B - Mes hontes

 

B1 - Mes multiples hontes

  • Ma première honte commence à l’école maternelle lorsque je ne répondais pas aux attendus. La suivante est d’être un garçon sans virilité, un garçon qui vit des émotions prêtées aux filles. Et pour continuer, celle de penser et de s’émouvoir autrement (dialectique) que par la rhétorique des attendus sociaux. L’école de l’éducation nationale a continué cette honte, celle d’être un nul au challenge de la répétition. Toutes ces hontes ont consolidé celle d’être le déclencheur de la dépression de ma mère… “mère morte” d’André Green de m’avoir mis au monde, ou mère encryptée dans ses secrets.

 

B2 - Je suis la victime des autres et le bourreau de moi-même

  • Suis-je responsable et coupable de ses hontes ? Certes, d’après le déroulé théorique mes hontes sont ma propre création. Je me suis auto-évalué en référence aux autres, au groupe social. J’avais ainsi signé ma propre condamnation. Comme le formule joliment Guy Corneau dans un de ses livres : “Victime des autres, bourreau de soi-même”. Ou encore en reprenant Jean-Paul Sartre : “l’enfer, c’est les autres”, mais le juge reste toujours soi-même.

 

B3 - Se réconcilier avec soi-même

  • Maintenant que je suis un adulte, que faire de cet enfant blessé d’être autre chose que l‘attendu de sa mère, de l’école, du groupe social d’appartenance ? Il est toujours là, au dedans, il est in-attendu sous la forme de la honte.
     
  • Quelle est sa place, ma place dans cette société préformatée régit par cette vision moralisatrice manichéenne du (c’est bien/c’est mal), du beau et du laid, du juste et de la faute ? Que faire de cette mesure par contrôle de position entre (soumission/domination), entre (humiliation/glorification) ?

 

Je réfute cette culpabilité de la raison sous sa forme archaïque de la honte de l’émotion. Responsable d’être l’inattendu, certes, je le revendique. Cela vous dérangerait-il ? Maintenant, je me donne l’autorisation d’interpréter et de ne pas penser et m’émouvoir comme l’attendu. Je SUIS, et si cela dérange l’ordre établi, cela vous regarde, pas moi. Je vous renvoie ce fabriqué de la honte. Honte à vous de ne pouvoir accueillir le vide, le nouveau, l’incertain… la vie en quelque sorte. Culpabilisez-vous un temps soit peu ? Qui portera donc la dette ?…