B - Causes & Culpabilité

 

B1 - Les mères quelque chose…

  • À une époque pas si lointaine, la cause première était due à l’étayage de l’enfant. Qui étaye l’enfant ? La mère, elles ont été clouées au pilori de la culpabilité de notre société. Certes, une mère ignorante de la demande d’amour de son enfant va favoriser cela, mais elle n’est pas la seul en cause. Il y a aussi le désir de l’enfant et le désir de la culture. Ainsi furent développées des typologies de mères, les trois plus importante :
    • La Mère morte de ses affects ne peut répondre aux demandes d’amour de son enfant,
    • La Mère fusionnelle répond trop à cette même demande et ne provoque pas le manque,
    • La Mère phallique régente tout, contrôle tout et ne laisse aucun espace à l’enfant comme au 1/3 père.

B2 - Les attentes projectives parents et culture

  • Les parents, par leurs désirs, vont projeter sur l’enfant leurs propres failles, manques et désirs (narcissiques et œdipiens). Ils attendent sans le savoir eux-mêmes que l’enfant répare quelque chose et tout cela d’après des canons normatifs culturels comme valeur. Ainsi, le désir des parents se substitut au désir propre de l’enfant d'être. La problématique du petit enfant sera de se positionner dans la dialectique des désirs et des affects qui le submergent.

 

B3 - Jeu et enjeux : Dialectique des affects ou impasses existentielles

  • Tout cela se joue entre le sevrage des 8 mois et la rencontre du tiers (père ou substitut) vers 30 mois. Il y a un moment charnière à 18 mois nommé individuation par Jung et le stade du miroir par Lacan. Ce qui caractérise ce moment, c’est l’accès au langage, ce qui est nommé la symbolisation. Le petit enfant passe de sa parole comme expression personnelle de ses phantasmes à un langage partagé structuré et organisé avec son environnement proche. Il quitte son monde imaginaire personnel pour celui de l’imaginaire collectif. En cela, par une pensée réflexive, sa conscience prend conscience d’elle-même comme sujet singulier et distinctif (miroir et reflet). Il s’ouvre à son propre théâtre, à son propre monde intérieur et ainsi il pourra partager ses angoisses avec ses proches (espoir !…).
      
  • Mais avant d’arriver à cela, avant les 18 mois, les sensations et les ressenties du petit enfant n’ont pas encore de représentations partagées pour le petit d’homme : ce sont des affects. Cette dialectique des affects du pré-symbolique, nous pouvons le formuler ainsi :
    • “Si je m’éloigne de ma mère, elle meurt / Si elle s’éloigne de Moi, je meurs” comme elle est Moi, ce qui meurt, c’est Moi (du Mythe de Narcisse) d’où le pas de solution de la sidération si cela n’est pas accompagné.
       
  • Cette dialectique des affects provoque un conflit. Ce conflit met en route des mécanismes de défense archaïques : déni, clivage, projection, isolation. Ce n’est pas un conflit de type œdipien que vit le petit d’homme. Il vit un conflit de type narcissique de la “double contrainte” ou “double-bind” d’une situation paradoxale de la pulsion (Bateson et TSB). C’est la pulsion qui ne peut s’orienter et choisir entre un des termes. Effectivement, le petit enfant est dans une impasse de choix et ainsi de pouvoir auto-réguler ses affects. Comme le dit Michel Foucault, pour le petit d’homme, l’expérience de la contradiction devient une expérience contradictoire.
     
  • Ainsi, nous pouvons dire que le jeu est effectivement une impasse de la pulsion à s’orienter par impossibilité à faire un choix. L’enjeu est pour la pulsion l’amour de la mère ou du substitut qui le re-con-nait.

 

B4 - Causes multifactorielles

  • Ni tout du côté des mères, ni tout du côté de l’enfant, ni tout du côté de l’environnement, les personnalités état-limite et/ou borderline du "complexe de narcisse" des 18 mois de la petite enfance sont la conséquence d’un ensemble de causes multifactorielles intriquées : la capacité de l’enfant à “dit-gérer” ses affects du pré-symbolique dénués de représentations (Dialectique des affects). Ce qui nous ramène aux comportements et attitudes des proches étayeurs de l’enfant qui lui apprennent à “gérer” ces angoisses. Et pour finir l’innocuité ou la toxicité de l’environnement dans lequel parents et enfants vont baigner. En plus simple, l’enfant ne pouvant gérer ses affects ne peut les dit-gérer et ainsi il est en surpression pulsionnelle (TDAH).
     
  • Le culte de l’excellence, de l’enfant comme nous l’avons rêvé, de la mère parfaite et idéale (l’instinct maternel préprogrammé n’existe pas) sont tous un fantasme du sans-faute normé par une culture. Depuis que l’humanité existe, aucun mythe ne raconte cela. C’est bien une chimère hallucinatoire de notre monde actuel : la perfection. Le souci, c’est que cette hallucination collective ne laisse aucune place au reste et encore moins au petit d’homme en élaboration de lui-même.