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Tragédie

Cinq éloges de l’épreuve

Le sens du tragique me garde, me protège, me permet de tenir debout, d’être bien d’aplomb, de trouver mon point d’équilibre, de rejouer la scène où s’expriment souffrances, ravissements et vertiges… et de jouer sur les deux tableaux de la philosophie et du spirituel, du concept et de la poésie. Pouvoir de nouveau tenir debout et marcher, c’est retrouver la confiance d’avancer seul et la capacité d’aimer, d’apprécier librement ce qui est beau et bon autour de soi… (Sarthou-Lajus Nathalie 2014 pp.57-58)

Le manque fonde une nouvelle façon d’être ensemble. (…) Or l’expérience du manque partagé nous rappelle que ce qui vraiment relie et fonde la communauté, ce n’est pas ce que nous possédons tous ensemble (valeurs partagées) mais plutôt ce qui nous fait défaut à tous ensemble. Tandis que la communauté fondée sur ses acquis communs se replie sur elle-même, la communauté fondée sur un manque commun se met en route vers un avenir meilleur. C’est l’avenir à construire plutôt que l’histoire passée qui soude les liens d’une communauté humaine. Ce sont les batailles à livrer plutôt que les trophées gagnés qui fondent l’identité collective. C’est le manque plutôt que l’autosuffisance à partir duquel se construit le vivre ensemble. (Lasida Elena 2014 p. 150)

Mythe et tragédie en Grèce ancienne

Le genre tragique a fait son apparition à la fin du sixième siècle avant J.-C. en Grèce antique à Athènes, lorsque le langage du mythe cesse d'être en prise sur le réel politique de la cité. (…) L'univers tragique se situe entre deux mondes, et c'est cette double référence au mythe, conçue désormais comme appartenant un temps révolu est encore présent dans les consciences. (…) La solution du drame leur échappe : elle n'est jamais donnée par le héros solitaire, elle traduit toujours le triomphe des valeurs collectives imposées par la nouvelle cité démocratique. (Vernant, J.-P. and P. Vidal-Naquet 1986, p. 7)

Le sens véritable se situe au-delà de lui et lui échappe, de telle sorte que c’est moins l’agent qui explique l’acte mais plutôt l’acte qui, révélant après coup sa signification authentique, revient sur l’agent (…) que les actes prennent leur vraie signification et que les agents découvrent à travers ce qu’ils ont réellement accompli sans le savoir, leur vrai visage. (Vernant, J.-P. and P. Vidal-Naquet 1986, p. 38)

L’homme n’est pas un être qu’on puisse décrire ou définir; il est un problème, une énigme dont on n’a jamais fini de déchiffrer les doubles sens. La signification de l’œuvre ne révèle ni de la psychologie ni de la morale; elle est d’ordre spécifiquement tragique. (Vernant, J.-P. and P. Vidal-Naquet 1986, p. 110)

La mythologie grecque

Le mythe s'oppose au logos, comme la fantaisie à la raison, la parole qui raconte à celle qui démontre. Logos et mythos sont les deux moitiés du langage deux fonctions également fondamentales de la vie de l'esprit. Le logos, étant un raisonnement, entend convaincre ; il entraîne, chez l'auditeur, la nécessité de porter un jugement. Le logos est vrai, s'il est juste et conforme à la « logique » ; il est faux, s'il dissimule quelque rouerie secrète (un « sophisme »). Mais le « mythe » n'a d'autre fin que lui-même. On le croit ou non, selon son bon plaisir, par un acte de foi, si on le juge « beau » ou vraisemblable, ou simplement si l'on désire y croire. Le mythe se trouve ainsi attirer autour de lui toute la part de l'irrationnel dans la pensée humaine : il est, par sa nature même, apparenté à l'art, dans toutes ses créations. Et c'est là peut-être le caractère le plus saisissant du mythe grec : nous constatons qu'il s'est intégré à toutes les activités de l'esprit. Il n'est aucun domaine de l'hellénisme, aussi bien la plastique que la littérature, qui n'ait constamment recours à lui. Pour un Grec, le mythe ne connaît point de frontière. Il s'insinue partout. Il est aussi essentiel à sa pensée que l'air ou le soleil à sa vie même. (Grimal, P. 1953 p. 5 n3)

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