Dans l’hypothèse où nous imaginons que ces deux ordres sont ceux-là mêmes qui composent tous sujets, pour la psyché nous aurions donc un ordre déplié ou explicite, celui du conscient composé de représentations, et un ordre implié ou implicite, celui de l’inconscient sous jacent composé de fréquences informationnelles reliant et assurant la conversion le potentiel d’action du conscient. Si ce dernier potentiel tourne en boucle dans des cycles répétitifs ou ne connecte plus, il surgirait alors des difficultés allant jusqu’à la crise.
B1 - Rendre explicite l’implicite : de l’inconscient au conscient
- John Welwood, montre comment nos souvenirs et nos ressentis sur une personne (ici le père) sont souvent diffus et nombreux. Tous ces souvenirs représentatifs et ces ressentis corporels sont bien là, mais bien au delà de la conscience habituelle, comme dans l’univers implié ou implicite de David Bohm. Puis, par une focalisation de l’attention sur par exemple un trait de caractère une image se dessine, il y a émergence d’une forme sur le fond, une Gestalt. Celle-ci n’est pas une représentation fidèle de l’original mais une présentation ou création nouvelle s’appuyant sur les informations incorporées. Ce dernier point est primordial, le processus d’élaboration par résonance l’emporte sur la véracité du souvenir, de l’opinion ou des jugements :
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“Pour rendre l’implicite explicite, pour faire la mise au point sur le flou holographique, si vous demandez à votre sentiment ressenti : “Quelle est la principale qualité de ma relation à mon père ?”, vous avez créé un cadre ou une lentille permettant de faire davantage le point sur le sentiment. […] le faîte d’appliquer un cadre à l’implicite est un peu analogue au fait de “déflouer” une photographie floue en soulignant les principaux contours ou les fréquences spatiales. […] Expliciter l’implicite, c’est comme une retransformation ou un “déflouage” du transformé en une forme reconnaissable. […] Nos descriptions de l’expérience ne déchiffrent pas ce qui est là (concept d’émergence), mais en sont plutôt de nouvelles transformations (concept de création).” (Welwood dans Wilber 1984 pp. 202-203) (les () sont de nous).
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- Les psychothérapies sont un moyen de transformer l’implicite en explicite. Les énoncés qui ont cet effet transformateur sont ceux qui font résonner l’implicite et lui permettent de se déployer, soit graduellement, soit dans une soudaine ouverture.
B2 - Processus : intuition & insight
- Ce dépliement de l’implicite à l’explicite ou de l’inconscient au conscient sans imposer une forme préétablie est un cheminement créateur et non une intellectualisation qui cette dernière ne peut que tourner en rond dans ses représentations figées. L’intuition et l’insight sont deux modes du langage de l’implicite. Une fois que l’implicite s’ouvre, que l’inconscient parle, les choses ne sont plus jamais les mêmes :
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“Le dépliement lui-même clarifie et change les patterns figés, les associations et les significations cachées comme patterns d’interférence, qui ont été repliés dans l’implicite, et qui ont exercé un effet compulsif sur le comportement. […] La dialectique entre l’explicitation transformatrice et la signification ressentie change ou pousse vers l’avant l’expérience, et produit non seulement un progrès thérapeutique ou un changement dans la personnalité, mais aussi des découvertes créatrices de toutes sortes.” (Welwood dans Wilber 1984 pp. 205-206).
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B3 - Ordre Implié ou explicite & Inconscient
- La psychologie et la psychanalyse donnent cette impression que l’inconscient est un conteneur (refoulement en complexe) qui contiendrait une structure explicite mais pas forcément accessible. Dans notre article sur les inconscients, nous avons montré qu'il est un concept contradictoire entre la philosophie et la psychanalyse. Il peut être envisagé suivant trois modalités différentes dont deux s’opposent suivant les approches. Même Freud était très clair et exprimait la nuance entre ces trois inconscients dans son écrit “Le Moi et le Ça” (Freud, 1923). L'inconscient dont parle la psychanalyse n'est pas l'inconscient des philosophes ou popularisé. Dans ce texte nous parlons de l’inconscient princeps, celui des philosophes, et non de l’inconscient freudien. Cet auteur fait de même :
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“Je peux suggérer ici que ce qui est inconscient est l’ordre implicite de l’expérience, plutôt qu’un ensemble de contenus autonomes ou explicites. Ce qui est inconscient, ce sont des structurations holistes, qui peuvent être explicitées de bien des façons différentes et à bien des niveaux différents de l’interrelation organisme/environnement.” (Welwood dans Wilber 1984 p. 208).
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