu’il se réfère à un cycle, un rythme et donc un espace enveloppant deux temps par la mémoire : le temps déployé ou déroulé.

 

C2 - Fonction du Moi-peau

  • Ce Moi-peau à des fonctions. Entre les différentes éditions celles-ci se sont enrichies ou ont été récusées. Dans la dernière édition de 2006, la classification (et non hiérarchisation, ce n’est pas anodin), de ces fonctions est les suivantes : maintenance, contenance, constance, signifiante, correspondance, individuation, sexualisation et énergisation. La maintenance correspond au corps à corps dès la naissance tant absente et demandée dans notre culture. En Afrique noire, à sa naissance tant que le bébé n’est pas tout propre et habillé par une autre femme, la mère ne le touche pas… Je pourrais passer en revue chacun des mots-fonctions. Ce qui me dérange est le faîte qu’ils ne font que confirmer les idées de la psychanalyse en les limitant et en les incarnant en fonction-objet (fonction-enveloppe). Un concept est sans limite, il est dynamique, il peut être réfuté, étayé ou évoluer. Par contre, une fonction est à l’image d’une machine qui fonctionne et se limite à cela.
     
  • Ainsi, j’arrête là. Certes le physiologique qui “enveloppe” est tout aussi essentiel que le psychisme “enveloppé”, mais de la à passer d’un extrême à l’autre cela ferme toute possibilité d’élaboration (symbolique bien sûr).