A

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Accompagnement
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Notion trop souvent ambigüe. Le sens commun confond accompagner au sens de “conduire vers” (“j’accompagne mon fils à l’école”) et accompagner au sens de rencontrer : être avec l’autre sur son chemin à lui, un moment. “Conduire” relevant bien sûr d’une logique de contrôle “être avec” relevant de l’autre logique de l’évaluation. C’est la différence entre piloter vers le changement et accompagner le changement. “L’accompagnement exclut les situations qui appellent de la part de quelqu’un dont c’est la fonction statutaire, soit un enseignement, soit un conseil (au sens de donner un conseil) soit une guidance ou une conduite, […] soit plus généralement une solution, une décision ou une expertise technique”.

L’accompagnement “être avec” est une aventure avec l’autre qu’on rencontre et avec qui on fait un bout de chemin. Ce n’est pas partager le but. C’est l’accompagné qui décide du but de la promenade. Accompagner, c’est être personne-ressource pour que l’autre trace son chemin. Est alors le mot emblématique de la logique de promotion des possibles dans l’évaluation (le contraire de la logique de contrôle). “Une relation dans laquelle ni l’un, ni a plus forte raison ni l’autre ne savent a priori ce qui va se passer, ce qu’ils vont trouver en chemin et, en fait, ce qu’ils vont construire”.

Distinguer l’accompagnement comme dispositif dans tel ou tel secteur social, de l’accompagnement comme logique de l’évaluation (le contraire du contrôle). L’un ne fait pas que l’autre soit réalisée. Aujourd’hui, se réclamer de l’accompagnement ne dit rien de la conceptualisation de l’évaluation qu’on porte.

Distinguer l’accompagnement comme catégorie dans l’étayage de l’autre (le contraire du guidage), des moments d’accompagnement à l’intérieur d’un dispositif d’étayage par le guidage. Tout éducateur accompagne parfois, mais peu sont actuellement formés pour assurer un dispositif d’accompagnement.

L’accompagnement professionnel est un type d’intervention éducative, une mission dans un poste de travail ou qu’une activité dans une mission : une activité à répertorier qui demande une formation spécifique.

 

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Accompagner
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Le verbe accompagner est un “parasynthétique”. C’est un procédé pour former des mots qui se caractérise par le cumul d’un préfixe et d’un suffixe ajoutés simultanément de part et d’autre du radical : ac/compagn/er. Mais le radical (compagn) est, de plus, lui-même dérivé du nom pain qui avait déjà donné “compain” devenu “copain” c’est-à-dire celui avec qui on partage le pain, avec qui on vit au quotidien, avec qui on partage les occupations, le chemin (le compagnon de voyage), les épreuves (le compagnon d’armes), une terre (dans le pariage). Compain s’est décliné en compagne (le féminin) et compagnon (le masculin).

Le verbe “compagner” aurait été attendu. Le préfixe peut avoir été ajouté pour des raisons d’euphonie ou de simplification de la prononciation, mais cela ne peut pas dispenser de s’interroger sur ce qu’ajoute ce préfixe (ac-) au sens du mot. D’autant plus que compagnie existe. On ne peut traiter accompagner comme s’il s’agissait du même sens que compagnon ou compagnie, simplement versé dans une forme verbale. On ne peut prestement passer du sens de “partage” ou de “partenaires” dans compagnon, à accompagner qui ne voudrait alors dire que “faire du partage” (ce que veut déjà dire le mot partager, prendre part) ou “devenir compagnon” (ce que veut déjà dire “être en compagnie de”), sans parler de “faire copain” qui existe aussi. Surtout que le nom “l’accompagnement” a été forgé et s’est maintenu. Tant et si bien qu’effectivement, si accompagner c’est “faire de l’accompagnement”, cela ne dirait rien de ce qu’est accompagner ! Pour sortir de cette tautologie, il est indispensable d’être attentif au sens du préfixe.

Le préfixe a- ou ad (latin ad) qui devient en général, par assimilation, ac, af, ag, al, an, ap, ar, as, at “marque une idée de tendance, de direction vers un but déterminé”, puis un vouloir, un aller vers, une chose en train de se faire.

Accompagner est donc la durée dans laquelle on fait en sorte de devenir compagnon, où on “va faire compagnon”, où on va être avec celui qui deviendra le “copain” : accompagner est une relation qui fera de deux partenaires des “compagnons”.

On est dans la construction d’une liaison qui ne se réduit pas au partage d’un projet, comme on partagerait un lieu ou l’usage d’un objet, mais qui comporte une dimension symbolique où se travaille le devenir de l’existence de l’accompagné. La liaison dont on parle est avant tout de l’ordre de la reliance aux autres humains : ce que l’accompagné travaille est son appartenance à l’humanitude, qui n’est jamais une donnée naturelle. On ne peut pas réduire l’accompagnement à la restauration d’un lien social qui viendrait réparer une fracture sociale. Accompagner n’est pas prendre en charge. C’est l’accompagné qui prend les décisions parce qu’elles concernent son destin. L’accompagnateur est personne-ressource, il n’a ni le bon procédé pour résoudre le problème, ni les solutions possibles : il sait en revanche attirer l’attention pour faire en sorte que l’accompagné problématise lui-même les situations.


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Action
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Le Faire rationalisable : réduction de toute prise de décision à une analyse cognitive de l’activité professionnelle avec diagnostic, planification et résolution de problèmes, par la mise en œuvre de “stratégies” (de calculs).

Théories de l’action : analyse de ces moments (somme toute rares) où les débats de normes sont explicitement traités en toute conscience et peuvent déboucher sur des prises de décision logiques. Sont utiles pour comprendre l’activité dans laquelle peuvent exister des segments rationnellement organisés, mises en actions plus ou moins algorithmiques, des procès. 

Mais ces dispositifs ne disent pas l’essentiel de l’activité. Ne s’interrogent que sur l’efficacité du procès étudié.. Sont pensés dans la logique de contrôle, dans l’univers du guidage.
Même quand ces théories de la rationalité de l’action visent la mise en acte d’une rationalité intentionnelle limitée, c’est-à-dire la recherche de “solutions satisfaisantes”, il s’agit seulement de mettre en place des programmes d’actions. C’est-à-dire un enchaînement d’actes et de décisions inter reliés, plus ou moins congruents, par le choix conscient des modalités des coordinations préalables et des coordinations contextuelles ou intrinsèques au faire. La rationalité dont on parle ici est toujours couplée avec l’intention consciente, pour décider en tout état de cause de la bonne voie. Ainsi, l’agir organisationnel comme forme de l’agir social est un agir humain (d’un ou plusieurs sujets) doté d’un sens intentionnel qui en guide le déroulement en fonction de l’attitude des autres sujets : on est dans le monde de l’action efficace où ne sont mises en place que des régularisations successives pour être conforme ou pour fabriquer le bon produit (voir RE) où le seul souci de l’acteur est de sélectionner ce qui dans la situation est vraiment cohérent avec l’objectif préalablement fixé.

La conduite humaine est alors ainsi définie : toute action comporte “des éléments d’orientation (définition du but à atteindre, identification de la situation dans laquelle on se trouve et détermination des opérations d’exécution), des éléments d’exécution (opérations de transformation effective de la situation en fonction du but visé) et des éléments de contrôle (vérification de la conformité de l’exécution tant dans son déroulement que dans son produit final).”.


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Activité
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Tout ce que fait, dit, pense et ressent l’acteur entrain d’agir. “Le travail n’est pas seulement l’activité incontournable mais le lieu d’un enjeu identitaire”

Déborde toujours la tâche prescrite. “L’activité ne peut pas être seulement exécution, conformité aux prescriptions. Elle suppose la capacité à évaluer la situation présente dans toute sa spécificité et à y répondre avec justesse”.


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Affiner
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Ne veut pas dire purifier, comme le croient les experts

Dans l’agro alimentaire :

L’affinage est la période de maturation pendant laquelle le fromage reçoit de nombreux soins qui influenceront son goût, sa couleur et sa texture.

Un fromage est dit affiné lorsqu’il a atteint sa maturation optimale au terme de sa période d’affinage (très variable selon les fromages et les périodes de l’année). Est le contraire d’un fromage frais.

Métallurgie : L’affinage des métaux désigne également un procédé métallurgique qui consiste à partir d’un matériau en fin de vie, et à lui redonner des propriétés qui le rendent apte à une nouvelle utilisation.

Les références permettent d’affiner sa pensée

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Agapè
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Mode de relation, attitude qui consiste à faire passer l’intérêt de l’autre avant le sien, dans un sentiment de “gratuité”, le renoncement au calcul, de désintéressement, pour le respect de la justice : de ce qui est juste pour l’autre, ici et maintenant. Résulte dans la relation humaine, de la présentification, de l’actualisation du tiers. “Peut s’écrire 1+1 = 3. Cette écriture modélise la ‘trame interactionnelle’qui se joue dans un espace tiers”.Le mot grec agapè signifie affection, amour, tendresse, dévouement. Se distingue de Eros (l’amour-passion) qui vise à la construction d’une équivalence, et de Philia (la chaleur humaine, l’amitié) qui vise à l’établissement d’une réciprocité. Chacun son chemin. Refus de prendre en charge le destin de l’autre. Indispensable dans l’accompagnement. Est une articulation de contraires, un complexe : à la fois familiarité, proximité présence à l’autre, intropathie, implication et distanciation, vigilance, étrangeté, détachement. Nécessite réflexivité et autoévaluation. Permet d’assumer le conflit, de donner son avis sans jugement de valeur.

Est une visée, un processus inachevable, une quête (voir initiation) et non pas un état qu’on obtiendrait avec la bonne technique. Donne lieu à la double écoute, à la médiation comme allier/délier. Permet d’éviter le don et le contre-don (et donc la dette ou la soumission) propres à la relation d’aide. Permet de faire face à la trahison. Fait partie de l’éthique de la relation. Permet l’échange dans l’acceptation du relier comme une donne de la relation humaine et non comme un enjeu marchand : le bénéfice est dans le processus lui-même et non pas dans un produit ou un effet de la relation.

Est une compétence, déclenche des habiletés. N’est pas une simple qualité de l’être qui pourrait s’instrumenter. À distinguer d’authenticité et d’harmonie.

A été traduit par amour désintéressé par la tradition de la mystique chrétienne dans la confusion avec la charité.
Contraire de la fusion, de la suture.


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Agir professionnel
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Conception de l’activité professionnelle qui ne la réduit pas à une organisation rationnelle d’actions pour obtenir un produit.


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Aide
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Apporter son concours à l’effort de l’autre qui sans ça n’y arriverait pas. L’effort de l’autre est décrété insuffisant. L’aidant se légitime par un savoir sur l’inefficacité de l’aidé.

L’aidant croit :
“à une défaillance de la personne, laquelle restreint son autonomie, limite sa capacité à répondre aux exigences ordinaires du cadre social commun”,
et que cette défaillance intime induit un besoin de prise en charge “de la part des institutions sociales, plus important que celui auquel répondent les ‘aides ordinaires’des institutions à nos ‘dépendances normales’” 
et qu’enfin “ce besoin particulier, articulé aux fragilités spécifiques de la personne, enclenche une personnalisation de la relation de dépendance à ces aides spécifiques” (Calin, D. 2008).

L’aide repose sur une ambivalence : “je t’aime donc je t’aide” : réactive la charité chrétienne, dans une perception de l’autre comme diminué, dans le besoin. L’aidant va lui redonner son entièreté. Débouche sur le lier : on se l’attache, “sans moi il ne peut pas vivre”. Le don et le contre-don ouvrent la spirale de la dette ou provoque la soumission. (Voir faciliter et relier).

À distinguer de la situation d’accompagnement.

Voir aussi relation d’aide

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Aiguiller
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Mettre sur le bon rail, choisir entre plusieurs chemins qui préexistent et donc choisir le plus court chemin vers un but. L’utilité est première : se déterminer pour une trajectoire.

Travail du conseil.

À distinguer de l’accompagnement.


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Aise
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Plus simple et plus sûr que le fameux “plaisir” au travail, trouver de l’aise dans son activité professionnelle est une visée qui ne s’obtient pas seulement par la maitrise des compétences mais aussi par un travail sur soi, sur ses positionnements épistémologiques (voir paradigmes).

Être à l’aise n’est pas “prendre ses aises”, c’est-à-dire s’étaler, se vautrer, se laisser aller. L’aise est entre relâchement et maintien, ni de la crispation, ni laisser aller.

L’aise est subversive, le signe d’une émancipation : “Nous n’avons pas à prendre nos distances à l’égard du formalisme, mais seulement nos aises (l’aise, ordre du désir, est plus subversive que la distance, ordre de la censure)”.

L’expert, lui, ne cherche qu’à se mettre à distance.


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Allier/délier
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Phénomène psychique caractéristique de l’accompagnement : délier en vue d’un nouveau et véritable allier. (voir relier et médiation). Travail de séparation et d’alliance : dans les contes, le héros doit partir pour grandir et mieux revenir.

“Correspond au travail de triangulation, de séparation et de différenciation, dont relève l’avènement du sujet humain […] travail de mise en pratique de la loi, travail de symbolisation […] pour finir par trouver sa place […] s’acquitter d’une dette, entamer son capital narcissique, répondre à la loi de l’obligation à l’échange, fondatrice du sujet humain”. (Voir Tiers). 

L’accompagnement est un dispositif qui permet d’appeler, de mobiliser et de supporter cette perte et cette entame.


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Altération
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Processus à partir duquel un sujet change (devient autre) sans, pour autant, perdre son identité, en fonction d’influences (qui peuvent évidemment être perçues tout à la fois comme négatives et positives) exercées par un autre (ou par d’autres). Promouvoir le changement implique d’accepter d’être altéré.

Dans le cadre des savoirs expérientiels, c’est l’idée de métissage.


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Animer
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Rendre à la vie.
Fantasme du formateur par exemple qui se croit nécessaire pour que l’autre existe. Symptôme du désir de maitrise.


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Aporie
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Contradiction insoluble dans un raisonnement. Impasse logique. Cul de sac de la pensée. Voir paradoxe.


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Apprivoiser
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Type de relation dont le but est de rendre moins craintif, plus sociable, de familiariser et s’accoutumer l’un à l’autre, d’instaurer le processus de reliance.
L’apprivoisement n’est un segment d’un dispositif qui prépare à un accompagnement. Ne peut pas être assimilé à l’accompagnement lui-même.

“Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde”, dit le renard au petit prince de Saint-Exupéry “si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaitrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sur terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d‚or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerais le bruit du vent dans le blé. […] On ne connait que les choses que l’on apprivoise”, dit le renard.

Le risque majeur est pourtant le même que dans toute pratique d’étayage : attacher, domestiquer, dresser, dompter : “Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure de départ fut proche : - Ah ! Dit le renard, je pleurerai. - C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise”.


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Appropriation
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Suppose la déformation de ce qui a été enseigné, de ce qui a été donné. S’approprier quelque chose, c’est le faire sien. Renvoie à la dynamique de l’apprenant. (voir trahison).
L’instruction s’arrête aux problèmes de la transmission l’éducation, elle, se préoccupe de l’appropriation.


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Arrimage
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Terme de marine. Désigne le chargement du navire de telle sorte que la marchandise fasse clé et ne bouge pas avec les mouvements de roulis et de tangage, sans utilisation de cordages ou filets (saississage) ou de construction en bois (accorage)… ex : des sacs chargés d’un bord à l’autre de la cale.

Ne pas confondre avec amarrage.

Les références permettent un processus d’arrimage.


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Articulation
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Relier sans unir, sans fondre.

Conception seulement mécanique : l’articulation osseuse. Nécessite un troisième élément qui permet de faire jouer ensemble les deux autres. Voir médiation comme tampon. Insuffisante si on veut comprendre l’articulation des paradigmes profanes dans la dialectique.

L’articulation vocale : métaphore plus riche, à la fois biologique (articuler, c’est pour se faire entendre, permet la signification) et mécanique (jeu des cordes vocales). De même le coït.

L’articulation des postures n’est pas à concevoir seulement comme si les paradigmes étaient devant soi (voir action) peut se faire dans le sujet en acte (voir activité) : jouer une posture en ayant à l’esprit l’autre posture pour savoir ce qu’il ne faut pas faire. Travail de repérage permanent, évaluation en acte. Voir orientation.

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Asssumer
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Dans l’expertise
Faire des compromis - Manipuler - Séduire
Faire passage, en sortir
Dans le stratégique, pour obtenir

Dans l’accompagnement
Habiter - Etre en présence de… - Faire avec
Être là, Ici et maintenant
Dans le symbolique, pour avancer

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Audit social
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Examen de l’état et des dynamiques du volet ressources humaines d’une organisation privilégiant la dimension relationnelle instrument de coordination des études et des améliorations, de gouvernement des expériences. À ne pas restreindre au bilan social.

On peut distinguer : l’audit de conformité (au regard d’un certain nombre de normes internes à l’organisation ou au groupe) dont une variante est l’audit qualité (voir démarches qualité). L’audit d’efficacité (analyse des résultats par rapport aux buts détermination du coût d’obtention de ces résultats en moyens humains appréciation de la qualité de ces résultats.). L’audit stratégique (traduction de la stratégie sociale en plans et programmes convergence de la stratégie sociale et de la stratégie générale de l’organisation au regard des ressources humaines disponibles).


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Auditeur
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Garde de son origine (dans l’audit financier est, entre autre, celui qui “espionne” pour traquer les preuves d’une malversation) la volonté d’entendre ce qui d’habitude se cache. S’intéresse aux dysfonctionnements pour les corriger, ce qui le place dans la logique de contrôle pour l’amélioration des pratiques, leur rationalisation.

Pour l’intervenant formé en évaluation, est une posture d’expert qui écoute (de toutes les façons possibles, y compris sans se faire voir) pour comprendre comment les gens inventent leur monde. S’immisce dans le groupe, pour enquêter. Cette écoute est orientée sur les erreurs. Est au service d’une norme qui externe (soit parce qu’elle est assignée par le commanditaire, soit parce qu’elle est reconnue comme indiscutable à ce moment dans ces pratiques-là : auditeur qualité). C’est une variante de l’expert qui d’habitude tire les normes de son propre référentiel qu’il présente toujours comme un ensemble reconnu, homologué voire étayé scientifiquement et qu’il incarne.

La confusion entre expert et auditeur est fréquente, la parure du scientifique attachée à l’expertise pouvant servir à enjoliver tous les types d’interventions sociales.


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Authenticité
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Vertu de l’être. Vocabulaire de la philosophie. Qui exprime une vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles, des conventions : ne pas avoir de façade. Accomplissement antérieur à toute prise en charge consciente et rationnelle de soi-même. Qui agit par soi-même, qui est maître de soi. Désigné parfois par “intégrité personnelle” : vivre en harmonie avec ce que nous savons, professons, vivons.

Modèle du sujet comme simple intériorité (“  vérité profonde”, accomplissement intuitif, coïncidence avec l’image sublimée de soi). Fantasme du vrai, du pur : métaphysique. Illusion de la liberté au nom de ses préférences. Confiance en soi irraisonnée, qualité postulée, ressentie. Affirmation d’une connaissance de soi comme être plein, entier, forcément bon (accueil de soi). Désir de maitrise et d’instrumentation du moi (faire taire le critique intérieur, gérer ses émotions, fuir l’agressivité, l’anxiété : se contrôler). À distinguer de autorisation (voir personnage).

Attribuée par intuition à l’autre, permet toutes les inquisitions, les jugements de valeur, de verdicts, et l’imposition de techniques d’instrumentation du soi. Voir développement personnel.


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Autoévaluation
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Se prendre pour objet d’évaluation. Celui qui l’initie en est le bénéficiaire. Ne se fait jamais seul, passe par les autres. Processus d’altération de son système de références au cours de confrontations avec le système de références d’autrui. Se joue en acte, dans la dialectique entre l’autocontrôle, cette intériorisation de normes pour se rendre conforme, se maitriser et l’auto-questionnement24, ce travail de suspension, de mise en doute du projet, de soupçon sur ses pratiques pour se réorienter.

Trop souvent confondu avec l’auto-bilan, cet arrêt de l’action pour en faire la somme et qui débouche sur l’autocorrection (rétroaction, voir bouclage).


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Autonomie
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C’est une visée. Ce n’est pas un état.

Caractérisé par trois critères :
- La responsabilisation,
- L’esprit critique,
- L’émancipation.

Savoir vivre avec ses liens de dépendance. N’a rien à voir avec la liberté.


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Autonomisation
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C’est le processus vers l’autonomie, un processus sans fin et une conquête, un travail inachevable. L’éducation suppose l’autonomisation.


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Autorisation
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S’autoriser à : rendre possible.

Se mettre à l’origine de sa parole, parler en tant qu’auteur, en son nom. Dire ce qu’on a à dire, le signer ici et maintenant. Ouvrir le dialogue. S’attendre à l’altération. Participe de l’autonomisation. Voir avis.

Se mettre un parmi les autres, en dynamique, dans l’agir.

Assumer, faire avec son histoire.

Suppose la responsabilité du sujet dans son évolution.

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Avis
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Dire ce qu’on pense être juste pour l’autre à ce moment. Proposition de significations contextualisées, signées par un auteur en situation, pour communiquer avec les partenaires. Se donne pour débattre, discuter, négocier, orienter, provoquer. Dans la logique de promotion des dynamiques et du changement : de l’accompagnement.

À distinguer de jugement. Voir Agapè.