A1 - Pédagogue, à la source du mot
- En Grèce ancienne, le pédagogue (paidagôgos) était un esclave. Sa charge était d’accompagner l’enfant de ses maîtres à l’école des précepteurs. Un pédagogue était au service de l’autre. Pour certains, leur fonction était bien plus importante que de conduire l’enfant. Il était aussi celui de lui faire répéter et réfléchir aux enseignements. Cet esclave pédagogue était un érudit. Ainsi à cette époque, il y a plus de 2000 ans, le pédagogue était non pas un sachant (Sages), mais un serviteur du savoir et de l’apprentissage reliant le disciple au Sage, l'élève au savoir… le sujet au social. Le pédagogue n'était pas un expert d'un QUOI savoir mais un spécialiste du COMMENT savoir.
- Cette liaison du sujet au social est soutenue par notre façon de penser le monde de le représenter (symbolisation). À cette même époque au Ve et VIe siècle av. JC et en ces mêmes lieux, deux grandes écoles de pensée s’opposaient : les rhétoriciens et les dialecticiens. Autrement dit, d'un côté ceux qui persuadent et affirment, de l'autre côté ceux qui questionnent et estiment.
A2 - Pédagogue, deux façons de penser et d’instruire
- Le rhétoricien est celui qui utilise la pensée rhétorique (sophistes). Le rhéteur était un précepteur qui enseignait l'art de bien parler et de bien écrire. Il apprenait à ces élèves à discourir et à déclamer pour convaincre en s'attachant à la forme et au fond suivant certains préceptes d'éloquence. Le but était de manipuler les opinions afin d’obtenir l’adhésion sociale : le langage de nos politiciens contemporains en est sa forme la plus subtile. Les enseignements étaient payants et réservés à l'élite. La pensée rhétoricienne est logique à finalité précise. Elle affirme et ferme le discours : notion du savoir vrai.
- Le dialecticien est celui qui utilise la pensée dialectique. Cette pensée était l’art d’opposer deux conceptions contraires afin de confronter et de réfuter le savoir “vrai” des opinions (doxa) : elle signe la naissance de la pensée scientifique (scienta). Les première écoles et académies étaient gratuites. La pensée dialecticienne est dynamique et entraînante. Elle estime, elle ouvre le discours et l'espace du débat : notion du savoir relatif.
- À cette époque lointaine, ces deux grands courants de pensée ont leurs figures de proue. Pour la rhétorique nous avons Parménide, Platon, Aristote, Newton, etc. et pour la dialectique nous avons Anaximandre, Héraclide, Galilée, Einstein, etc. (Pour en savoir plus sur ces deux façons de pensée notre réalité : Foulquié, Paul. (1949). La dialectique (Vol. 363). PUF.)
- Le dialecticien est celui qui utilise la pensée dialectique. Cette pensée était l’art d’opposer deux conceptions contraires afin de confronter et de réfuter le savoir “vrai” des opinions (doxa) : elle signe la naissance de la pensée scientifique (scienta). Les première écoles et académies étaient gratuites. La pensée dialecticienne est dynamique et entraînante. Elle estime, elle ouvre le discours et l'espace du débat : notion du savoir relatif.
A3 - Pédagogie, un rapport au temps différent
- Ce qui nuance ces deux façons de penser le monde c’est le rapport au temps et à l’être. Le pédagogue utilisera soit l’une soit l’autre, l’usage des deux en simultané étant impossible.
- Pour les rhétoriciens, le temps est une conception linéaire avec l’être comme invariant et essence des phénomènes. Nous serions la cause première ou encore la cause serait dévolue à un dieu unique du monothéisme. C'est aussi l'idée d'immortalité de l'âme et du géocentrisme ou égocentrisme.
- Pour les dialecticiens, le temps est une conception cyclique (idem ressort hélicoïdal) avec les phénomènes comme fonction première, l’être et le sujet ne sont que des conséquences. C’est la loi des transformations et du changement continu qui génèrent le vivant. Pour eux, il semblerait que les causes seraient les phénomènes comme processus actifs (praxis) et les effets obtenus seraient les résultats (poïesis) comme l’être et ce qu’ils bâtiront socialement.
- Pour les rhétoriciens, le temps est une conception linéaire avec l’être comme invariant et essence des phénomènes. Nous serions la cause première ou encore la cause serait dévolue à un dieu unique du monothéisme. C'est aussi l'idée d'immortalité de l'âme et du géocentrisme ou égocentrisme.
- Ces questionnements sont aussi anciens que la philosophie et sa forme religieuse de la théologie. Nietzsche c’est frotter à ce questionnement dans “la naissance de la tragédie” (1872). Il tente de démontrer comment l’un et l’autre s’influencent mutuellement dans la tragédie (Dionysiaque / Appolinien). Il défend l’hypothèse que ce qui est princeps ou premier sont les phénomènes comme processus.
Ni tout l’un, ni tout l’autre, nous alternons et oscillons entre ces deux modes de pensée. La problématique apparaît quand nous utilisons un seul mode de pensée, tout se verrouillent…
- 75 vues