A - Moi & mes limites

 

A1 - La psyché, comme limite

  • Les limites sont le chemin qui borde et borne notre psyché. Sans ces limites, le sujet que nous sommes comme identité distinctive ne pourrait s’auto-créer par et dans la relation à ce qui est autre que soi. La liberté d’élaboration de notre psyché se développe parce que son contraire existe sous formes des contraintes : La tragédie de l’être est de comprendre que sans ces limites, sa propre liberté et autonomie d’être n’existent pas.
    • Ces limites sont nos frontières, elles délimitent le dehors du dedans, l’individu de l’altérité. Ces limites obligent le sujet à passer du temps présent de l’instant de l’immédiateté et de la jouissance, à l’espace entre deux temps du différé et du désir. Autrement dit, quitter le présent pour s’inscrire dans un hier projeté vers un demain.
      • La jonction entre le temps présent et l’espace entre (passé/futur) se réalise par la fonction symbolique représentative (maman réelle devient par substitution représentative un mot : maman virtuelle) portée par notre façon de penser et la mémoire des temps révolus (savoirs). Notre langage substitutif relie ces deux univers portés d’un côté par le sujet en élaboration psychique, et de l’autre côté par le social comme environnement porteur des règles syntaxiques : "Le langage fait monde" (Francis Wolff).

A2 - Le principe de l’oignon des illusions perdues

  • Confronté aux limites, le petit enfant va vivre ce principe de l’oignon, il quittera chaque couche d’illusion qui le couvre :
    • Naissance - D’un grand Tout, il est le monde, il éprouvera sa première désillusion, la dissociation des corps.
       
    • 8 mois - Suivra l’angoisse de séparation du sein nourricier comme seconde désillusion.
       
    • 18 mois - La troisième sera la séparation de l’Autre comme lui-même à l’autre comme différentier tant psychique que somatique du stade du miroir (Lacan) ou d’individuation (Jung).
       
    • 30 mois - Le mythe de Narcisse, sera sa couche suivante d’illusion perdue où il constatera qu’il n’est pas le centre (Phallus) du désir exclusif de la mère. Recherchant ce qui capte ce désir, il découvre et va se confronter au tiers du Père et Pairs suivant deux mouvements, le rejeter ou le séduire.
       
    • 3 à 5 ans - Le mythe suivant d’Œdipe, sera la cinquième désillusion, ne pas être le porteur de la toute-puissance du grand Tout d’origine de celui qui dicte les interdits, écrit et fait la loi.
       
    • Adolescence - Enfin, vers l’adolescence une dernière perte d’illusion se déroule purement existentialiste : “Si je ne suis pas tout-puissant, si ce Moi idéal n’est pas omnipotent (Ça parle), alors que suis-je ?” Les deux cheminements de l’idéalisation et de la sublimation sont face à lui. Entre l’idéalisation du Moi en quête d’icônes d’identification, d’idéologie de la logique de la béquille ou canne; et la sublimation des limites élaborant ce simple Moi par auto-création, le sujet cherche sa face et sa place en relation à ce tiers de l’altérité (Pères & Pairs).
       
    • À remarquer que cette perte d’illusions est nommée le processus du deuil. Nous le vivons en permanence d’autant plus quand certains moments de notre vie sont éprouvants comme la maternité puis l’accouchement pour une femme, la perte d’un être cher, un licenciement, une rupture amoureuse, etc. toutes nos angoisses post-traumatiques ressurgissent pour nous dire quelles illusions sont en marche et sont à travailler pour pouvoir vivre en paix avec nous-mêmes.

 

A3 - Déstructuration - Symbolisation - Création

  • Ce processus de l’oignon des illusions et paradis perdus permet à l’espace psychique du Moi du sujet de se développer. Les limites ne sont plus des contraintes, elles instituent, bordent et bornent l’identité du sujet auto-créateur (Agent-Acteur-Auteur auto réflexivité). Tout cela est rendu possible dans une danse relationnelle co-créative entre un sujet à venir et son environnement étayeur : les liens. Sans limites, le Moi du sujet est bancal, voire handicapé.
     
  • La liberté n’est pas le chaos. La liberté d'être ne peut exister et s’inscrire que par ses limites. Les connaître, ce sont les intégrer, les questionner, les pousser, les réécrire par un travail aux limites. Tous actes de création, passe immanquablement par un acte de déstructuration des illusions perdues, puis de symbolisation via l’imaginaire moteur, pour aboutir à un “autre chose autrement” singulier et non pas à un “plus de la même chose” universel et conservateur.

 

A4 - Résumé

  • LIMITES > PHENOMENES > PERTE DES ILLUSIONS
    • Le corps > Dissociation physiologique > La rage du Grand Tout
    • Le sevrage > Séparation du sein > mère nourricière > L’Autre phantasmé* = Soi
    • Mythe de Narcisse en deux étapes
      • L’individuation ou miroir > Différentiation psychique : Réflexivité > L’autre RÉEL = Soi
      • Le tiers > Perte et manque de l’objet du désir > Être le centre exclusif
    • Mythe d'œdipe > Confrontation aux interdits > Rester omnipotent
    • L’adolescence > Reconfiguration des instances psychiques > Que suis-je ? > Moi

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PHANTASME avec PH concerne l'aptitude de la pensée du petit enfant avant l'usage de la parole. Après il Fantasme avec un F