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Match : Coach accompagnateur ou consultant expert ?
- Le coaching est l'art d'accompagner les sujets pour qu'il développe leurs singularités et leurs potentialités. Le contraire serait d'être comme ceci ou cela par une conformité imposée comme vrai ou juste. Le coaching que je pratique se dissocie des autres interventions par le fait qu’il n'y a pas d’objectif ou de quête d’un idéal fonctionnel, modélisé par des experts du « mieux-être » de certains "marchands de bonheur" (François Cheng) ou de l'happycratie imposée comme seul horizon valable (Eva Illouz). Le coaching d'accompagnement travaille sur la capacité des personnes à habiter leur propre existence et à assumer leurs contradictions dans un seul but : « bien-être… ensemble avec nos singularités ».
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En savoir + : L'article ci-après est un entretien avec un responsable des ressources Humaines
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Idées clés de cet entretient du métier de coach et du coaching professionnel
- Assumer les conflits qui sont inhérents à l’existence et à notre identité
- Accompagner les conflits pour ne pas arriver au stade de la crise
- Assumer le conflit entre [ Contraintes / Libre vouloir ]
- Savoir se situer entre [ Servitude-Pâtir / Créer-Agir ]
- Ne plus mélanger et utiliser [ Contrôler / Évaluer ]
- Travailler l'investissement d’un tiers-régulateur symbolique
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Pouvez-vous développer cette différence entre ce mieux-être imposé et ce bien-être ensemble du coaching que vous proposé ?
- Le mieux-être recherché par d’autres pratiques présuppose la notion d’harmonie, de régler ce qui fait problème, de retour à un présupposé de la normalité sociale. Où est cette référence qui fait force de vérité et qui la définit ? Le bien-être du coaching de l'accompagnement est un pari sur la capacité des personnes à vivre leurs problèmes, interrogations et questionnements. Cela ne va pas de soi puisque qu'ils s'expriment par des contradictions, des souffrances et des conflits moteurs et constructeurs d’eux-mêmes.
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Vous parlez de contradictions et de conflits, n’est-ce pas ce qui dérange justement et qui pose problème ?
- Justement c’est là que l’écart se creuse encore plus entre les pratiques du coaching d'accompagnement et celui des consultants experts de l'happycratie. Le coaching d'’accompagnement travaille avec chacun tel qu’il est dans son histoire. L’accompagnement ne promet ni l’harmonie, ni un idéal d'être, ni l’abolition des conflits inhérents à l’existence : il les met en travail. Une des fonctions de l’accompagnateur est de faire médiation dans cet espace de réflexion où se construit le sens grâce et par le conflit. C'est bien parce que le réel nous fait obstacle que l'homme fait surgir le sens par la formation de représentations et par la création imaginaire. Notre individualité est la résultante de ce réel qui nous résiste : le conflit est fondateur de notre Moi.
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Si je vous suis les conflits sont une occasion d’évoluer, et si je ne veux pas évoluer mais les résoudre ?
- Si le conflit n’est pas accompagné, il évolue vers une situation de crise, la personne se referme sur elle-même (stratégie de défense) ou attaque les autres pour les éliminer (agressivité). C'est un rapport de type gagnant/perdant qui bloque toute forme de mouvement. C'est mortifère.
- Si les conflits sont accompagnés, c’est une dynamique qui se met en place. Celle-ci évite le repli ou l'agressivité. Cette dynamique travaille les carences du sens. Elle va permettre d’explorer de nouvelles pistes et d’être innovant par le dialogue, la parole élaborative témoin des imaginaires individuel et collectif en marche. Elle permet de s’ouvrir aux autres, à ce qui est différent et ainsi d'enrichir une autre façon de voir et de rendre habitable ses conflits. Ils deviennent une source de nouveau ou une re-source de re-nouveau.
- Cette forme de dialogue et d’échange des divergences qui n’impose ni certitudes, ni jugements de valeur, est la clé de voûte de toute dynamique organisationnelle et individuelle tant attendue et souhaitée. Mettons là en place. En accompagnement, le conflit devient une opportunité de création, une ressource et non un problème à aplanir, à résoudre.
- Si le conflit n’est pas accompagné, il évolue vers une situation de crise, la personne se referme sur elle-même (stratégie de défense) ou attaque les autres pour les éliminer (agressivité). C'est un rapport de type gagnant/perdant qui bloque toute forme de mouvement. C'est mortifère.
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Vous préconisez une forme de gestion des conflits ?
- Non, pas de gestion des conflits, mais d’accompagnement des conflits par une recherche de sens et d’autonomie, ce qui permet d'éviter le stade de la crise. La gestion des conflits, telle qu’elle est connue, est un compromis de satisfactions individuelles. C’est plus une approche comptable ou de l'échange marchand. Tout le monde doit y trouver son compte. C’est de la pure négociation. L’accompagnement des conflits permet une mise en travail pour ouvrir d’autres espaces de partage et d’enrichissements mutuels. Cette mise en travail des conflits permet d’apprendre, de voir autrement, de créer autre chose… par la communication, le dialogue, la rencontre et l’écoute de ce qui est différent de soi.
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L’accompagnement que vous proposez va s’axer sur la communication, le dialogue, la parole et la rencontre ?
- La communication est ici le vecteur. Vecteur d’échange, vecteur de conflit, vecteur de tension et ainsi vecteur d’enrichissement mutuel. La communication est fondamentalement conflictuelle : « Pensez-vous tous pareils ? Avez-vous les mêmes opinions ? Etc. ». Nous sommes bien loin des notions de quête d’un « mieux-être » ou d’harmonie du début de notre conversation. Seul, le « bien-être ensemble » est travaillé en accompagnement. La parole et le sens en sont les vecteurs privilégiés.
- En accompagnement, il n'y a pas de modèles parfaits ou de systèmes idéalisés dans des grilles immuables et vraies. C’est habiter ses doutes, ses errances, ses erreurs, ses conflits par le dialogue avec ce qui est autre que soi et non les lisser ou les supprimer au nom d’un modèle sans fautes.
- La communication est ici le vecteur. Vecteur d’échange, vecteur de conflit, vecteur de tension et ainsi vecteur d’enrichissement mutuel. La communication est fondamentalement conflictuelle : « Pensez-vous tous pareils ? Avez-vous les mêmes opinions ? Etc. ». Nous sommes bien loin des notions de quête d’un « mieux-être » ou d’harmonie du début de notre conversation. Seul, le « bien-être ensemble » est travaillé en accompagnement. La parole et le sens en sont les vecteurs privilégiés.
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Aucune certitude dans la démarche d'accompagnement contrairement aux autres plus méthodologiques ou psychologiques ?
- La seule certitude dans le monde des relations humaines, c’est que rien ne peut être reproduit d’après des modèles idéalisés. « Faites-vous comme vos parents ? Vos enfants, feront-ils comme vous ? Etc. » L’accompagnement est un pari. Pari sur la capacité de chacun à construire du sens, son sens en relation aux autres (apprentissage), à se construire vers un « bien-être ensemble ». Cela ne peut se faire seul, sans accompagnateur. D’où les notions de communication, de dialogue, d’échange, de rencontre, d’écoute dans un espace d’accompagnement et de médiation qui le permet, l’autorise.
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Vous parlez d’autorisation ?
- Oui, s'autoriser d’habiter ses doutes, ses contradictions, ses questionnements, ses conflits et ses tensions inhérents à l’existence, pour faire au plus juste, au mieux… et non culpabiliser parce que nous ne sommes pas parfaits d’après un modèle prescrit par je-ne-sais-quoi ou qui… les médias, l’institution, une idéologie, un dieu, voir même la pression de nos proches.
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Effectivement, il y a une différence, pouvez-vous la formuler autrement ?
- L’accompagnement se différencie dans un écart aux autres propositions des experts et des guides. Cet écart est un très grand écart, celui d'accompagner les conflits inévitables, nécessaires et essentiels entre deux pôles contraires [ Singularité / Conformité ]. Entre, d’un côté le pôle de s’assumer, de faire avec tout ce qui est là, de se relier à ce qui est autre pour enrichir et construire ses propres actions; et de l'autre côté le pôle de la conformité et de l'adhésion aux modèles, normes qui prescrivent un idéal d'action : « Dans votre métier, votre vie, faites-vous tout ce qui est prescrit ? Suivez-vous la recette ou l'adaptez-vous aux situations vécues ? »
- L’accompagnement ne rejette pas le prescrit, bien au contraire, il lui offre sa légitimité et ainsi son autorité. L’accompagnement autorise et permet leurs interprétations, leurs adaptations par chacun, dans sa singularité : c’est la réécriture de ce qui est essentiel pour soi en relation à l’autre. C'est le conflit récurrent et constructeur des contraires de la dyade [ Contraintes / Libre vouloir ] rendu possible par la présence d’un tiers-régulateur. En accompagnement, nous changeons l'éclairage. Nous passons du rapport de culpabilité à une relation de responsabilité des personnes.
- L’accompagnement se différencie dans un écart aux autres propositions des experts et des guides. Cet écart est un très grand écart, celui d'accompagner les conflits inévitables, nécessaires et essentiels entre deux pôles contraires [ Singularité / Conformité ]. Entre, d’un côté le pôle de s’assumer, de faire avec tout ce qui est là, de se relier à ce qui est autre pour enrichir et construire ses propres actions; et de l'autre côté le pôle de la conformité et de l'adhésion aux modèles, normes qui prescrivent un idéal d'action : « Dans votre métier, votre vie, faites-vous tout ce qui est prescrit ? Suivez-vous la recette ou l'adaptez-vous aux situations vécues ? »
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Développez cette idée de culpabilité et responsabilité
- Le rapport de culpabilité émerge lorsque la représentation véhiculée par le bon personnage idéalisé et universel n'est pas au rendez-vous. Cette culpabilité est impulsée par un besoin d'homogénéisation rassurante, d'harmonisation, de certitudes, d'être comme le référent, d'être reconnu… qui aplanissement ou provoquent le déni des conflits.
- La relation de responsabilité se construit par des personnes engagées et singulières dans une réflexion et un environnement hétérogène mais enrichissant. Dans cette relation à l'hétérogène, l'inconnu, l'incertitude inquiète et génère des angoisses existentialistes et des peurs. Celles-ci provoquent des conflits qui, s'il y a un accompagnement adéquat, deviennent moteurs de nouveau et d'innovation et non d’un imaginaire en crise de symbolique inaccessible.
- Ici se joue l’écart entre d’une part la servitude volontaire par besoin de conformité et de reconnaissance, c'est le pâtir du : « Être la bonne petite fille… »; et d’autre part, l'autonomie et l'émancipation par désir de se créer, de se connaître, c'est l'agir : « La petite fille qui est…».
- Le rapport de culpabilité émerge lorsque la représentation véhiculée par le bon personnage idéalisé et universel n'est pas au rendez-vous. Cette culpabilité est impulsée par un besoin d'homogénéisation rassurante, d'harmonisation, de certitudes, d'être comme le référent, d'être reconnu… qui aplanissement ou provoquent le déni des conflits.
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Vous proposez de passer d'une situation de soumission à celle de création ?
- Oui, pour cela il nous faut travailler sur nos choix, ce qui fait valeur, et ainsi s’évaluer pour choisir entre aplanir les conflits ou les mettre en travail, entre pensée unique et pensées plurielles, entre rapport à la norme et relation au libre vouloir. En fonction de cette évaluation, les actions prendront deux directions. Soit celle d’une orientation de répétition d’un idéal conforme. Soit la direction d’une orientation du mariage des différences et ainsi de cultiver les dynamiques d’innovation et de création. Reproduire ou produire sont les deux mots clés qui expriment cette idée.
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Vous parlez d’évaluation, mais l’évaluation stigmatise ?
- Pour sortir de cette stigmatisation, il nous faut comprendre que l’évaluation, ainsi ce qui fait valeur, n’est pas du contrôle, ce qui fait référence. Quand le contrôle permet la stabilisation et la maîtrise, l’évaluation permet la dynamique, le mouvement. Et comme l’évaluation est, soit souvent confondue avec le contrôle, ou soit utilisée à sa place sous son nom, la confusion est forte.
- Lorsque je double une voiture, j’évalue si cela est possible et ensuite je contrôle l’action. Quand vous roulez trop vite, vous évaluez les risques de vous faire contrôler. Quand vous m’écoutez, vous évaluez le dialogue et son contenu pour contrôler votre pensée et construire votre prochaine question. L’évaluation est ce qui nous permet d’être dans une relation, alors que le contrôle est ce qui nous permet de contenir une relation. Pour cela l’évaluation doit être régulée.
- Pour sortir de cette stigmatisation, il nous faut comprendre que l’évaluation, ainsi ce qui fait valeur, n’est pas du contrôle, ce qui fait référence. Quand le contrôle permet la stabilisation et la maîtrise, l’évaluation permet la dynamique, le mouvement. Et comme l’évaluation est, soit souvent confondue avec le contrôle, ou soit utilisée à sa place sous son nom, la confusion est forte.
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Où voyez-vous ce régulateur qui conditionne notre contrôle. Qu'est-ce ou qui est-ce ?
- Le régulateur est le tiers entre évaluation et contrôle. Ce tiers-régulateur est d’une part symbolique et d’autre part inclus ou pas. Dans la crise, il y a carence du symbolique soit par déni, soit par symbolisation faussée, soit par absence de sa présence. Le tiers-régulateur est symbolique sous forme de loi universelle, des valeurs d’une culture. Il peut être représenté par une présence, comme celle du gendarme, ou encore être des objets investis de cette fonction, ce sont les doudous comme l’objet transitionnel de Winnicott ou l’objet de relation de Gimenez et en accompagnement, l’objet tiers médiateur. Le tiers-régulateur est inclus ou non-inclus par apprentissage et intériorisation psychique du tiers symbolique. Nous ne nous rappelons pas de celui-ci, mais notre culture nous l’a appris : « Maman est mon premier amour, mais ne sera jamais à moi ». Ce sont les interdits, les inter-qui-disent comme « la figure du Père » représente le tiers-régulateur symbolique.
- En accompagnement, notre fonction est de permettre aux conflits inhérents à toutes existences et consciences d’investir un tiers-régulateur qui évite la crise sous forme de repli sur soi (inhibitions) ou de passage à l’acte par la violence (agressivité). Notre rôle est de faire médiation pour éviter ces extrêmes destructeurs et ainsi accompagner vers une dynamique constructive, innovante et créatrice.
- Le régulateur est le tiers entre évaluation et contrôle. Ce tiers-régulateur est d’une part symbolique et d’autre part inclus ou pas. Dans la crise, il y a carence du symbolique soit par déni, soit par symbolisation faussée, soit par absence de sa présence. Le tiers-régulateur est symbolique sous forme de loi universelle, des valeurs d’une culture. Il peut être représenté par une présence, comme celle du gendarme, ou encore être des objets investis de cette fonction, ce sont les doudous comme l’objet transitionnel de Winnicott ou l’objet de relation de Gimenez et en accompagnement, l’objet tiers médiateur. Le tiers-régulateur est inclus ou non-inclus par apprentissage et intériorisation psychique du tiers symbolique. Nous ne nous rappelons pas de celui-ci, mais notre culture nous l’a appris : « Maman est mon premier amour, mais ne sera jamais à moi ». Ce sont les interdits, les inter-qui-disent comme « la figure du Père » représente le tiers-régulateur symbolique.
Fabrice Prévost, Coach-Thérapeute & Psycho Pédagogue, spécialiste des dynamiques d'accompagnement
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