B - L’essence du Moi-peau

Après la diatribe du chausse-pied ou serrure forcée… l’essence du Moi-peau. Qu’est-ce qui me semble essentiel et pertinent dans cette idée du Moi-Peau ?

 

B1 - Peau commune (pour qui ?)

  • Cette idée de champ ou plutôt d’espace physique (enveloppe) est intéressante à développer. L’enfant est le Tout, il est aussi l’autre, il est sa mère. Cette première idée de peau commune (enveloppe) entre mère et enfant me paraît primordiale. Certaines civilisations l’ont compris via le portage, le massage… Pour le bébé, point de dehors et de dedans, juste un contact charnel ou à son opposé une carence de contact comme pour un bébé-couveuse. Un bébé non stimulé physiquement via le toucher et donc la peau stagne et régresse. L’enfant s’il s’attache (Bowlby) à la sécurité par l’autre, par la relation, c’est que sans l’autre il meurt. La fonction d’étayage et maternante est indispensable, c’est son kit de survie somatopsychique.

 

B2 - Peau tambour

  • Cette peau est le premier canal par lequel le fœtus puis le bébé entrent en relation d’échange. La peau est à l’image de la métaphore d’un tambour qui vibre. Les premiers ressentis et sensations du fœtus passent par les organes internes (rythme du battement du cœur), la peau comme amplificateur et les organes externes composant l’enveloppe primitive. Ce n’est pas pour rien que les vocalises “enveloppe” le bébé, cela vibre comme dedans.

 

B3 - Peau limite

  • Cette peau est par la suite ce qui permet au bébé d’appréhender le dehors et le dedans. Cette peau lui permet d’éviter le morcellement, elle délimite un ensemble d’organes, un tout cohérent. Par la suite, cet ensemble sera le conteneur avec contenant physique (enveloppe) et contenant psychique (enveloppe). Ce dernier ayant comme contenu les instances des topiques de Freud. La peau est une des zones de contact entre l’organisme unifié et l’environnement, elle assoit et “enveloppe” l’individuation.

 

B4 - Peau relation

  • Trop souvent omis ou censuré, le toucher est proscrit dans certaines cultures. Peur des microbes, peur d’attouchements ambiguë sexualisés, le toucher non “maternant”, non bienveillant ou encore non contractualisé des amants (implicites ou explicite) ne permet plus aux affects de s’exprimer via ce canal. Le partage d’affect (des angoisses) s’exprime dans ce cas par la parole, le symbolique suivant les dispositifs et les cadres. Il est dommage de se limiter à cela, la mémoire émotionnelle et les affects s’inscrivent en grande partie sur la peau, dans le corps (Damasio) de même que dans la psyché (répulsion physique). Mais cela est un tout autre cadre théâtralisant (haptonomie, fasciathérapie, art-thérapie…)