C - Troisième approche maternologique

 

C1 - Approches multiréférentielles

  • Entre les deux premières approches “mécanicistes et objectales” de la psychiatrie, de la psychothérapie psychanalytique, une troisième voie se dessine avec la maternologie. Afin de faire la part entre ce qui se passe dans une réalité physiologique et l’impacte sur la construction psychique de notre identité troublée, cette troisième approche multiréférentielle a une particularité. Elle ne décrit pas les troubles de la femme par des défauts de fonctionnement d’après des normes culturelles et sociales de conduite. Elle ne cherche pas un traumatisme fœtal du "pré-partum" ou infantile du "post-partum" impactant le psychisme de la futur maman.
    • Elle propose l’hypothèse et l’interprétation où, à ce moment charnière, les femmes ont l’opportunité de se reconnecter à leur être princeps de leur première naissance fœtale sans ignorer les conséquences psychopathologiques dut à cet événement des plus éprouvant : déstructuration et restructuration identitaire (Complément lire l'article : Maternologie - Qu'est-ce ?).

C2 - Totalité Vitale & Sujet - Nous vivons trois naissances et nous avons deux êtres…

  • Nous vivons non pas une seule naissance, celle symbolisée par la date de l’accouchement, mais trois naissances successives. Le devenir, les comportements et les attitudes du petit d’homme devenant adulte seraient dépendants de la progression de ces naissances. Jean-Marie Delassus, le créateur de la maternologie, propose l'idée de continuité itérative ou de fracture traumatique entre ces trois naissances :
    • 1er - Naissance fœtale intra-utérine entre 10 ou 12 semaines suivant la référence : conception ou aménorrhée
    • 2e - Naissance physiologique datée comme point 0 légale du sujet - Date d'accouchement et d'anniversaire
    • 3e - Naissance psychique de l’individualité vers 18-30 mois - Accès à la symbolisation et au langage
  • Ces trois naissances vont symboliser deux visages d’être de l’être. Nous proposons l'usage de ces deux termes ( être-fœtale / être-citoyen ) afin de dissocier les deux faces de l'être présenté par Jean-Marie Delassus. L'être-fœtal dépend du milieu homogène intra-utérin et n'a pas encore “d'identité précise” comme sujet, quand l'autre, l'être-citoyen, est physiquement né puis déclaré reconnu. Ce dernier dépend du milieu hétérogène culturel et social. Ainsi ces deux visages de l'être pointent deux époques et deux milieux ou contextes différents ayant deux caractéristiques distinctives (Homogénéité / Hétérogénéité). Toute la question est le passage de l'un à l'autre entre continuité et fracture de milieu d'être de l'être.
    • 1er - L’être-fœtal effectif de notre naissance intra-utérine - Mémoire corporelle neuro-ontologique
    • 2e - L’être-citoyen proclamé des naissances physiologique et psychique - Mémoire neuro-cognitive

C3 - Conséquence entre fracture et continuité

  • L’épreuve de la mère sera de revivre elle-même sa propre première naissance fœtale en écho à la demande de son bébé à cette continuité. La transparence psychique de la mère due à la grossesse (réminiscence d’événements ICs de Monique Bydlowski) et la naissance physiologique (accouchement) seront les deux levier de cette épreuve. Pourra-t-elle le vivre ? La préoccupation maternelle primaire de Winnicott sera-t-elle présente ? Le transfert maternel ou la connexion du bébé à la mère sera-t-il opérant et accompagné ?
    • Certaines mères vivent cette déstructuration et restructuration identitaire avec aisance quand d’autres vont vivre un moment d’effondrement identitaire nommé le post-partum bleu ou baby bleu, la dépression postnatale du post-partum ou plus sérieux encore la psychose puerpérale (décompensation).

C4 - Conséquence pour la mère : Relation d’objet > Relation de milieu

  • Pour la mère c’est une épreuve, le noyau psychique de son Moi peut éclater. Pourra-t-elle revivre elle-même son être fœtal primitif dû d’une part à la naissance de son enfant et d’autre part aux demandes de présence de cette totalité par le bébé. La part-manquante de la mère, son être fœtal de l’inconscient princeps, est ainsi invoquée. Le bébé est en demande de la continuité du prolongement de la "relation de milieu de l’homogénéité".
    • À ce moment-là, la maman transformera ou non la relation d’objet (Moi/Toi) à l’autre pour la substituer à une relation de milieu (Nous).

Qui a raison ou qui a tort ? Entre l’approche comportementaliste et l’approche structuraliste, cette troisième approche multiréférentielle a le mérite de proposer une hypothèse, certes à vérifier par l’expérience à grande échelle, mais qui nous sort des idées toutes faites et répétés du XXe siècle et surtout déterministes de l’orthodoxie du savoir. A constater que nous sommes entrain de passer d’approches procédurales à des approches processuelles. Fritz Perls avec la Gestalt-Thérapie (1950-70) et Winnicott (1975) furent les pionniers en ce domaine. Le XXIe siècle articulera-t-elle ces approches contradictoires ?