C - Du décrochage à la délinquance

 

C1 - Le décrochage, c’est quoi ?

  • Le décrochage est un processus de désadhésion et de désaffection du système amenant au décrochage scolaire :
    • “Le décrochage désigne le processus plus ou moins long qui n’est pas nécessairement marqué par une information explicite entérinant la sortie de l’institution. Il s’oppose à la démission, qui explicite le départ volontaire de l’élève, et à l’exclusion acte par lequel une autorité reconnue vous démet de vos fonctions. Une démission peut d’ailleurs intervenir avant une exclusion prévisible par l’élève. Le décrochage est le terme choisi par Blaya pour désigner le processus de désadhésion au système ou un accrochage manqué qui conduiront à plus ou moins long terme à une désaffection, un décrochage. La déscolarisation serait l’étape ultime du décrochage.” (Esterle-Hedibel, M. 2006 p.45)


C2 - Typologie des enfants en décrochage scolaire

  • Esterle-Hedibel pose sa réflexion autour de plusieurs questions qui ont fait débat entre les équipes de chercheurs, et qui recoupent des thèmes présents dans le débat public : Pourrions-nous créer une typologie ou profils types ? Est-ce une exception ou non ? Existe-t-il un lien entre absentéisme, déscolarisation et délinquance ? La démission des parents, est-ce un phantasme ou une réalité ?
    • Peut-on organiser une typologie des élèves déscolarisés, à partir de profils types ?
    • Les élèves déscolarisés sont-ils des “exceptions malheureuses” dans un système qui contrôlerait mal la scolarité de tous, ou leur situation est-elle significative d’une sélection qui refoule à la marge ceux qui ne sont pas en adéquation avec ses normes ?
    • Quels liens peut-on établir entre absentéisme, déscolarisation et délinquance ?
    • Dans quelle mesure les familles sont-elles partie prenante des arrêts de scolarité des jeunes ? Cette dernière question permet de relativiser la supposée “démission des parents”, “évidence” régulièrement entendue dans les établissements scolaires et parmi les travailleurs sociaux.

C3 - Corrélations : Décrochage > Déscolarisation > Délinquance

  • Des études faites et commandées par la CNAF (Mucchielli, L. 2000-2001) et le Haut Conseil de la Population et de la Famille (Martin, C. 2003) sur la délinquance montrent que celle-ci est dépendante de deux facteurs : d’un côté nous avons la misère relationnelle et langagière (absence de culture & non pas la pauvreté qui est une absence de moyen), d’un autre côté nous avons la précarité économique des familles (avec ou sans diplômes). De même, les a priori de l'opinion (doxa) des familles monoparentales et de la démission des pères sont réfutés (pièce jointe ci-dessous). Ainsi quand l'évaluation du CNESCO rapproche les facteurs de risque au contexte de la monoparentalité, famille nombreuse, pas de diplôme, chômage,  il nous semble qu'une distance sociologique est à prendre en compte :
    • "Dans les académies les plus exposées au décrochage scolaire, plusieurs facteurs de risque, dépendant du contexte territorial, peuvent être identifiés. La très grande majorité de ces académies ont une part plus élevée de familles monoparentales, un chômage plus élevé et, à un moindre niveau, une part importante de familles nombreuses et de personnes non diplômées parmi les 45-54 ans" (CNESCO 2017 p.16)

D'après ces études sociologiques sur l'origine de la délinquance (pièce jointe ci-dessous) nous pouvons en déduire qu’il y aurait peu de variables corrélatives directes entre le décrochage scolaire et la délinquance. Sur les trois préoccupations clés de la politique sociale — norme (de réussite) - chômage - délinquance — le chômage serait ainsi l'élément principal. Ce qui semble se jouer et les enjeux du décrochage scolaire seraient différents, la préoccupation des enfants n’est ni celle des adultes, ni celle des institutions sociales. Il semblerait qu'ils expriment par cet acte du décrochage scolaire une demande : "J'existe…”. Voyons un peu plus loin.