D - Paradigme holographique & Amour

Dans notre article “Amour, Désir, joie & Thérapie”, nous avons présenté les trois nuances d’amour exprimées en Grèce ancienne : éros, philia et agapé. Le premier exprime les valeurs des affects ou d’une idéalisation (amour courtois médiéval), le second des valeurs fraternelles d’amitiés, de fratrie, etc et le troisième des valeurs humanistes du don sans contre don.


D1 - Amour, relation d’objet et jouissance

  • La relation de la mère à l’enfant est une des connexions d’amour que les psychologues et les psychanalystes interprètent d’après leurs corpus de savoir. Ce corpus ils y adhèrent et le soutiennent comme valide dans une pure relation d’objet : la jouissance de l’objet Sein de la mère puis le tiers père comme séparateur et le manque inévitable de l’objet-mère de la jouissance. Pour ces professionnels de la psyché, ce manque élabore le désir. La théorie de l’attachement de Bowlby (2002) a commencé à mettre un pavé dans cette mare du savoir, mais elle reste elle aussi dans un paradigme biologiste ou naturaliste darwinien de la relation d’objet.
    • C’est ce que nous avons nommé l’amour-leurrant.

D2 - Amour, relation de milieu et désir

  • Si nous inversons la donne d’après le concept du paradigme holographique et la relation de milieu, une autre interprétation devient possible une autre con-naissance dynamique s’élabore et non pas un savoir à répéter. Que cela soit avec la maternologie de Jean-Marie Delassus, la philosophie avec “l’amour tout autre” de Robert Misrahi  (2014) inspiré par les concepts de Spinoza, nous pouvons remarquer que cet amour-là n’est pas un amour d’objet ou amour de l’Être, mais un amour de vie ou amour d’être comme processus vital qui relie les protagonistes entre eux dans une relation de milieu.
    • Cet amour-là, serait à l’image ou serait la métaphore de nos synapses qui d’une part relient les objets (neurones) et d’autre part assurent la conversion du potentiel d’action. Ce processus en action Robert Misrahi le nomme Désir et sa résultante est la Joie. Ce processus ne peut se développer que dans l’échange, dans le miroir d’un regard du même ordre, un regard d’amour dans une relation de milieu et non d’objet.
      • C’est ce que nous avons nommé l’amour-fécondant.

D3 - Amour : Jouissance de l'Être / Désir d'être

  • Suivant le mode de relation (Objet/Milieu) la proposition s'inverse : ce n'est plus le manque qui va créer le désir mais le désir qui va créer le manque. Autrement-dit, ce n’est plus le manque de l’objet-Mère le moteur d’un désir-regret avec sa jouissance au bout; mais c’est un désir-souhait le moteur par une quête de la plénitude de l’amour de l’autre comme miroir avec la Joie au bout. Lorsque ce désir-souhait vient à manquer, alors la vie s’altère, s’attriste ou perd de son goût.
    • “Il poursuit la complétude. Il n’est pas comme on le croit trop souvent aujourd’hui (Schopenhauer, Freud, Sartre, Lacan), un manque indépassable, un manque à être qui serait, comme tel, la source de notre insatisfaction permanente, de notre angoisse et de notre malheur. Bien au contraire, le désir est le mouvement dynamique du manque qui se dirige vers sa propre suppression comme manque et donc vers son propre accomplissement comme plaisir et comme joie. Ce n’est pas le vide qui est la source de l’action, c’est l’anticipation de l’accès à la plénitude.” (Misrahi R. 2014 p. 32).

D4 - Dialectique paradigmatique

  • Le paradigme holographique nous permet d’élaborer un autre sens, une autre direction à nos intuitions que cela soit dans les métiers de l’humain comme le coaching et la thérapie, que cela soit pour la maternologie, le fœtus et les folies maternelles, que cela soit pour l’amour tout autre de Misrahi. Allons nous privilégier la relation d’objet et ces deux paradigmes biologiste et mécaniciste ou va-t-on privilégier la relation de milieu et le paradigme holographique ?

Ni tout l’un, ni tout l’autre mais les deux en alternance. Quand l’un nous fournit la possibilité d’être témoin des événements comme un photographe, alors l’autre, comme des acteurs, nous permet d’être connectés aux événements de les goûter et non de les observer uniquement. La thérapie et le coaching travaillent avec cet “amour tout autre”, cet amour agapé qui est le processus dynamique de la connaissance reliant les deux ordres ( déplié ou explicite / implié ou implicite ) au croisement paradigmatique des savoirs. Ces métiers sont des danses, des improvisations, développant chez le consulté sa puissance d’être de l’expérience de son Être. Notre rôle est de créer le contexte pour que cela advienne…