B - Fonction de la psychanalyse

 

  • La fonction du psychanalyste n’est pas d’imposer la bonne conduite de socialisation d’un “ce qui doit être” sous forme de procédure de dressage via des dogmes, des morales ou des normes scientistes (Surmoi du groupe social). Sa fonction est de poser un cadre et ses limites (surmoi de l'analyse) comme basses structurantes et récurrentes afin que le sujet questionne ses angoisses, ses actes, ses pensées ou “ce qui est”, en relation à ce cadre comme limite et obstacle.
     
  • Questionner les limites, ce sont les intégrer pour les travailler et c’est justement ce processus éducatif qui élabore et organise, qui borde et borne notre psyché. Ces limites sont ainsi vues comme des enveloppes (Anzieu) unifiantes évitant le morcellement du sujet (permanence). Par et dans ces limites, nous expérimentons et nous nous confrontons aux obstacles de la vie. Les obstacles commence par la présence (abondance) et l'absence (manque) de la personne étayante (Attachement de Bowlby) souvent la mère référente. Pour palier à nos manques, le langage comme processus de symbolisation (Lacan) va substituer la présence physique à une présence psychique. Ce va-et-vient de l’expérience contradictoire (abondance/manque) comme obstacle permet de créer notre propre permanence psychique du Moi par introjection du manque de “l’autre en soi”. Les obstacles-manques symbolisés élaborent notre réalité intérieure. C’est pour cela lorsque “l’autre en soi” symbolisé vient à disparaître définitivement, une partie de nous-même est arrachée : notre manque à être. Dans ce cadre où les limites sont posées comme nécessitées du moment et non imposées comme vérités immuables, nous sommes dans une relation éducative et thérapeutique de l'élaboration de la psyché du sujet en devenir vers une finalité humaniste (Pulsion de vie : Eros).
          
  • Dans le cas contraire, dans la vie de tous les jours, si ces bases sont imposées par les garants comme des vérités stratifiées, alors un combat permanent inconscient prend racine. Ce combat confronte le réservoir de la pulsion du sujet (Ça) aux vérités imposées par le groupe social (Surmoi). Dû au mimétisme social et par manque de sens construit par auto questionnement, le sujet ne peut intégrer et intérioriser que par soumission librement consentie les attendus socioculturels. Son Ça sera en bernes et attendra son heure de gloire pour passer à l'acte et/ou s'exprimer via les symptômes, son Moi sera bancale et le Surmoi est bien souvent surdimensionné. Ces sujet peuvent devenir les bons travailleurs de notre monde néolibéral attendant l'évènement ou le “Mais—Si” révélateur de leurs potentialités (développement personnel) pour faire advenir le dictateur frustré qu'ils cachent dans leur inconscient (Iznogoud). Tous rapports de dressage et de formatage de la construction de la psyché vers une finalité de conformité aliènent immanquablement les hommes et leur psyché à la barbarie (Pulsion de mort : Thanatos).
     
  • Ainsi, le devenir de l’élaboration psychique des sujets, de nos enfants et de nos institutions se joue dans la qualité de la relation éducative et thérapeutique dépendante de la posture des garants du devenir des autres.