G3 - Facteurs individuels

… de la psycho-dynamique

L’absentéisme comme symptôme ou indicateurs, serait le signe d’angoisses, de troubles de la personnalité et ainsi de l’incapacité à vivre ses propres tensions psychiques ou du non-sens des études. Pour certains psychiatres et psychanalystes, le nœud du problème serait que l’absentéisme répété de l’adolescent est un acte dans le réel signifiant la nécessité de se décrocher du “désir de la mère”, et cet acte témoignerait d’une carence : l’absence de la fonction paternelle séparatrice (mère-enfant) en son temps.


Annie Cordier, neuropsychiatre et psychanalyste : “De la dépression à l’absentéisme”

  • “La dépression chez l’adolescent reste souvent masquée derrière des troubles du comportement qui deviennent vite comportement risque et met en péril sa vie et son devenir ; absentéisme n’est qu’un aspect mineur mais révélateur de cette problématique ou l’agir prend le pas sur l’aspect purement dépressif fait de pertes de l’élan vital, de tristesse, d’angoisse. (p. 183)


Patrick Delaroche, pédopsychiatre et psychanalyste : “Le prix de l’absence”

  • “Aux premiers temps, l’enfant ne peut être désirant puisqu’il est lui-même l’objet du désir (de la mère). L’action métaphorique du père lui permet au contraire, en le délivrant de l’emprise maternelle, de désirer lui-même un objet qui n’est pas incarné dans une seule personne, même s’il peut dès lors l’investir. C’est cette opération qui lui fait contracter une dette (au père) qu’il pourra résoudre à sa façon, en travaillant à l’école, par exemple, c’est-à-dire en pouvant répondre aux désirs de ses parents à son égard dans ce que ce désir à de sublimé.” (p.36).


Daniel Marcelli, psychiatre : “Absentéisme et autorité”

  • Conduites pathologiques
    • “D’une façon générale, on pourrait dire que plus l’absentéisme scolaire s’accompagne de non-respect du cadre dans tous les secteurs de la vie (à la maison, dans les activités extrascolaires…), plus nous sommes confrontés à des jeunes ayant des troubles de la personnalité. Pour ceux-là, il est souvent difficile de supporter la frustration, de tolérer l’attente ; ils sont toujours dans une exigence de satisfaction immédiate, et donc dans l’incapacité de supporter les règles. Ils ne sont pas sans rappeler ces jeunes enfants dont on dit qu’ils sont dans la toute-puissance, ne voulant rien entendre des autres, ne reconnaissant qu’eux-mêmes comme guide acceptable : “c’est moi qui fais quand j’ai envie, quand j’ai décidé”. Il ne fonctionne que sur le principe de leur bon plaisir qui s’accommode mal d’un cadre d’autorité, lequel suppose de se laisser guider et de composer avec une réalité générant toujours de la frustration.” (pp. 78-79).
  • L’enfant et ou le parent confondent obéissance et soumission
    • “Quand on parle d’autorité, il ne faut jamais confondre l’obéissance et la soumission. L’obéissance est un fait de culture, la soumission est un fait de nature, “le pouvoir du plus fort sur le plus faible”. Dans le monde animal, c’est la règle éthologique de la soumission en revanche, l’obéissance traduit toujours l’acceptation de se référer dans les rapports entre sujet un tiers qui régule cette relation pour le plus grand profit de l’un comme de l’autre.” (p. 79).
  • Étudier, mais pour quoi faire ?
    • “Le fléchissement scolaire est assez spécifique de l’adolescence. […] Il traduit le fait que l’adolescent tente de désapproprier ses parents de l’investissement scolaire. Dans le fond, il ne veut plus travailler pour faire plaisir à papa et maman, comme il l’a fait jusque-là. Mais il n’a pas encore trouvé la raison pour laquelle il doit travailler, ce qu’il traduit par : “Tout ça c’est nul, ça ne sert à rien…” (P. 80)
  • Apprendre c’est dur…
    • “Peut-on toujours apprendre dans une dimension de plaisir ? (bienveillance à tous les étages…) Apprendre, à un certain niveau, nécessite efforts et tensions psychiques. Certains élèves réussissent ainsi, sans jamais se confronter à la vraie nécessité de travailler, jusqu’en quatrième ou troisième. Arrivés en seconde, quand le problème de maths ou la dissertation demande de creuser, de se concentrer, de réfléchir, ils désinvestissent, fuient, parce qu’ils sont incapables d’intérioriser le problème, d’affronter l’épreuve qui consiste à reconnaître qu’on ne trouve pas tout de suite la réponse. Pour pouvoir supporter la tension psychique nécessaire dans la scolarité (mais dans d’autres domaines aussi…), l’élève doit y avoir été confronté, soit à travers les professeurs, soit à travers ses parents. Ceci lui donne le modèle de ce qu’est la tension psychique et du plaisir que l’on peut avoir à la résoudre. Ce n’est qu’à cette seule condition que le jeune investira la jouissance que peut représenter l’effet de la tension psychique et sa résolution. Certains adolescents produits efforts et tensions psychiques quand ils l’ont décidé ; d’autres sont aussi capables de les produire sur commande, dans un certain contexte ; d’autres en sont totalement incapables et se détournent de la scolarité.” (P. 83)

Michel Basquine, psychiatre : "L’absentéisme a-t-il à voir avec la psychiatrie ?"

  • Angoisse de séparation & Angoisse de dévalorisation
    • “Le problème est que, dans cette pathologie souvent résistante, éprouvante, lourde de conséquences que la phobie scolaire, l’école joue finalement pour peu de chose, sauf parfois à travers certaines situations particulières (peur d’être interrogé, peur d’un contrôle…) qui mettent en question l’estime de soi, ce qui alimente l’angoisse. Dans la phobie scolaire, c’est souvent une angoisse de dévalorisation qui est à la. Et plus souvent encore une angoisse de séparation, l’enfant ayant alors dans l’idée qu’il doit rester présent à la maison pour éviter que quelques catastrophes se produisent : mort de quelqu’un, incendie…” (pp. 71 – 72)
  • L’école ne signifie rien, ne représente pas…
    • “Si l’absentéisme n’a pas de relents pathologiques mais représente bien un épiphénomène, c’est à ce titre qui nous interpelle. […] Ce sur quoi il semble à présent nécessaire d’insister, c’est qu’aujourd’hui, pour un certain nombre d’enfants, l’école ne signifie rien […] l’école ne représente pas […] l’école n’ayant aucune signification, aucune existence dans leur esprit, on ne peut même pas parler d’absentéisme scolaire, l’absentéisme supposant que, dans un lieu donné, on soit présent ou absent ; mais si ce lieu n’existe pas, ne constitue pas une référence, on ne peut pas parler d’absence. Et comme l’école n’a pas d’existence pour eux, ces enfants-là finissent par ne plus avoir d’existence eux-mêmes.” (p. 74).