A - Humour : Poète / Savant

Mais que veux dire ce jargon savant… "L’humour est un Ça qui SUR-exalte les Surmoi. Il rend puériles et futiles les penchants et stratégies de défense du Moi ?"… Viva les poètes.

 

A1 - Réponse du poète : illustrations cliniques

  • Notre 1er histoire
    • Un jour un ami s’assied à la terrasse d’un café au soleil pour lire son journal et en prendre un… café. Le serveur le lui apporte et haut problème, du rouge à lèvre marquait la tasse. Qu’auriez-vous fait ? Gentiment, il rappelle le serveur et lui demande : “Auriez-vous l’adresse de la charmante personne qui à laisser cette trace”. Devinez la réaction du serveur… Ipso facto une nouvelle tasse arrive avec un sourire complice.

  • Une 2e histoire
    • Une sage-femme reçoit une femme enceinte de cinq mois. La femme lui dit que “la chose” bouge. La sage-femme surprise de nommer comme cela le bébé répond : “Comme c’est original de le nommer la chose, c’est la première fois que j’entends cela”. La femme un peu surprise lui répond : “vous comprenez, nous ne connaissons pas encore son sexe pour lui donner un prénom”. La sage-femme lui demande : “Voulez-vous connaître son sexe, ainsi votre bébé aura un prénom ?”

  • Une 3e histoire
    • Un ami très avisé un jour m'a utilisé la métaphore humoristique suivante pour que je puisse entendre et apprendre : “Il me semble que les statistiques c’est comme mes strings, cela cachent toujours l’essentiel.”

 

A2 - Réponse du savant : développé théorique

  • Surmoi & Faute
    • Dans nos histoires le surmoi, ou la convention sociale, voudrait dans la 1er histoire que la tasse soit propre et dans la 2e histoire que le bébé à venir soit nommé ainsi. Ces deux cas sont des fautes soit professionnelles (attendu) ou soit de goût (convention) dans l’imaginaire social en référence à une forme d’idéologie dogmatique, moralisatrice, normative, contractuelle, etc.
  • Sur-exaltation & Erreur
    • La sur-exaltation des surmoi transforme la faute en erreur. L’erreur est estimable et transformable contrairement à la faute qui est condamnable via un jugement de valeur. L’humour permet de déplacer le cadre référent de faute à erreur, de condamnation à transformation.
  • Déplacement & Métaphore
    • Ce déplacement est une substitution “optimiste” où dans la 1er histoire “la tâche” devient “une charmante personne”, dans la seconde histoire où “la chose” devient “une création personnelle” et dans la troisième histoire "les statistiques” se transforment en “MES strings”. L’humour serait ainsi l’art du déplacement des signifiants utilisant la métaphore où les termes changent de statut :
      • Négatif > Positif ou Pésimisme > Optimisme,
      • Faute > Erreur et Jugement > Estimation.
  • Moi & Défenses
    • Le Moi de l'instigateur (analysant), n’étant point jugé, mais mit face à lui-même, il ne peut que s’auto-questionner, s’auto-évaluer pour s’auto-réguler de lui-même. Dans un premier temps, le Moi se fait tout petit, il se rend compte de son erreur par auto-évaluation, puis toutes ses stratégies de défense tombent (pour le névrosé). Dans un second temps, il revient grandit en ayant transformé (réparé) son erreur par auto-régulation et non sa faute par auto-adaptation au Surmoi normé. Ce travail aux limites du Surmoi est un saut d'apprentissage d'une relation éducative et thérapeutique.
       
    • Le processus de la connaissance ou C+ de Bion est ainsi en œuvre, la machine à penser du protagoniste se met en route. Dans notre cas de l'humour, l'analyste ou psychanalyste porte la fonction Alpha (capacité de rêverie de la mère). Celle-ci permet à l'instigateur ou l'analysant de transformer non pas un ressenti ou éléments Béta irreprésentable en Alpha du couple (représentation/affect), mais une “faute d'écart condamnable” en “erreur enrichissante métabolisante”.