N’est pas narcissique Narcisse qui se cherche dans le miroir du père, mais celui qui n’a besoin d’aucun miroir. Il signe et affirme par ce geste son omnipotence.
B1 - L'intrigue mythique
- L’eau est dans le mythe le symbole du Père : Céphise. La nymphe Liriope traversant son lit, il la force et engendre ainsi un fils Narcisse. Il la rendit mère d’un enfant si beau, que les Nymphes l’aimaient déjà dès sa plus tendre enfance. Le rêve de tous d’avoir un bébé parfait deviendra un cauchemar. Interrogé si Narcisse atteindra une longue vieillesse, le devin Tirésias répond : “Il l’atteindra, s’il ne se connaît pas”.
B2 - La conservation fusionnelle
- Ainsi, Liriope supprime tous les objets et évènements pouvant provoquer la réalisation de l’oracle. La tragédie mène Narcisse sur les chemins de la connaissance via un symbole qui n’est autre que son père inconnu de lui-même : l’eau. En apercevant son reflet dans cette eau limpide Narcisse semble être la victime d’une illusion, celle de substituer cette représentation à sa réalité actuelle. Il n’en est rien. L’amour de soi va se substituer symboliquement à l’amour de l’autre sa mère.
B3 - L’épreuve initiatique
- À l’origine du mythe, Ovide permet à son héros de se reconnaître dans le reflet. Comme un enfant, Narcisse se rend bien compte que le reflet qu’il voit est le sien. En dépassant la réflexion stérile, il arrive à la conscience de lui-même. La connaissance se déploie et la tragédie continue. Constatant ce fait, Narcisse prend une décision, mourir à ce lien fusionnel avec sa mère pour laisser vivre l’autre Narcisse, celui du reflet. De cet acte (symbolique) naîtra une fleur.
B4 - Narcisse n’est pas narcissique
- Bien au-delà des stéréotypes d’auto contemplation et d'amour de sa propre image (pas anodin de ne retenir que cela), ce qui semble se jouer dans ce mythe est la rencontre de Narcisse avec son unité intérieure du Moi. De la conservation de l’amour fusionnelle de sa mère, il passe à l’amour de soi révélateur de son unité et individualité comme sujet. Ce passage initiatique où Narcisse meurt au couple (mère+enfant) pour naître à son unité identitaire, n'est possible que dans ce miroir de l’eau (Autre) symbole du Père Céphise ou du tiers séparateur de la dualité fusionnelle (Mère/Enfant).
Contrairement à l’idée préétablie, serait narcissique celui qui n’a pas besoin du miroir et du reflet de l’Autre, du père ou du tiers par autosuffisance. Narcisse, lui ne l’est pas, puisqu’il a réussi ce passage initiatique.
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