4 - Addiction & Cause

 

Un traitement physiologique unique ?

  • Comme l’indique le Dc Carl Erik Fisher, professeur neurosciences et bioéthique à la clinique psychiatrique de l’université Columbia à New York :

De plus en plus de personnes ne peuvent plus se passer de sexe, des jeux d’argent, des réseaux sociaux… Des addictions qui ressemblent fort aux dépendances aux drogues. Comment les aider ? (…) Il est préférable de favoriser une approche flexible et global des traitements. Les individus accros à Internet ou au sexe, mais dont les difficultés sont décuplées par une anxiété sociale ou une dépression, réclament beaucoup d’attention. Les patients ne peuvent pas être réduits à un circuit cérébral de la récompense piraté, et il n’existe à ce jour aucun diagnostic traitement unique et fiable de l’addiction.

  • De même sur la page précédente, Didier Acier, psychologue et clinicien chercheur, montre la nécessité d’une approche holistique du sujet addict d’après trois champ de compétences : physiologique - psychologique - sociologique.

 

Un travail psychique ?

  • Odile Lesourne, docteur en Psychanalyse, propose l’hypothèse du clivage de la pensée et de fêlure du Moi du sujet dans la prime enfance (époque du mythe de Narcisse de 8-30 mois). Elle évoque le contexte de ce phénomène :

Le contexte économique et social engendre chez beaucoup de jeunes une sorte de désenchantement, un vide intérieur qui les pousse à rechercher des divertissements et un apaisement. Le développement des plaisirs offerts et l’incertitude quant à la société et son avenir, engendrent malaise psychique de plus en plus profond tandis que le bien-être physique s’accroît. La tentation de prendre des produits qui apaisent l’inquiétude, stimule l’essence, rapproche artificiellement les êtres les uns des autres ou les isolent dans un monde à eux, c’est considérablement accru.” (Lesourne O. 2007 pp. 14-15)

  • Les addicts seraient enfermés dans une habitude à laquelle ils ne comprendrait pas grand-chose. Dont ils se sentirait esclave. Qui ne leur apporterait généralement aucun plaisir. Mais une attitude à laquelle ils tiennent comme à un membre de leur corps : s’en séparer serait se mutiler, car elle contient une partie de leur être.

N’oublions pas que, dans l’inconscient de l’addict, autrui est souvent dangereux, intéressé, égoïste et menteur, et qu’il ne faut à aucun prix s’y fier. Partir d’une sympathie toute simple, humaine, ne surtout pas juger, attendre qu’une confiance se crée, apprivoiser l’addict comme un animal sauvage, ne pas lui imposer de règles, faire alliance avec la partie malade, c’est-à-dire séparée du monde, des autres, aider à retrouver des plaisirs partageables, reçus et donnés, et ne pas oublier que nous aurions tous pu devenir des addicts, et que nous pourrions même le devenir sur le tard, comme il arrive à certaines personnes au déclin de leur vie, lorsque elles doivent renoncer à certains espoirs qui leur paraissent essentiels pour leur survie. Freud a bien dit que chez tous les sujets, y compris les normaux névrosés, il y avait sans doute une petite partie cachée et clivée. Cette partie pourrait être la conséquence de certaines des épreuves que tout humain doit vivre dans son enfance, en rapport avec le fait que, dans l’inconscient maternel, existait un refus de tel ou tel aspect de son enfant, épreuve supportée mais non acceptée et qui a laissé ses traces. (Lesourne O. 2007 pp. 251-252)​