• BONHEUR n°2 • Bonheur au travail ou l'entreprise Bisounours !…

bonheur au travail

Suite à notre présence à un colloque sur le “bonheur au travail”, nous nous interrogeons sur l’instrumentalisation de cette idée, certes vielle comme l’humanité, mais de son fondement. Ce qui est mal pour une personne, peut devenir bonne pour une autre, le monde des “Bisounours” très en vogue actuellement n'est pas universel (idem BIEN-veillance). Ainsi, l’heure qualifiée en ( Bonne / Mal ) est toute relative à chacun. Si vous en doutez, lisez ce qui suit. Qu’elle sera le consensus sur ce mot du “bonheur au travail”. Ne prenons plus des vessies pour des lanternes : sérendipité et assertivité, au rendez-vous…

 

A - Le bonheur est relatif à chacun

  • Il n’y a pas plus flou que ce concept de bonheur. Qu’est-ce donc le bonheur ? Est-ce le dernier smartphone à la mode ? Est-ce une heure satisfaisante entre (Plaisir/Déplaisir). Est-ce une heure bien remplie face à une heure d’ennuis ? Est-ce l’heure de l’amour, lui aussi concept flou des relations humaine confronté à son émotions contradictoire de la haine. Qu’est-ce donc ce  bonheur de la Bonne-Heure ?

 

  • Les marchands du Bonne-Heure du Moi perdu
    •  Le développement personnel, qui met en avant le “Moi perdu” ou carencé, propose de multiples formes de cheminement vers le bonheur et l’épanouissement de ce qui se sent, se pense et se croit être : Moi. La pleine conscience suit ce même chemin ainsi que beaucoup de pratique d’aide accès sur le soin, la thérapie ou le corps comme la cohérence cardiaque, la fasciathérapie, la sophrologie, etc.
       
    • Grâce à ces pratiques complémentaires l’espoir est d’unifier et ou de réconcilier la tridimensionnalité de l’humain : Corps-Psyché-Esprit. À chacun de trouver la méthode et l’outil qui lui va comme un gant. Vous reste aussi la solution d’aller voir les spécialistes du bonheur, comme le Dalai Lama, ou pour les laïcs vous pouvez découvrir les illusions du bonheur de Luc Ferry, ou encore Misrahi avec la joie de Spinoza de l'expérience d'être (verbe d'action ou processus) et non l'expérience de l'être (substantif ou l'objet bien nommé).
       
  • Les gens du Mal-Heure, leur bonheur dérange…
    • Si nous allons jusqu'à "l'ivresse" ou l'échec pour endormir nos douleurs, quand celles-ci réapparaissent nous nous sentons de plus en plus mal et c'est le retour à la case départ des dépendances, des addictions et des dépressions. C'est un cercle vicieux. Car ce n'est pas nos addictions, la boisson ou les médicaments, ou n'importe quoi qui est la cause de nos problèmes, pas plus que notre attachement à notre femme ou nos enfants, ce que nous voulons vraiment, ce que nous désirons par nos dépendances multiples et notre culture de l'échec en boucle, c'est en fin de compte nous faire mal et nous sentir mal, nous ne sommes pas digne. Par ce mal-heure, l'être légitime son expérience d'être.
       
    • Notre malheur devient un bonheur n’ayant pas trouvé sa joie (bénéfice induit). Le masochisme avec ses dépendances, la culture de l'échec sont tous en cela un bonheur dans le malheur. Notre responsabilité, nos culpabilités et nos hontes sont tous là pour nous dire que nous ne nous sentons nous-mêmes et nous savons qui nous sommes réellement que lorsque nous nous voyons sans valeur, humilié, malheureux, plus bas que terre. Est-ce en cela que le déplaisir signe la légitimité d'être du sujet à qui elle n'a jamais été donnée (enfants battus, ignorés, etc.) ?
       
  • Les deux chemins du bonheur
    • Le premier chemin du bonheur hédoniste de l’indépendance promet, via des pratiques, que notre heure sera bonne. Dans ce cas l’estime de Soi et la confiance en Soi est prévu normalement au rendez-vous, si et seulement si ces pratiques ne deviennent pas des dépendances addictives elles aussi. “Où est le Dojo, m'sieur ?”
       
    • Le second chemin du bonheur masochiste des dépendances, lui aussi permet la même chose, à cette même heure d’être bonne, mais le Moi en mal de son expérience d’être légitimé va savoir qui il est, qu'il existe réellement lui-même que lorsque il se sentira humilié, blessé, offensé… par auto-destruction.
       
  • Constat
    • Nous pouvons constater que l’heure du bonheur est toute relative au Moi de chacun et à sa dynamique interne entre (hédoniste/masochiste) ou (indépendance/dépendance). Le bonheur masochiste va cultiver l’échec, la soumission et le déplaisir pour crier son désir d'être (pulsion de mort) quand le bonheur hédoniste va cultiver la satisfaction et le plaisir (pulsions de vie). Le bonheur semble être un état intérieur au sujet dépendant du contexte et des relations.
       
    • Ce qui est bon pour certain est mauvais pour d’autre. Le seul point qui nous paraît intéressant à développer, c’est que le bonheur masochiste pointe un traumatisme primo-infantile, une faille narcissique, ou encore une ambivalence des angoisses insolubles de l’enfance… et là l’entreprise peut faire aussi quelque chose pour que, pour eux, leur Mal-Heure se transforme en Bonne-Heure partagée. Le bonheur ne peut pas être assigné à résidence comme l'entreprise du bonheur souhaiterait le faire. Le seul moyen est de changer le contexte et la qualité des relations qui légitime les sujets en expérience d'eux-mêmes.

 

B - L’entreprise et le bonheur

Isaac Getz (lien sur l'article) propose la métaphore de la plante (collaborateurs) et du jardinier (manager) pour illustrer l’entreprise du bonheur. Il nous faut donc trois chose : Soleil - Terre - Eau.

  • Le soleil : manager-miroir des sujets
    • il représente la relation sujet/sujet, et ainsi se donner le pouvoir de développer la considération, le respect, la confiance, la bienveillance dans une relation sujet/sujet et non sujet/objet systémique. Cette qualité de relation permet et valorise les capacités de réflexions et de proposition des collaborateurs.
       
  • L’entreprise : lieu du développement des sujets
    • Elle est représenté par le terreau fertile comme lieu des potentialités pour se réaliser comme individu. En tenant compte de la dimension du développement personnel des collaborateurs, l’entreprise devient le lieu de réalisation des potentiels compétences non développés. L’organisation se positionne comme une entreprise apprenante. Elle est le terreau fertile dans lequel les collaborateurs poussent, acquièrent de nouvelles connaissances et s’épanouissent.
       
  • L’eau : développer les potentialités des sujets
    • Elle serait de développer les capacité d’auto évaluation, d’auto-régulation et d’auto-gestion face aux choix. Pour se faire, ne pas contrôler, mais accompagner l’auto-direction des collaborateurs par auto évaluation-régulation. La nécessité de travailler en complémentarité de compétences (Intelligence collective) et non en hiérarchie de contrôle; de relier par l'intelligence stratégique les intelligences multiples (pragmatique - émotionnelle - rationnelle) composites des sujet.
       
    • Ainsi imaginée, l’entreprise du bonheur devient un lieu d’étayage et de maturation des collaborateurs composant son organisation. Cette idée est un pari sur l’humain et l’incertitude, c’est aussi introduire la psychanalyse versant analytique comme vecteur de cet étayage et de cette maturation psychique des sujets puisque tel est sa fonction première sans devenir un hôpital du soin puisque sa mission est différente.

Comme le formule un ami ex manager HP à son heure de gloire qui a une vision claire de ce phénomène, la finalité de l’entreprise n’est pas de soigner des gens, elle existe pour fournir une valeur ajoutée à des clients, à des administrés ou à des adhérents. Pour ce faire, le devoir de l’entreprise est de prendre soin de ses salariés, de les respecter… et non de les soigner… le devoir de l'organisation est de créer un contexte et des relations constructives pour tous.

 

C - Instrumentalisation du bonheur

  • Si le bonheur, qui devient un nouveau crédo pour l’entreprise substitue la phrase “La bienveillance engendre la confiance qui génère la performance” à cette phrase “Un esclave content est un esclave productif”; alors nous retournons un demi siècle en arrière à l’époque des Néo Ressources Humaines où le bien-être au travail augmentait l’efficience. Dans ce cas, ce ne serait plus le sujet qui serait au centre des préoccupations comme Sujet-Valeur avec ses désirs d’être et son expérience d’être au sein d’un collectif et de l’entreprise, mais de nouveau il deviendrait un sujet réifié et objectivé vers une seul finalité la €-Valeur fictive comme mirage narcissique. L'argent contribue au bonheur, mais il ne le réalise pas, ce n'est pas une valeur loin de là…
     
  • Une fois instrumentalisé et outillé par des consultants experts du bonheur, ou experts Bisounours, le risque à observer serait : “Est-ce que le Bonheur Au Travail (BaT) peut être géré comme les Risques PsychoSociaux (RPS)” ?… histoire de montrer patte blanches, non pas dans l’environnement mais pour la santé des collaborateurs. Heureusement, des indicateurs montrent que certaines entreprise ont bien compris la différence. Restons en vigilance et à l’écoute des besoins des leaders ne sachant que faire ou comment faire. Certain ne trouverons jamais leur compte et leur place dans un espace ou il y a que du bonheur. Devinez qui ?
Coach paca - fabrice prevost