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Cinq méditations sur la beauté

La beauté formelle existe, bien entendu, mais elle est loin d’englober toute la réalité de la beauté. Celle-ci relève proprement de l’Être, mû par l’impérieux désir de beauté. La vraie beauté ne réside pas seulement dans ce qui est déjà donné comme beauté ; elle est presque avant tout dans le désir et dans l’élan. Elle est un advenir, et la dimension de l’esprit ou de l’âme lui est vitale. De ce fait, elle est régie par le principe de la vie. Alors, au-dessus de tous les critères possibles, un seul se porte garant de son authenticité : la vraie beauté est celle qui va dans le sens de la Voie (Tao), étant entendu que la Voie n’est autre que l’irrésistible marche de la Vie Ouverte (de Rainer Maria Rilke), autrement dit un principe de vie qui maintient ouvertes toutes ses promesses. Ce critère fondé sur le principe de vie exclut toute utilisation de la beauté comme outil de tromperie ou de domination. Une telle utilisation est laideur même ; elle constitue toujours un chemin de destruction. Oui, il faut toujours éviter de confondre l’essence d’une chose et l’usage que l’on pourrait en faire.

(François Cheng (2006) Cinq méditations sur la beauté. Albin Michel. pp. 36-37).

Cinq méditation sur la mort, autrement dit la vie

L’univers n'était pas obligé d'être beau. On pourrait imaginer un univers uniquement fonctionnel, un système neutre qui se serait développé sans qu'aucune beauté soit venue l’effleurer. Un tel univers se contenterait de tourner à vide, de mettre en branle un ensemble d'éléments neutres, indifférenciés, ce mouvant indéfiniment. On aurait à faire là un monde de robots, à une sorte d'énorme machine ou un monde concentrationnaire, mais en tout état de cause, on ne serait plus dans l'ordre de la vie. Pour qu'il y ait vie, il faut qu'il y ait une différenciation des éléments cellulaires, complexification, et conséquemment formation de chaque être en sa singularité. La loi de la vie implique que chaque être constitue une unité organique et possède en même temps la capacité de croitre et de transmettre. C’est ainsi que la gigantesque aventure de la vie a abouti à chaque brins d'herbe, à chaque insecte, à chacun d'entre nous. Tout être, de par son unicité, tend vers la plénitude de sa présence au monde, à l'instar d'une fleur ou d'un arbre. Tels sont le commencement et la définition même de la beauté. (Cheng, F. 2013 pp. 78-79)

L'appréhension de la beauté: le rôle du conflit esthétique dans le développement psychique, la violence, l'art

Pour Donald Meltzer, dans son livre “L’appréhension de la beauté”, il situe la pulsion épistémophilique à l’état intra-utérin. Le fétus vie une expérience proto-esthétique de la beauté. Pour lui, le processus de la naissance et de la première rencontre avec le monde extérieur n’est pas une expérience traumatique (Rank), mais bien plus une expérience émotionnelle. Une fois dehors, dans sa relation à sa mère comme objet esthétique, le petit enfant se questionnerait : “Est-ce que c’est aussi beau à l’intérieur ? Est-ce que j’étais beau à ma naissance. Etc”. Ces questionnements, selon Meltzer, constitueraient le moteur de la pulsion épistémophilique. Il pousse l’enfant à explorer le monde interne de l’objet-mère épistémique énigmatique. C’est cette énigme qui va catalyser la tension de la pulsion vers un but épistémophilique du désir de savoir autres que sexuelle ou d’agressivité : “Voilà le conflit esthétique qui peut être énoncé plus précisément en termes d’impact esthétique de la mer belle, accessible aux organes d’essence face à son intérieur énigmatique qui doit être interprétée élaboré par l’imagination créative.” (Meltzer p43). Le mystère de sa naissance (scène primitive), le désir de ses parents, l’amour les reliant, sont tous des lieux de questionnement et de création du sens, contrairement aux secrets (de familles) qui eux engendrent des névroses et troubles divers. (Meltzer, D., and all 2000 p/ 30 & 43)

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