G - Approche psycho pédagogique

Dans cette approche, pour Serge Boimare (2014-2016), deux choses sont pointées : les difficultés instrumentales et les difficultés psychologiques.

 

G1 - Du côté des difficultés instrumentales

  1. En premier nous avons “l’inconstance motrice” par des attitudes et comportements inadaptés au contexte : hyperexcitation, endormissement, repli sur soi, etc.
     
  2. Le second point concerne “la défaillance des organisateurs de la pensée” (temporalité et causalité) qui marque les repères identitaires, de filiation, mais aussi la maîtrise du langage et les règles de communication avec l’autre. Ce déficit de repères temporels et causals provoque une mauvaise évaluation et régulation au contexte.
     
  3. En troisième, Serge Boimare insiste sur “le temps de suspension” idem à l’espace de transitionnalité de Winnicott. Ayant une identité floue ou fragile substituée par des héros, à ce moment où les enfants doivent penser par eux-mêmes, ils se sentent en danger. Décalquer plutôt que de se créer, Lacan parlerait ici d’une peur, d'une angoisse ou d'une carence de symbolisation.


G2 - Du côté des difficultés psychologiques

  1. Le premier point concerne “la nécessité de se plier aux règles” et ainsi à supporter ses propres limites. Apprendre, c’est se confronter à l’autre, au savoir, aux règles et limites… ils préfèrent rester dans l’illusion de leur propre toute-puissance. Contrairement à la psychanalyse qui pointerait tout de go le mythe d’Œdipe, ici ce qui est en jeu serait le mythe de Narcisse (défusion) et la fragilité identitaire de l’enfant. Si ce premier mythe est mal vécu (état-limite ou borderline), le mythe initiatique suivant d’Œdipe ne peut être incorporé.
     
  2. Le second point concerne “l’établissement de la bonne distance à l’autre”, à l’instituteur et le savoir. L’enfant ne peut prendre sa place à l’autre, si dans sa famille les adultes sont eux-mêmes flous sur leur propre place. Ce qui se joue en classe, c’est joué au préalable dans la famille.
     
  3. Le troisième point concerne “la focalisation de l’intérêt de l’enfant sur des choses particulières et non générales”. Les préoccupations personnelles sont prioritaires sur l’universelle. Moi, moi, moi et non Nous ou la pensée collective comme : liberté, égalité, fraternité. L’inconfort identitaire de l’enfant le ramène immanquablement à se centrer sur lui-même : que revendique-t-il à ce moment-là si ce n’est sa propre fragilité.


G3 - Langage : des mots pour le dire…

  • Serge Boimare insiste sur la pauvreté du maniement du langage des enfants en difficultés. Il insiste sur l’incapacité de ces enfants vivant les phobies scolaires et les troubles de l’apprentissage à produire des images mentales, à symboliser. Ils ont des difficultés à passer du perceptif des sensations et ressenties au représentatif des émotions et sentiments. Ils ont des difficultés à mettre des mots sur leurs états. Pour ces enfants, il y a un danger à rentrer dans leur monde intérieur du faîte de représentations insécurisantes car mal organisées. Pour cela ils érigent des carapaces protectrices de héros bardés de muscles, de cuir et d’armes.
    • Savoir et copier des modèles OUI (temps de l’immédiateté) = sécurité
    • Apprendre et réfléchir par soi-même NON (temps de suspension du différé) = danger